L'appartement parisien et le bureau à TF1 de Patrick Buisson, l'ancien conseiller de Nicolas Sarkozy ont été perquisitionnés ce jeudi matin dans l'affaire dite des sondages de l'Elysée. Sous le mandat précédent, plus de 300 enquêtes d'opinion auraient été commandées auprès de la société Publifact, dirigée par Patrick Buisson, sans avoir fait l'objet d'un appel d'offres.
"La justice travaille, les juges instruisent très sérieusement ce dossier", nous a confié Raymond Avrillier, suite à ces perquisitions menées par le juge d'instruction Tournaire. Cet élu écologiste de Grenoble est à l'origine de cette affaire. En 2010, avec l'association Anticor – qui lutte contre la corruption, il dépose une plainte visant une convention commerciale signée en 2007 par la Présidence avec la société de conseil Publifact de Patrick Buisson. (Voir le document ci-dessous).
Pas d'appels d'offres selon la Cour des comptes
Raymond Avrillier réclame en effet un éclairage sur les conditions des marchés de sondages réalisés à l'Elysée entre 2007 et 2009. Une phrase du rapport de la Cour des Comptes de 2009 retient particulièrement son attention : les marchés de sondages "mériteraient une mise en concurrence". En 2012, suite à une bataille judiciaire il obtient enfin les sondages de 2007 et 2009 et les prestations de conseils. Une enquête préliminaire est ouverte fin décembre 2012 par le juge Tournaire pour enquêter sur cette fameuse convention entre la société de Buisson et la présidence.
Des sondages sur Carla, DSK et compagnie...
Entre 2007 et 2009, Nicolas Sarkozy aurait commandé pour 6,3 millions d'euros de sondages auprès de Patrick Buisson et Pierre Giaccometti via leurs sociétés Publifact, Publi-opinion et Giacometti perron, sans réaliser toutefois les appels d'offres. "Une conduite de l'Etat en ivresse sondagière", s'était exclamé Raymond Avrillier dans son entretien accordé à Lyon Capitale en février 2013. Le contenu des sondages attire aussi l'attention de Raymond Avrillier qui épluche les cartons. "Certains n'ont aucun lien direct avec les missions d'un Président," précise-t-il. La grossesse de Rachida Dati, la venue de Tom Cruise en France, les aventures de DSK.... Tout y passe visiblement ! Autre point litigieux dénoncé par l'élu écologiste, une éventuelle surfacturation réalisée par la société de Buisson.
Buisson favorisé ?
Selon le parquet de Paris, les enquêteurs ont tenté d'obtenir des preuves qui démontreraient la commande de ces sondages en faveur de la société de Patrick Buisson. Fin janvier 2013, les investigations de juge d'instruction Tournaire ont ainsi été élargies et portent désormais sur des faits de favoritisme, détournements de fonds, de complicité et recel de ces délits. Les perquisitions ont ainsi concerné domicile parisien de l'ancien conseiller de Nicolas Sarkozy et son bureau au siège de TFI lié à son activité pour la chaîne Histoire.
En revanche, le parquet de Paris n'a pas souhaité répondre à une de nos questions, à savoir si ces perquisitions portaient sur la mystérieuse disparition des sondages élyséens entre 2010 et 2012. La semaine dernière, l'avocat de l'Association Anticor, Me Karsenti révélait en effet que les documents ne se trouvaient pas à l'Elysée, ni dans les archives ni au service financier. Voici un autre point à éclaircir pour savoir si ces sondages ont servi le Président ou le candidat Sarkozy …
Que disent Guaino et Guéant ?