Le studio Anatole veut rentrer dans le top 10 des studios en France @HugoLaubepin
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Studio Anatole  : les voix lyonnaises du cinéma international

Grande Saga d'entreprise - Si le doublage des films étrangers est un sport national en France, les Lyonnais du studio Anatole visent le podium. Fondés dans un cocktail explosif mélangeant le rock et le vélo, les studios des bords de Saône ont, à présent, une aura dépassant les frontières de Lyon.

La lampe rouge s’allume au-dessus de la porte. Immédiatement, les discussions cessent. Le temps d’un instant, le monde semble figé. La tension entre les murs ouatés est la même que les dernières secondes avant un lever de rideau au théâtre. Sur l’écran, les rues de New York. Un film américain défile sans un bruit, avec les répliques en dessous. Derrière une barre métallique, la comédienne brise soudainement le silence : “Joyeux Noël à tous !

Au cœur de l’été, alors que Lyon est écrasé par la chaleur, les ingénieurs du son du studio Anatole sont à pied d’œuvre. Il s’agit de doubler tous les téléfilms de l’hiver prochain. Les Français les découvriront sur les chaînes de télévision nationales ou les principales plateformes de streaming. Universal, Warner, EA Games, Disney, Amazon Prime, Canal+, YouTube, Ubisoft, et bientôt Netflix, pour le film ou les jeux vidéo, la liste des sociétés qui se présentent à la porte des Lyonnais est longue et prestigieuse.

Le fruit du travail d’un homme charismatique, Jean-Michel Borne, à qui tout semble réussir : entrepreneur prospère, ingénieur du son distingué, artiste à succès, champion de France de VTT… Difficile de résumer le destin spectaculaire de cet homme aux multiples casquettes. C’est maintenant son fils, Timothée Borne, et son associé, Vincent Veyrié, qui portent le studio. Et ces derniers voient grand. Longtemps Petit Poucet lyonnais derrière les Parisiens, le studio Anatole veut rentrer dans le top 10 des studios en France. En 2023, les dirigeants ont racheté un de leurs concurrents de la place lyonnaise, et ouvert un nouveau local ultramoderne. Dans le viseur : devenir un partenaire officiel de Netflix en France. Cette reconnaissance viendrait couronner les quarante-trois années de savoir-faire du studio.

Jean-Michel Borne, son fils Timothée Borne et son associé Vincent Veyrié @HugoLaubepin

1975 – 1986 : Une histoire de gones

Au commencement était le verbe, et le verbe était le rock’n’roll. Jean-Michel Borne, la vingtaine, est tombé dedans, dès le lycée, dans les années 70. En études d’architecture, il fonde le groupe des Redoutables avec deux amis, Pierre Jouishomme et Alain Lansard. “Dès 1980, avec l’idée de s’enregistrer, on met toutes nos économies d’étudiants dans un pas-de-porte à la Croix-Rousse et un petit magnéto à seulement quatre pistes. C’était le début de notre studio”, rappelle Jean Michel. Un rêve de jeunesse qui aurait pu s’arrêter là. Mais en 1982, le destin tape à la porte des Redoutables : ils ont l’opportunité de faire la première partie des Rolling Stones à Gerland. Pour le tout premier concert du stade : 50 000 personnes et une foule en délire. Le lendemain, les rockeurs passaient à France Inter et signaient un album chez Virgin. Une expérience fondatrice : “Ça nous a plu. Avec mon ami Pierre Jouishomme, on a décidé de passer de l’autre côté du micro.” Les deux comparses se lancent.

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