Nancy Abou Zeid, directrice scientifique de la Fondation Arc pour la recherche contre le cancer, est l'invitée de 6 minutes chrono / Lyon Capitale.
Le cancer colorectal est la deuxième cause de décès en France. 47 000 personnes sont concernées chaque année. Cela représente près de 14 000 décès. Pourtant, avec un simple dépistage, des milliers de vies pourrait être sauvées.
En 2025, conscient qu'il est temps de dédramatiser le sujet, de briser ce tabou et de faire du dépistage une évidence pour sauver des vies, la Fondation ARC pour la recherche contre le cancer lance une campagne de communication décalée et percutante.
Mr Popo, une marionnette fortement inspirée de l'ours Fozzie du mythique Muppet Show, à la forme vaguement évocatrice d’un étron, invite les proches à convaincre les personnes de plus de 50 ans d’adhérer au dépistage : "Ne lâchez rien tant qu’ils ne lâchent rien", chante la créature.
"On est aujourd'hui à 35% de dépistage, explique Nancy Abou Zeid. Si 65 % des personnes concernées faisaient le test, on sauverait 6 600 vies chaque année."

Le sujet est sérieux mais il mérite un traitement léger pour sensibiliser le plus grand nombre. C’est donc avec un ton décomplexé, de l’humour et ma mascotte "Mr Popo" que la Fondation ARC affiche un objectif clair : faire du dépistage colorectal un geste naturel et accessible, sans tabou ni gêne. Et ainsi sauver 6 600 vies chaque année.
Comment ça marche ?
1. Rendez-vous sur nelachezrien.fr et inscrivez un proche.
2. Mr. Popo prend le relais : vidéos, GIFs, chansons, stickers… chaque jour, il envoie des messages pleins d’humour sur WhatsApp pour encourager votre proche à passer à l’action et à faire le test.
3. Le test est fait ? Un simple "J’ai fait mon test" et Mr. Popo arrête ses relances ! Le test est simple, rapide et fiable.
Disponible gratuitement en pharmacie ou sur Internet, il peut être réalisé chez soi, en toute tranquillité.
Lyon au coeur de la recherche contre le cancer colorectal
A Lyon et Villeurbanne, de 2020 à 2024, la Fondation ARC a soutenu 7 projets sur les cancers colorectaux pour un montant de plus de 800 000 euros, parmi lesquels :
• Une étude clinique sur le suivi du microbiote intestinal de personnes atteintes de polypose adénomateuse familiale, menée par le Dr Nicolas Benech, médecin hépato-gastroentérologue à l’hôpital de la Croix-Rousse et chercheur au sein de l’équipe de Julien Marie au Centre de Recherche en Cancérologie de Lyon.
• La mise au point d’un nouveau modèle d’étude des cancers colorectaux reproduisant au mieux les villosités et les courbures de l’intestin et ainsi au plus proche de son aspect fonctionnel, par Valentin Chalut, chercheur au sein de l’Institut des Nanotechnologies de Lyon.
• Un programme visant à mieux comprendre comment certaines cellules tumorales échappent à la chimiothérapie, mené par Jean-Jacques Diaz, directeur de recherche Inserm au Centre de Recherche en Cancérologie de Lyon
• Un projet européen pour développer des nanoparticules pour activer le système immunitaire contre les métastases péritonéales qui se forment chez environ 25 % des patients atteints de cancer colorectal, auquel participe la chercheuse Giovanna Lollo.
La retranscription intégrale de l'entretien avec Nancy Abou Zeid
Bonjour à tous et bienvenue dans ce nouveau rendez-vous de 6 minutes chrono. Nous recevons aujourd'hui en visio Nancy Abou Zeid, directrice scientifique de la Fondation ARC pour la recherche contre le cancer. Bonjour.
Bonjour.
Alors, la Fondation ARC a lancé il y a quelques semaines une campagne de communication, on va dire, plutôt audacieuse, plutôt impactante, plutôt originale sur le dépistage du cancer colorectal. Le cancer colorectal, c'est le deuxième cancer le plus meurtrier en France, me semble-t-il. Pourquoi avez-vous choisi de lancer cette campagne, qui est très audacieuse ? Est-ce que c'était pour lever un tabou, finalement ?
Oui, le cancer colorectal, c'est un des cancers les plus fréquents en France. Il y a 47 000 personnes qui sont concernées chaque année, et cela représente près de 14 000 décès. Donc, c’est un vrai problème de santé publique. Et il se trouve qu'il existe un test très fiable, très simple, pour pouvoir le détecter très tôt. Ce test, les Français ne s'en saisissent pas assez, et on est à peine à 35 % de taux de participation à ce test, alors qu'il devrait qu'on soit à des taux de 45 %, voire de 65 %. C'est l'ambition qu'on se fixe en France pour pouvoir sauver 6 600 vies chaque année.
