Gérard Collomb
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Sécurité : la politique de Collomb ne fait plus débat

Un rapport de la chambre régionale des comptes conforte la politique de sécurité de Gérard Collomb. Si cette étude émet des réserves sur la vidéosurveillance, celle-ci n'a pas suscité d'opposition en conseil municipal ce lundi. Certains élus ont regretté le "désengagement" de l'Etat.

Gérard Collomb peut savourer. En 2001, il passait pour un sécuritaire accusé de "dérives droitières" pour avoir érigé "la tranquillité publique" en priorité de son action. Neuf ans plus tard, il constate qu'il a su imposer sa ligne. Sa politique fait presque l'unanimité sur les bancs du conseil municipal. Ce lundi, il présentait les résultats d'un rapport mené par la chambre régionale des comptes. Lequel concluait à une "évaluation globale positive, au vu de la comparaison entre les réalisations et ce qui était prévu au plan de mandat". Engagements tenus donc.

Une baisse de la délinquance de 5,6% à relativiser

A voir les différentes prises de parole en conseil municipal, il n'y avait pas vraiment d'opposition. La gauche du PS est apparue modérée dans ses critiques. Et la droite soutient une politique non laxiste. Seul Denis Broliquier, maire divers droite du 2e arrondissement, a relevé que si le rapport était "très positif sur la gestion de la sécurité", il contrastait "avec tout ce qu'il voyait sur le terrain". Collomb a donc pu se "féliciter" que ce sujet soit abordé "de façon consensuelle". "C'est que cette ville ne va pas trop mal", en conclut-il. Etablissant une comparaison avec l'Ile-de-France, il constate "une différence extrême". Le maire y voit les résultats d'une politique globale, qui comprend aussi la "déghéttoïsation", la "mixité sociale" et l'affirmation du "vivre ensemble".

"Cette baisse moyenne annuelle de 5,6% de la délinquance, c'est inégalé dans les villes françaises", se réjouit Jean-Louis Touraine, 1er adjoint PS délégué à la tranquillité publique. La chambre régionale des comptes enregistre en effet une baisse des faits de voie publique, passés de 30 685 en 2003 à 22 970 en 2007. Mais elle en nuance la portée : "Ce sont surtout les faits de délinquances liés à l'automobile qui diminuent (vols à la roulotte, vols de véhicules) principalement du fait des nouvelles techniques des constructeurs. En revanche, les violences volontaires, les incendies et dégradations sont en augmentation. Les cambriolages, les vols à la tire et les vols avec violence sont soit globalement stables, soit en baisse modérée".

Villeurbanne, sans caméra, s'en sort mieux que Lyon

On attendait une polémique sur la vidéo-surveillance. Il n'en fut rien. Peut-être les élus étaient-ils las à l'idée de rejouer un débat qui s'est plusieurs fois tenu. Pourtant le rapport de la chambre régionale des comptes donnaient du grain à moudre aux détracteurs des caméras. "L'impact du dispositif sur la baisse de la délinquance de voie publique est techniquement difficile à évaluer et, au vu des données actuelles, n'est pas évident", mentionne l'étude. Surtout, notent les sages, si la délinquance de voie publique a bien reculé à Lyon, de 33 % entre 2003 et 2008, c'est dans des proportions similaires à l'ensemble de la circonscription de sécurité publique de Lyon (34%). Surtout "on observe que la baisse est plus forte dans la commune qui ne bénéficie d'aucune caméra de voie publique", en l'occurrence Villeurbanne (-48%).

Bientôt des caméras mobiles

Autre point soulevé par l'enquête, l'utilisation judiciaire des images qui s'est certes développée mais reste "marginale" au regard de l'ensemble des faits : 322 réquisitions pour 45 000 faits. Les élus ne se sont toutefois pas engouffrés dans ces brèches. Tout juste Yves Fournel (GAEC) a-t-il estimé que l'on peut "s'interroger" de l'impact de ce dispositif. "Son efficacité est très incertaine", a attaqué Margueritte-Marie Chichereau Dinguirard (Europe Ecologie). Karim Helal, conseiller municipal PCF, a souligné le coût élevé de chaque caméra : 58 744 euros - il en existe 219 à Lyon.

Jean-Louis Touraine attend d'ici à deux ou trois ans les conclusions d'une thèse universitaire sur le sujet. Il estime toutefois que cet outil a fait ses preuves dans l'élucidation d'affaires. A l'avenir, il songe à des équipements mobiles, installés le temps "de la reprise en main du quartier" et déplacés ensuite ailleurs.

