Alors que la grippe aviaire puis une importante sécheresse touchent le pays et notamment le département du Rhône, un jeune agriculteur confie sa crainte pour les prochaines années.
En décembre dernier le premier foyer de grippe aviaire avait été détecté dans un élevage de volaille à Saligny dans le Rhône. Plus récemment, un nouveau cas a été diagnostiqué sur une mouette à Villefranche-sur-Saône. Quentin Augay, éleveur de volailles et de vache allaitantes à Saint-Nizier-d’Azergues, dans le département du Rhône, sait qu’il est passé entre les mailles du filet. "On a été assez épargné, lorsque l’on voit comme le Sud-Ouest est touché ou même l’Ain et en Isère où ils abattent des lots entiers, on se dit qu’on a de la chance".
Installé en GAEC (Groupement agricole d'exploitation en commun, NdlR) avec ses parents depuis 2019, Quentin Augay s’est tout d’abord intéressé à la mécanique avant de se rediriger très rapidement vers "sa vocation". "Je suis dedans depuis tout petit donc cela paraissait logique". Aujourd’hui, l’élevage est composé de 80 vaches allaitantes et de centaines de volailles, principalement des poules. Pour un bien-être animal plus respecté et une meilleure qualité de viande, la volaille peut se balader librement dans le pâturage "On les élève en plein air c’est ce qui fait que les clients viennent chez nous".
Un confinement de deux mois pour protéger les bêtes
Lors de l’arrivée en masse des premiers cas de grippe aviaire de la région, Quentin et ses parents ont dû prendre certaines précautions. "Durant deux mois, l’année dernière, on les a totalement confinées pour les protéger", souligne l’éleveur. De leur côté, le nettoyage est toujours aussi bien respecté, "à chaque fin de lots ont désinfecte tout. À chaque fois que l’on va en contact avec la volaille on se nettoie les bottes et la tenue".
Aujourd’hui, "on peut les relâcher, comme avant", exprime le jeune éleveur. Avec un regard alternant entre ses bêtes et la météo, il retrouve un peu le sourire lorsque quelques gouttes tombent sur sa veste. "Les poules sont comme nous lorsqu’il pleut, elles restent à l’intérieur", affirme-t-il en rigolant.
Une forte sécheresse
La France et notamment le Rhône traversent depuis le début de l’année 2023, un épisode inédit de sécheresse par sa durée. Quentin Augay, montre une situation préoccupante, "Aujourd’hui il pleut, mais c’est simplement de la pluie fine". La grippe aviaire ajoutée à cette sécheresse qui n’en finit plus, "montre un certain ras-le-bol de notre nature".
Le monde agricole a besoin d’eau pour nourrir ses animaux, mais le problème selon l’agriculteur devrait alerter tout le monde. "On voit bien qu’il n’y a plus d’eau dans les rivières. Ce manque ne devrait pas seulement alerter les agriculteurs, au contraire tout le monde devrait avoir peur". Regardant au loin un petit ruisseau, il souligne l’étendue des dégâts. "À l’époque il y avait 2 mètres, là s’il y a 30 centimètres, c'est bien". Dans ses champs vallonnés du Rhône, l’herbe manque d’eau, "la dernière fois que l’on a eu de l’eau c’était en décembre et sous forme de neige".
Avec le réchauffement global de la planète, l’élevage n’a plus suffisamment de réserves pour donner à boire à ses bêtes. "On est maintenant en réseau, de l’eau provenant directement de la Saône et non de nos cuves".
Un avenir compliqué à envisager
Avec ces différents problèmes liés à l’environnement, s’ajoute aussi la pénibilité du travail. "Notre métier devient de plus en plus dur, le salaire est trop faible, ça n’encourage pas tellement". Du haut de ses 26 ans, il sait que son père est proche de la retraite et que trouver de la main d’œuvre va devenir compliqué. Toujours aussi motivé et passionné il espère que les choses vont changer, "pour un avenir meilleur".
Au lendemain de la fermeture du salon de l’agriculture (25 février au 5 mars), qui a accueilli pas moins de 615 000 visiteurs et 40 000 professionnels, l’agriculteur souligne l'intérêt ce type d’événement. "C’est toujours bien de mettre en avant notre beau métier", mais selon lui le salon montre aussi une image trop belle de l’agriculture, "là-haut c’est tout rose, alors que sur le terrain c’est différent".