C'est donc confiant que je me présente à la Part-Dieu le jour même à 18h30 pour un départ à 19h00. Las ! Des centaines " d'usagers " se piétinent plus ou moins, agglutinés sous les panneaux lumineux indiquant " un incident voyageur entre Vaulx-en-Velin et Vénissieux ". " Retards indéterminés " sur l'ensemble du réseau, à Lyon, Paris, Toulouse, Montpellier, Lille... Car c'est bien connu : tous les chemins, qu'ils soient ferrés ou non, passent par monts et par Vaulx.
Légaliste, bête et discipliné, j'essaie donc de régulariser ma situation -totalement indépendante de ma bonne volonté- à une borne prévue à cet effet. Sans plus de succès. Un message à l'écran m'indique : " Vous ne pouvez échanger votre billet ". Nouvel essai auprès d'un guichet (le seul ouvert). Après 1h30 d'attente, je renonce. Il aurait fallu patienter encore 2h00 au moins et de toute façon mon billet n'était déjà plus valable.
Le lendemain matin (après une nouvelle nuit d'hôtel à mes frais), tentative de départ à 10h00. Aussitôt monté dans le TGV -aux trois-quarts vide- je m'adresse poliment à un contrôleur. Extrait :
-J'ai un billet datant d'hier soir que j'ai voulu échanger mais...
-Pas mon problème. Il faut payer une nouvelle réservation.
-Pas question ! Je viens de vous expliquer qu'il était matériellement impossible de prendre un nouveau billet !
-Qu'est-ce que vous voulez que ça me fasse ? Vous voulez qu'on vous déroule le tapis rouge ?!
Je romps rapidement ce dialogue de sourds, tends ma carte d'identité afin que ledit contrôleur établisse un " avis d'infraction ". Addition : 64,00 € -dont 29,00 € de " frais de dossier ". Que je ne paierai évidemment pas. Faut pas prendre les clients du rail pour des canards sauvages.
Sauf que la SNCF gagne toujours, à la fin. Quelques minutes après son départ, le TGV reste bloqué en rase campagne. J'apprends dans l'après-midi que des " saboteurs en série de lignes SNCF utilisent des fers à béton pliés en forme d'accent circonflexe pour neutraliser les caténaires ". Quatre armes du crime identiques ont ainsi été découvertes, fixées sur les câbles électriques des lignes à grande vitesse (LGV) Nord et Est, à Passilly, dans l'Yonne, à Montagny-Sainte-Félicité et Fresnoy-la-Rivière, dans l'Oise, puis à Coulombs-en-Valois, en Seine-et-Marne.
Guillaume Pepy, le patron de la SNCF (pauvre homme !), évoque dans le Journal du dimanche une " corrélation " entre " ces actes de malveillance ou de sabotage " commis en trois semaines : " Cinq des six incidents récents ont été provoqués par des fers à béton posés sur la caténaire, le fil d'alimentation électrique qui surplombe la voie ", remarque le P-dg, qui s'en remet aux enquêteurs pour savoir s'il s'agit d'une bande organisée ou d'un seul agresseur. En l'absence de revendication, les gendarmes et procureurs de Paris, Dijon, Amiens et Metz " n'excluent aucune hypothèse ", mais s'aiguillent sur " un connaisseur du milieu ferroviaire ". Non ? Sans blague ?!
Les Chinois ont inventé le communisme de marché, les Américains viennent d'élire un président noir mais les Français expérimentent encore le voyage immobile. A la SNCF, en effet, c'est toujours : Service Nul Clients Fatigués.
Didier Maïsto
Plutôt que de donner du bâton à la SNCF faudrait reconnaitre que le rail français est le plus fiable ......Maintenant la contestation sociale est un droit même si l'usager en pâtit malheureusement....Après .... chaque cas personnel ne peut être un cas général