Même largement revue par l’exécutif, après les résultats mitigés de la concertation, l’amplification de la ZFE adoptée lundi 26 juin par la Métropole de Lyon a eu du mal à convaincre les conseillers métropolitains, jusque dans la majorité.
"La ZFE n’est pas de gauche ou de droite. Elle est là pour éviter les morts prématurées", lâchait en ouverture de conseil métropolitain lundi 26 juin Bruno Bernard, le président de la Métropole de Lyon, peu avant que ne s’ouvrent les débats sur l’amplification de la ZFE. Sans doute l’élu écologiste cherchait-il une unité dans l’urgence sanitaire, conscient que le projet travaillé depuis plusieurs années par ses équipes avait encore du mal à convaincre au sein de l’hémicycle. Quelques minutes plus tard, Philippe Cochet, le maire de Caluire-et-Cuire lui donnait d’ailleurs raison, l'attaquant d’entrée sur la ZFE. "Vous avez été obligé de reculer sur la ZFE car votre plan est antisocial et vous risquiez de perdre votre majorité. Vous n’acceptez de reculer que lorsque vous êtes acculé", raille l’élu Les Républicains.
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Un projet largement remanié
Comme nous l’évoquions début juin, largement remaniée, l'amplification de la ZFE telle que présentée lundi matin aux élus métropolitains a été "simplifiée", pour reprendre les mots de Jean-Charles Kohlhass, le vice-président de la Métropole de Lyon en charge du dossier. "Suite à la concertation, nous avons décidé de réduire cette extension aux seules voiries urbaines. Nous retenons un seul calendrier qui voit l’échéance Crit’air 2 reportée à 2028, tout en augmentant de plus de 50% l’aide de la Métropole au changement de véhicule, pour arriver à près de 10 000 euros avec l’aide de l’État", synthétise l’élu écologiste.
Confirmant ainsi l’abandon de l’extension de la ZFE aux communes de l’Est et du Sud de Lyon et l’intégration au périmètre actuel des axes M6 et M7, du boulevard Laurent Bonnevay et du boulevard périphérique Nord de Lyon. Par ailleurs, ce nouveau périmètre étendu n’intégrera pas à partir de 2028 l'interdiction des véhicules Crit'Air 2, qui sera limitée au périmètre central. À savoir Lyon, Caluire-et-Cuire, et les secteurs de Villeurbanne, Bron et Vénissieux situés à l'intérieur du boulevard Laurent Bonnevay et du périphérique Nord.
Une majorité ébranlée
Une équation complexe, voire "insoluble" à entendre Mathieu Azcué, élu de la Métropole en commun et membre de la majorité. Toutefois, Mathieu Azcué a tenu à saluer l’amélioration du projet, car "il était nécessaire de desserrer la contrainte", de quoi lui permettre de le faire voter favorablement par son groupe. Un premier point pour l’exécutif, mais qui restera l’un des seuls (avec celui des socialistes) sur ce sujet au sein de la coalition composant la majorité. Car, tour à tour les élus Insoumis et les élus communistes annonceront ensuite leur décision de ne pas prendre part au vote pour les premiers, la Métropole étant "loin d’avoir réussi à recueillir l’adhésion de la population sur ce sujet", et de voter contre pour les seconds.
"C’est la loi qui est mal faite. 70% des personnes s’expriment contre la ZFE, pas contre vos objectifs, mais contre le projet de loi"
Pierre-Alain Millet, élu du groupe communiste
"Ce projet tient compte de la concertation. Vous avez eu raison, car le projet présenté fin 2021 était trop complexe et trop injuste socialement. Il est impossible de créer le consensus minimum sur une ZFE tant que l’on autorise des SUV de 2 tonnes, c’est la loi qui est mal faite. 70% des personnes s’expriment contre la ZFE, pas contre vos objectifs, mais contre le projet de loi", déplorait ainsi l’élu communiste Pierre-Alain Millet au moment d’annoncer la position de son groupe. De quoi fissurer durablement la majorité ? Non à en croire l’élu, selon qui "notre majorité n’est pas en difficulté sur ce projet, mais l’État l’est". Dont acte.
