Branle-bas de combat chez les cheminots. La réforme de la SNCF annoncée par le Premier ministre avait déjà du mal à passer, elle est considérée comme une "provocation" depuis que l'exécutif a décidé d'avoir recours aux ordonnances. Alors que les quatre syndicats principaux sont réunis aujourd'hui à Paris pour décider d'une potentielle mobilisation, les militants lyonnais et rhônalpins voient se dessiner un mouvement inédit.
"La situation est alarmante, pour ne pas dire intenable", a martelé le Premier ministre à l'adresse de la SNCF dans un discours qui a été perçu comme une provocation par les cheminots. Édouard Philippe a ainsi assuré que la SNCF allait subir une réforme de fond, dont les contours seraient dessinés à la mi-mars. Dans le viseur de l'exécutif, le statut des cheminots. Mis en place à l'après-guerre, il offre certains avantages aux travailleurs des rails, comme la garantie de l'emploi ou des conditions de retraites aménagées. Un statut trop "rigide" pour le Premier ministre, qui, s'il ne souhaite pas retirer le statut à ceux qui en bénéficient actuellement, a confirmé sa volonté de le supprimer pour les futurs employés de la SNCF.
La fin du statut de cheminot
Dès lors, les quatre syndicats principaux des chemins de fer français se sont mis en branle. Ce mardi, ils se sont réunis à Paris pour décider d'une potentielle riposte. À Lyon, les syndicats sont unanimes, si aucune décision n'a encore été annoncée, une grève importante s'annonce. À l'UNSA, syndicat plutôt réformiste, on prévient qu’"on a un tiers des salariés qui ont des fourmis dans les jambes, ils sont prêts à agir tout de suite. Si un mouvement se lance, il sera très important". Son de cloche identique à l'antenne rhodanienne de Sud-Rail, qui ne mâche pas ses mots, "La dernière unification similaire entre les quatre syndicats remonte à 1995. Les cheminots sont prêts, et si la situation n'évolue pas on va vers un conflit social". Pour les syndicats, la grève semble être inéluctable. Car au-delà du fond, c'est aussi la forme qu'a choisie le gouvernement qui a du mal à passer. En effet, après les avoir utilisées pour la réforme du travail de 2017, l'exécutif souhaite faire passer la mesure par ordonnance. "Avec eux, c'est ordonnancé sur tout le menu. Entrée, plat, dessert. C'est une manière de nous confisquer le débat", déplore un militant de la CFDT Rhône-Alpes.
Vers un blocage en mars ?
Selon le chef du gouvernement, "les français paient de plus en plus cher un service qui marche de moins en moins bien". Si les syndicats reconnaissent qu'il y a dans cette affirmation une part de vérité, ils s'insurgent tous contre la manière de traiter le problème. "On souffre d'un sous-investissement chronique dans la SNCF. Comment voulez-vous faire rouler des trains du XXIe siècle sur des voies qui datent de quarante ans ? Toucher au statut ne changera rien", s'exclame la CFDT. Alors qu'un sondage Harris Interactive révèle que trois Français sur quatre sont pour la suppression du statut de cheminot, les syndicats préviennent, "Ça n'est pas en enlevant des avantages aux cheminots que ça va améliorer l'expérience des usagers". Pour l'heure, aucune date n'a été arrêtée quant à une hypothétique mobilisation. Si la CGT souhaite qu'un blocage commence le 22 mars, d'autres organisations souhaiteraient monter au front dès le 12 mars. Pour l'UNSA Lyon, une chose est sûre, "si ça part, ça peut aller très loin".