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"Siphonnage" ou "équilibre" ? À Vénissieux et Saint-Fons, la nouvelle carte scolaire des collèges fait débat

La nouvelle carte scolaire dans la métropole de Lyon a été votée en commission permanente, lundi 17 février. La nouvelle sectorisation de Vénissieux et Saint-Fons, provoquée par la future arrivée du collège Katia Krafft, continue de diviser.

Alors que l'exécutif de la Métropole de Lyon devait procéder au vote de délibération de la future carte scolaire des collèges publics, il n'en fut rien. Annulée, cette décision a finalement été reportée au lundi 17 février en commission permanente. "Officiellement pour une réécriture de la délibération demandée par plusieurs élus de Vénissieux. Deux phrases légèrement modifiées sur les collèges Louis Aragon et Alain et une phrase ajoutée pour dire que la sectorisation pourra évoluer…" déplorait en commission permanente Nathalie Frier, ancienne maire DVD de Saint-Fons et élue métropolitaine du groupe Inventer la Métropole de demain.

Une refonte de la carte scolaire qui, pourtant, détient un fort enjeu avec la future arrivée à la rentrée 2025 du collège Katia Krafft, qui entrainera cette nouvelle sectorisation de Vénissieux et de Saint-Fons. Derrière ce report, l'association No Ghetto y voit plutôt une manière de "cacher" ce sujet pour le moins contesté.

"C'était une raison pour ne pas la présenter en public et ne pas avoir des paroles ou des votes qui n'auraient pas suivi", pense Farid Ben Moussa, secrétaire de l'association et conseiller municipal d’opposition à Vénissieux. "Une décision aussi structurante aurait mérité un véritable débat, une concertation approfondie avec les parents d’élèves, les élus locaux et les associations concernées. Pourtant, une fois de plus, ces acteurs sont mis à l’écart du processus décisionnel", ajoutait Nathalie Frier. De son côté, la Métropole de Lyon assure que depuis deux ans des discussions entre les acteurs ont été engagées (voir encadré).

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Farid Ben Moussa, secrétaire de l'association No Ghetto


L'association No Ghetto, elle, pointe du doigt les choix de cette sectorisation. Elle doit permettre d'alléger les effectifs des établissements voisins - à savoir les collèges Paul-Éluard, Jules-Michelet et Louis-Aragon à Vénissieux, ainsi que le collège Alain à Saint-Fons - en faisant de Katia-Krafft le collège de secteur des élèves de cinq écoles primaires actuellement rattachées à ces établissements. "Le nouveau collège asséchera les dernières sources de mixité", regrettait dernièrement l'association dans un communiqué.

Farid Ben Moussa reprend : "S'ils avaient respecté la carte scolaire autour de ce collège, ça aurait été l'IPS (individu de position sociale)* le plus bas du Rhône avec 65 d'IPS. Ils (Les écologistes, NdlR) ont souhaité modifier la carte scolaire pour se retrouver avec un IPS de 90 ou 100 pour ne pas avoir le plus bas du département." Autrement dit, améliorer la mixité sociale d'un collège au détriment des autres. À noter que l'IPS moyen en France était de 105,2 points à la rentrée 2022.

Dans les collèges publics de Vénissieux et Saint-Fons, les IPS sont sans surprise bien en-dessous de cette moyenne (autour de 75). Et cette nouvelle carte scolaire fait craindre à l'association une détérioration de la situation. "Tous les IPS des collèges de Vénissieux et de Saint-Fons vont s'écrouler de cinq points chacun. Déjà qu'on était dans les plus bas..." poursuit son représentant. Les groupes d'opposition Inventer la Métropole de demain, La Métro Positive et Synergies Élus et Citoyens partagent ce point de vue. "En réalité, il s’agit d’un siphonnage de la diversité en faveur d’un seul collège, entraînant un nivellement sociologie économique par le bas pour les autres établissements", concluent-ils.

*L'IPS est calculé par l'Education nationale en fonction de la profession des parents. Il est censé indiquer dans quelle mesure l'élève évolue dans un contexte familial qui favorise les apprentissages. L'IPS du collège est la moyenne des IPS de l'ensemble des élèves. Les données ouvertes au public n'indiquent pas le niveau de mixité dans chaque collège. 


"On a travaillé à une répartition des élèves qui assure un équilibre des IPS dans chacun des collèges"

Véronique Moreira

3 questions à Véronique Moreira, vice-présidente à la Métropole de Lyon en charge de l'Éducation.

LC : Pourquoi avoir fait le choix de ce report de la délibération ?

Véronique Moreira : La Ville de Vénissieux doit travailler sur un projet d'école et devra changer sa carte scolaire. Elle souhaitait que soit clairement indiqué que la carte scolaire établie pour le collège Katia Krafft pourrait bouger, dans le cadre de ses travaux assez proches. La carte scolaire n'est jamais gravée dans le marbre. En général, on essaye quand même de la maintenir un petit peu. Parce que ça permet aux familles de ne pas changer leurs habitudes sans arrêt. Or, là, avec ces travaux proches dans le temps sur l'école Léo Lagrange, c'était important pour la Ville d'indiquer que la carte scolaire pouvait bouger assez rapidement. On l'a présentée en commission, sans attendre davantage. C'était important pour l'inspection académique et les familles d'avoir les précisions nécessaires pour inscrire leurs enfants à la rentrée.

À Vénissieux et Saint-Fons, du point de vue de la mixité sociale, ne craignez-vous pas que cela impacte les autres établissements ?

VM : On a fait un travail de deux ans avec l'inspection académique et les Villes. La préoccupation générale, c'est qu'on privilégie le collège Katia Krafft, qui va être tout neuf et très attractif, par rapport aux autres. Mais non. On a travaillé à la fois sur une répartition des élèves qui assure un équilibre des IPS dans chacun des collèges et, d'autre part, sur les parcours pédagogiques pour qu'ils soient valorisés dans chacun des collèges.

Donc, au moment de cette sectorisation, vous fiez-vous aux IPS ? Avez-vous déjà une estimation de l'IPS du futur collège Katia Krafft ?

VM : Il y a des priorités. Il y a la question de la mixité sociale. On ne dégrade pas les IPS des collèges existants : soit on améliore, soit on maintient. Puis, la proximité et l'accessibilité pour les familles. Et enfin, la question de la continuité. Dès qu'on peut, on essaye de garder une école entière en direction d'un collège. Ça simplifie le travail des enseignants, d'un côté et de l'autre, qui sont en lien direct.
Pour l'IPS du collège Katia Krafft, non. Les IPS dans les collèges de Vénissieux et Saint-Fons tournent autour de 75. Donc, j'imagine qu'il sera un peu près autour de cela. Mais on se donne rendez-vous l'année prochaine, une fois qu'il aura ouvert, pour en reparler.

Lire aussi : Moins d'élèves à la rentrée 2025 : comment l'Académie de Lyon adapte-t-elle ses effectifs ?

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