Au-delà des fragilités ressenties au sein de la majorité et qui ont donné lieu à un vote très serré, la majorité comptant 84 élus, le projet d’amplification finalement adopté par 74 votes pour, 69 votes contre et six bulletins blancs pour 149 votants sur 150, n’a surtout pas convaincu les oppositions toujours fermement opposées, malgré de larges modifications. "Depuis votre élection vous considérez la ZFE comme un marqueur politique, idéologique, mais c’est votre erreur il ne s’agit que d’un outil au service de la qualité de l’air", tempête Christophe Geourjeon, élu au sein du groupe Inventer la métropole de demain. Et d’ajouter, "votre projet est mal géré et va plus loin que la loi. Il ne nous convient pas sur la méthode. Vous avez la fibre écologique, mais pas sociale". L’élu aurait notamment souhaité que soit renforcée la desserte des bus pour accompagner cette amplification de la ZFE, afin de ne pas exclure une partie de la population, qui pourrait ne plus être en capacité de se déplacer en voiture, "car incapable de changer de voiture" alerte David Kimelfeld (Progressistes et républicains). Pour l’ancien président de la Métropole de Lyon, "le vélo ne peut pas être la seule solution, vous n’apportez pas de réponse robuste sur les transports en commun".
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"Une bombe écologique et sociale"
Du côté de la droite, où l’on reste vent debout contre l’exclusion des véhicules Crit’Air 2 à venir en 2028, le maire de Saint-Priest Gilles Gascon tire également la sonnette d’alarme sur le report à venir du trafic des véhicules les plus polluants sur "la rocade Est et de l’A46 sud". Interdits dans les années à venir de circulation sur la M6 et la M7, les véhicules Crit’Air 3 n’auront selon lui d'autres "échappatoires" que la rocade et l’autoroute. "Vous êtes en train de construire une bombe écologique et sociale qui assignera à résidence des gens qui n’ont pas les moyens de changer de véhicule et ne peuvent s’en passer faute d’alternative crédible", prévient l’élu Les Républicains.
"Vous maintenez l’interdiction de circuler des véhicules Crit’air 3 sur la M6 et M7 faisant de la rocade Est et de l’A46 sud la seule échappatoire pour les véhicules les plus polluants"
Gilles Gascon, maire LR de Saint-Priest
Pas de quoi émouvoir Jean-Charles Kohlhaas. Déterminé et convaincu du bien fondé du projet et qui se disait même "sidéré d’entendre que nous n’avons pas d’ambition sur les transports en commun, le covoiturage. Nous avons doublé le budget d’investissement de Sytral Mobilité sur ce mandat par rapport au précédent. C’est sans doute ne pas avoir d’ambition pour les transports en commun…" lâchait pour conclure de vifs débats, non sans un certain sarcasme, l’élu d’Oullins.
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Après des débats houleux depuis de nombreux mois sur le sujet, l’essentiel est là pour l'exécutif, mais la ZFE devrait laisser des traces, voire une certaine rancoeur du côté de Jean-Charles Kohlhaas, qui assurait après coup avoir pourtant tenu compte des "doléances" émises par Pierre-Alain Millet ces derniers mois. "La prochaine fois quand ils feront des doléances je ferai le contraire…" pestait sur le moment le vice-président écologiste avant de nous confier quelques heures plus tard "les communistes ont un problème interne à régler et le font par la délibération interne de la ZFE, c’est dommage".
"il était nécessaire de desserrer la contrainte",
la contrainte... de fric. Par contre, ça va continuer à polluer tranquillement, comme d'habitude.
Mais de cette contrainte ils ne parlent jamais, car après tout la pollution c'est des emplois comme nous le dit indirectement ce cher député Isaac Cyrille Isaac-Sibille, ça crée des maladies et les maladies sont bonnes pour la croissance du PIB !
Monde lamentable. EELV fait du greenwashing, comme les autres.
** les mots de Jean-Charles Kohlhass, le vice-président de la Métropole de Lyon ?? (l''instigateur du téléphérique, de l'abandon du chantier A45 avec E Borne , on est pas à 850.000€ près !!. Un attelage qui met la charrue avant les bœufs , nombre de communes de la ZFE ont des transports en commun peu nombreux voir inexistant .ceci ne posant aucun problème aux décideurs, voiture de fonction , chauffeurs n'est il pas !!! ; Pour les manants de bonnes chaussures feront l'affaire.
" Pour les manants de bonnes voitures feront l'affaire" vous vouliez dire ?