La 1ere police municipale de France

Si la vidéosurveillance n'a pas vraiment fait de polémique, il n'en va pas de même de la répartition des compétences entre les polices municipales et nationales. Certes, leur coordination est jugée "satisfaisante", tant par la cour régionale des comptes que par la municipalité. Du côté de la Ville, la priorité donnée à la sécurité se traduit par une augmentation des dépenses de fonctionnement de 6% par an, soit deux fois plus que la moyenne des dépenses totales de fonctionnement de la ville (3,4%).

Entre 2001 et 2008, la police municipale - première de France en nombre - est ainsi passée de 315 agents à 361. "Aujourd'hui nous en avons 400", précise Jean-Louis Touraine. Cette montée de puissance est allée de pair avec un accroissement de leurs missions. Ses agents sont "quantitativement et qualitativement" plus présents sur la voie publique et effectuent plus de contrôle de sécurité routière.

En particulier l'unité dédiée au stationnement a redoublé d'effort : les recettes de stationnement qui alimentent le budget de la ville ont presque doublé en cinq ans (8,5 millions d'euros en 2009).

"Que l'Etat assume ses responsabilités !"

La hausse des effectifs de la police municipale ne s'est pas accompagnée d'une augmentation similaire chez les fonctionnaires d'Etat. Ceux-ci sont restés stables entre 2003 et 2008 (3000 agents), mais ils ont reculé dans certaines zones populaires - Vénissieux, Villeurbanne, Bron, Lyon 8e et Lyon 9e. Les nouvelles missions assumées par la police municipale ont déchargé les agents nationaux. "On observe une évolution des équilibres entre la commune et l'Etat, ce dernier ayant tendance à se spécialiser ou à se concentrer sur les phénomènes les plus graves", note le rapport. Moins présents sur la voie publique, les policiers nationaux se sont concentrés sur les transports en commun, par la création d'une unité spéciale de 97 fonctionnaires.

Ces transferts de compétences posent questions. "Que l'Etat assume ses responsabilités ! La ville n'a pas à se substituer à lui", estime Denis Broliquier. Pour lui, la ville doit se recentrer sur le stationnement, la vidéosurveillance, la proximité et la prévention. Le maire du 2e arrondissement, qui n'est pas membre de l'UMP, est le seul à droite à pouvoir critiquer les faiblesses de la politique de Nicolas Sarkozy.

"La police nationale se retire de ses missions classiques", regrette aussi Karim Helal. Pour certains élus, l'implication de la ville répond au désengagement de l'Etat. C'est aussi vrai quant à l'immobilier.

Un "certain nombre de locaux propriétés de la ville de Lyon ou dont elle est locataire sont utilisées par les services de l'Etat pour des missions de la sécurité", relève l'étude. Il en va ainsi du commissariat du 8e, "loué fortement en dessous de la valeur locative" et trois autres sont mis à disposition gratuitement, "une partie du 7e, un bureau situé dans l'antenne de proximité de la Duchère et l'antenne de la maison de justice du 9e". "La ville fait des cadeaux à l'Etat", grince Yves Fournel.

Vers une privatisation des missions de police ?

La montée en puissance de sociétés privées est-elle la conséquence d'un certain désengagement de l'Etat ? Le rapport pointe le fait que la Ville a de plus en plus fait appel au privé, pour un budget annuel de 1,5 millions d'euros. Celui-ci assure la surveillance des équipements communaux. Mais c'est aussi une entreprise qui a patrouillé sur les berges du Rhône ces dernières années, entre mi-juin et mi-septembre, la nuit entre 23h et 4h.

"Il s'agit de véritables missions de surveillance de voie publique alors que la surveillance de celle-ci ne peut légalement être déléguée", relève la cour régionale des comptes. C'est là "une fragilité technique et juridique majeure", soulignent les sages. "En sera-t-il de même à Confluence ou aux berges de Saône ?", s'interroge Christophe Geourjon, conseiller municipal MoDem. L'accroissement des besoins de sécurité est aussi lié à la montée en puissance d'événements, comme la fête des Lumières, la fête de la musique ou les Nuits sonores. La Ville doit-elle prendre en charge leur encadrement ? Jean-Louis Touraine estime que ce ne serait "pas inopportun" que les organisateurs soient davantage mis à contribution.

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