Interview formation - L'école de mode et de marketing du luxe, Supdemod, forme à Lyon les talents de demain depuis 1952. Juste avant une journée portes ouvertes le 9 mars, son directeur Jamal Hammouch revient sur ces secteurs "qui font rêver et paradoxalement font peur aux parents".
Lyon Capitale : La mode est partout, est-ce qu'on oublie parfois sa richesse et sa diversité ?
Jamal Hammouch, directeur de Supdemod : Les métiers de la mode restent des secteurs méconnus. Quand on parle mode, on pense prêt-à-porter, mais la mode avec un grand M, c'est aussi l'hôtellerie, la gastronomie, la joaillerie, l’industrie automobile. Prenons la voiture DS, à l'origine on pensait au général de Gaulle, quand on voit aujourd’hui, son design revisité, on est totalement dans la mode. Il y a une vraie appétence pour ces secteurs, la notion de création prend de l'importance, on le voit avec la tendance du "do it yourself", il y a une envie de savoir faire les choses et on peut accompagner les étudiants dans ce sens. Paradoxalement, si la mode et le luxe sont des secteurs qui font rêver et ils font aussi peur aux parents.
Que répondez-vous aux parents qui ont peur ?
Ce sont les chiffres qui parlent. En termes de chiffres d'affaires, la mode et le luxe pèsent plus que l’industrie de l’aéronautique et celle de l'automobile réunies. Ce sont des secteurs qui embauchent aujourd'hui, il y a encore de la création d'emplois. Rien que sur la métropole de Lyon, on le voit avec l'implantation de grands noms du luxe qui souvent se font discrets, comme Hermès et Chanel.
Comment aborder la mode à l'ère du numérique ?
Chez nous, le numérique est omniprésent, de la tablette graphique pour créer, jusqu'à des sites comme Showroomprive ou Amazon, dont on étudie les modèles économiques. Néanmoins, je le rappelle souvent ce ne sont que des logisticiens, leur problématique c'est de livrer en temps et en heure. Amazon, c'est le premier vendeur mode du monde, pour comprendre tous les rouages, il faut une approche transversale. C'est ce que nous faisons à travers les cours d'achats, de logistiques, de management, de marketing, de communication, en plus du design et du stylisme, qui sont souvent les deux seuls auxquels on pense quand on parle de mode, mais la mode c'est bien plus que ces idées reçues.
La tendance "do it yourself", "faites-le vous-même" a-t-elle changé les approches quand on voit des jeunes créateurs fabriquer seuls chez eux, puis vendre sur des plateformes comme Etsy ?
Ça peut paraître plus simple pour se lancer, mais encore faut-il trouver son marché, son modèle économique, sa cible, avoir la bonne communication. Le besoin de ces compétences est toujours là et nous pouvons les apporter. Nous accompagnons aussi nos étudiants dans leurs créations de marques, certains l'ont déjà fait. Lors de notre prochain défilé, le "do it yourself" sera à l'honneur et nous mettrons en avant des étudiants qui ont réussi à fonder leurs marques.
Ecole Supdemod, 4 rue Paul Montrocher, Lyon 2e arrondissement