Ce mardi, la Fondation de France a détaillé à la presse lyonnaise les résultats de son enquête nationale sur les Solitudes. Constat inquiétant : elle note une augmentation de 20% de l'isolement relationnel depuis 2010. Ainsi, 4,8 millions de personnes seraient dans cette situation. Autre élément notable : la difficulté à développer des relations sociales s'accroît avec la crise économique.
Alors qu'ils étaient 9% en 2010, l'enquête* de la Fondation de France démontre que 11% de Français sont aujourd'hui dans une situation d'isolement relationnel. Sur les 65 millions de Français, près de 5 millions n'ont pas plus de 4 contacts privés par mois, en dehors de leur ménage. Dans cette enquête, 5 réseaux de sociabilité entrent en ligne de compte : familial, amical, professionnel, de voisinage, ou affinitaire (associatif, hobbies). La Fondation de France évalue distinctement la solitude objective et le ressenti d'une personne. Il en ressort que 13% de Français éprouvent un sentiment d'inutilité qui les pousse à s'éloigner des autres.
De plus, 27% de la population ne privilégient qu'un seul réseau, au risque de tout perdre, par effet domino. En effet, l'isolement résulte souvent d'une suite d'événements. Le déclencheur peut être une rupture familiale dans 31% des cas, amicale dans 13%, et professionnelle dans 10% des cas. ''Lorsqu'une personne subit une rupture relationnelle sur un registre, elle cherche à compenser cette perte en surinvestissant des relations relevant d'un autre registre'' explique Carmen Sanchez, déléguée régionale de la Fondation de France. En clair, elle va se noyer dans le travail, ou envahir ses amis... et finir par se retrouver seule.
Métro, boulot, dodo...solo
Alors que cette tendance s'accroît dans les grandes villes, la Fondation de France observe que le travail perd peu à peu son rôle d'insertion sociale. Ainsi, 27% des actifs disent ne pas parvenir à tisser des liens avec leurs collègues, contre 20% en 2010. En cause : instabilité de l'emploi, essor du travail indépendant et changements managériaux qui empêchent tout contact avec les autres.
Car cette évolution s'inscrit dans le contexte de crise que connaît la France. En témoignent les 61% de personnes isolées déplorant une dégradation de leur situation économique. Les travailleurs pauvres, intérimaires, ou employés en CDD sont donc les plus impactés par la solitude, car ils cumulent souvent précarité de l'emploi, horaires hors-normes et faibles revenus. La Fondation remarque ainsi que la différence s'estompe entre les personnes vivant sous le seuil de pauvreté et les autres. Parmi les personnes ayant un revenu mensuel inférieur à 1000 €, 38% se sentent seules. Chez les foyers aux revenus modestes (1000- 1500 € / mois), la part des personnes se sentant isolées augmente, passant de 7% à 17%.
La Fondation de France soutient de nombreux projets pour lutter contre l'exclusion.
Plus d'infos sur www.fondationdefrance.org
*Etude réalisée par l'institut TMO Régions et l'institut Wei, entre le 10 et le 27 janvier 2012.
2200 personnes majeures ont répondu à un questionnaire par téléphone, suivi d'un entretien qualitatif.
Parmi celles-ci, on compte 200 habitants de la région Rhône-Alpes.