Mais, si c'est vraiment le cas, on ne comprend pas la haine et l'acharnement dont certains le poursuivent avec une violence verbale qui ne cesse d'étonner. Ainsi pour Gérard Collomb, Perben serait " cuit " ; le maire de Lyon s'apprêterait à sortir des informations désagréables sur lui avec son ami Arnaud Montebourg qui se prend pour le grand justicier de la " nouvelle " gauche ; D'autres enfin, parmi les centristes, voudraient l'éliminer purement et simplement comme s'il représentait le diable en personne. Azouz Begag a même parlé de faire oeuvre de "résistance", Lyon étant la capitale de cette grande vertu. Mais enfin que je sache, Sarkozy n'est pas Pétain ni Perben son missi dominici ou son préfet à Lyon !
Il convient donc de s'interroger sur le pourquoi de cette haine. On ne doit pas chercher si loin l'explication. Contrairement à ce que soutiennent les cercles proches du maire, Dominique Perben est un candidat sérieux et surtout crédible. Il n'est pas un parachuté même s'il a eu une carrière locale ailleurs, ce qui est le cas de biens d'autres responsables. Mais il est né à Lyon, il y a passé son enfance et son adolescence ; il a été directeur général des services de la Région Rhône Alpes : n'est-ce pas là un brevet suffisant de citoyenneté lyonnaise ?
Dominique Perben a une grande expérience ministérielle et s'il devait être élu maire de Lyon, il mettrait en oeuvre ses relations et sa abonne connaissance des administrations parisiennes pour faire avancer les dossiers lyonnais. C'est un homme modéré, tolérant qui sait écouter et récolter les fruits de la concertation. Le dialogue à propos de l'hôtel Dieu a montré que les citoyens voulaient qu'on les écoute et qu'ils étaient prêts à participer à un dialogue interactif et démocratique. Le débat participatif n'est pas toujours l'apanage des gens de gauche, surtout dans certains arrondissements qui n'ont pas voté pour M. Collomb.
Tout cela inquiète d'autant plus le maire de Lyon que les sondages sont nécessairement fragiles et que l'écart entre les deux hommes tend à diminuer. Le départ d'Anne-marie Comparini laisse le centre, d'une certaine façon, orphelin à Lyon ; une chose est sûre : si parmi eux certains sont certains de s'allier avec Gollomb, alors il faudra le dire clairement aux électeurs qui ne sont pas forcément sur la même longueur d'onde...
Quant à la gauche, le maire craint peut-être que certains de ses adjoints acceptent un poste sur la liste de M. Perben en guise d'ouverture ; si cela se passe à Lyon comme N. Sarkozy a su le faire sur le plan national, il y a en effet du souci à se faire.
Enfin traditionnellement à Lyon, on coupe toutes les têtes qui dépassent...Or incontestablement, Dominique Perben a une envergure supérieure à ses concurrents, ce qui fait peur...
Quoiqu'il en soit, le respect de chacun devrait être la règle. Raymond Barre, dont G.Collomb se veut l'héritier d'une certaine façon, portait en lui cette qualité remarquable de toujours respecter la personne qu'il avait en face de lui, même par médias interposés. Il serait fort pertinent que le maire de Lyon s'inspirât de son modèle.
Patrick Martin-Genier
Juriste, universitaire, responsable associatif et ancien collaborateur de Raymond Barre à la Communauté urbaine de Lyon
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