Et alors, cette campagne de communication, on va peut-être voir, sur un petit dessin. On dirait l'ours, je crois que c'était Monsieur Fozzie dans The Muppet Show. Ça ressemble à un peu. Qui expliquez-nous, en fait ? Parce que c'est finalement "ne lâchez rien", voilà, c'est ça ?
On a une petite mascotte qui s'appelle Mister Popo, c'est pas un ours, c'est une petite crotte. Et toute l'idée est d'encourager les gens à faire ce test de dépistage du cancer colorectal. Cest un test très simple, on peut le faire chez soi dans son intimité et qui permet de détecter de manière très très précoce le cancer colorectal. Donc comme les gens l'ont on a fait une enquête on s'est rendu compte qu'il y avait un petit peu de réticence à l'utilisation de ce test, principalement parce que les gens ont peur du résultat peur d'apprendre une mauvaise nouvelle mais aussi parce qu'il y a un tabou donc on s'est dit qu'on allait lancer une campagne choc et on encourage les personnes à pouvoir envoyer Mister Popo titiller leur entourage pour qu'ils puissent faire le test colorectal. Donc Mister Popo on verra des messages à tous ces gens là et ne lâchera rien tant que les personnes concernées n'auront pas fait leur test.
Alors effectivement, les personnes de plus de 50 ans, les hommes de plus de 50 ans, ne lâcheront rien. Mais comme les chercheurs qui ne lâchent rien, si on se concentre un peu sur Lyon et Villeurbanne, entre 2022 et 2024, la Fondation ARC a soutenu 7 projets sur les cancers colorectaux pour un montant de plus de 800 000 euros. Est-ce qu'il ya des projets dont vous pourriez nous parler, avec des avancées de recherches intéressantes qui se font à Lyon et Villeurbanne ?
Lyon est véritablement un centre de recherche majeur en France, notamment dans le domaine du cancer colorectal. Plusieurs programmes sont soutenus dans la région lyonnaise. Par exemple, un programme se concentre sur les microbiotes des patients, avec l'objectif de mieux comprendre, chez les personnes à risque de développer un cancer colorectal, si le type de microbiote présent pourrait favoriser l'apparition. Il existe également des recherches plus fondamentales, mais essentielles pour mener des études approfondies sur le cancer. Afin de mener des recherches efficaces, il est nécessaire de disposer de modèles. Une équipe de recherche lyonnaise travaille, par exemple, à la recréation in vitro d'un modèle de tissu du côlon, ce qui permet une analyse plus fine du cancer colorectal, dans l'espoir de mieux le comprendre et donc de le contrer.
Et donc, le contrer. Donc, en tout cas, voilà, il ya cette recherche, parce qu'on en parle très peu finalement. Ce sont des médecins qui sont en laboratoire, dont on parle très peu. La recherche évolue, on le disait, c'est le deuxième cancer le plus meurtrier. C'est quoi, pardon, je crois que vous l'avez dit, mais on va peut-être le répéter. Avec ce dépistage du cancer colorectal, on pourrait économiser combien de vies au final ?
Si 65 % des personnes concernées faisaient le test, on sauverait 6 600 vies chaque année.
Aujourd'hui, on est à combien de dépistage ?
On est à 34 % de taux de dépistage, alors que le test est gratuit. On peut le commander en ligne, on peut le faire chez soi, on peut le récupérer en pharmacie. Enfin, c'est vraiment très, très simple.
Oui, c'est un test qui, finalement, est remboursé. Enfin, je veux dire, la personne n'a rien à débourser, c'est ça ?
Exactement. Et une information très importante : un cancer colorectal qu'on détecte très tôt, on le guérit dans 9 cas sur 10. Un cancer colorectal qu'on détecte trop tard, c'est quasiment l'inverse. On peut guérir les personnes uniquement dans 15 % des cas. Donc, on inverse complètement la balance si on fait le test tôt.
C'est quoi "trop tôt", "trop tard" ? Parce que quand vous dites "trop tard", alors c'est quoi "trop tard" ?
Ah, c'est quand le cancer s'est installé et généralisé. En fait, le test de dépistage colorectal permet souvent de détecter des situations avant même qu'elles soient cancéreuses et d'intervenir pour que le cancer, en fait, n'apparaisse jamais.