Polémiques et petite guéguerre entre Geneviève de Fontenay et Endemol ont fait du concours de Miss France une affaire d'Etat. Contrariée de voir ses Miss céder à la télé-réalité ou aux photos à scandale, la dame au chapeau va organiser son propre concours de beauté. En rétorsion, la société miss France l'a sommée de ne plus approcher miss France 2010. Sylvie Tellier, Miss Lyon 2001 et Miss France 2002, prend donc la relève et tente de sauver l'événement d'Endemol.
Valérie Bègue, Chloé Mortaud, Kelly Bochenko. Ces dernières années les « Miss polémiques » se sont succédées sur le devant de la scène, engendrant une rupture entre la société Miss France, rachetée par la société de production audiovisuelle Endemol, et sa fondatrice Geneviève de Fontenay. Au milieu de ce conflit, Sylvie Tellier, Miss Lyon 2001 et Miss France 2002. Directrice générale de l'organisation, la jeune femme prend de plein fouet les scandales à répétitions qui entachent la popularité de la société Miss France. En désaccord avec Geneviève de Fontenay, quelle est sa vision de la société Miss France d'aujourd'hui ? Espère-t-elle vraiment prendre la place de la dame au chapeau ?
De Miss France à chef des Miss
En décembre 2001, Sylvie Tellier est élue Miss France 2002. Entre rencontres et voyages, la jeune femme va vivre un conte de fée. Cependant, l'aventure Miss France ne dure qu'un an. Alors surtout ne pas regretter. « Vous rencontrez en l'espace d'un an autant de personnes que vous auriez rencontrées dans toute une vie. On nous donne la possibilité d'essayer, de goûter à tout, la télévision, le journalisme.. Miss France c'est un sésame », nous a t-elle raconté.
Sylvie Tellier arrête ses études de droit et use de sa nouvelle notoriété pour intégrer en 2003 l'émission de Frédéric Lopez, « J'y étais », sur Match TV. En 2004, elle devient animatrice d'un journal people à Lyon, « Miss News », sur Radio Espace. « A l'époque, elle était très carré, très rigoureuse, mais aussi très professionnelle », rapporte Christian d'Aubarède, son ex-directeur d'antenne. Un an après, elle participe à Miss France en tant que jurée et écrit un livre avec Geneviève de Fontenay. Les deux femmes affichent alors une grande complicité. C'est à cette époque que Endemol décide de l'accueillir dans l'univers Miss France. Fini le journalisme. Un changement de cap s'opère. L'entreprise audiovisuelle cherche une personne qui fasse le lien avec Geneviève de Fontenay et qui sache, en même temps, faire évoluer l'institution. En 2007, elle devient directrice générale de la société. Le contrat de Xavier de Fontenay n'ayant pas été reconduit.
Un nouveau statut donc pour l'ancienne Miss Lyon. Un statut qui a de quoi faire changer d'attitude. Selon Laurent Argelier, journaliste spécialisé dans la presse people, la Miss affiche désormais une certaines froideur envers les journalistes. Alors qu'il travaillait sur la radio Hit and Sport et l'appelait souvent pour lui demander son avis sur les polémiques des Miss, il se souvient de ses réactions. « C'était le black out. Elle ne disait plus rien. Alors que Geneviève de Fontenay était toujours très disponible pour répondre à nos questions, Sylvie Tellier, qui me connaissait bien puisqu'on avait travaillé sur Radio Espace, nous a raccroché au nez ». Pour l'heure, l'amie, la fille spirituelle de Geneviève, a pris la tête de la société fondée par Geneviève de Fontenay et son mari, Louis. La dame au chapeau a semble-t-il trouvé sa Miss prodige qui saura poursuivre en toute fidélité son œuvre.
L'ambition d'Endemol : une télé-réalité Miss France ?
Poursuivre son œuvre, oui, mais apporter aussi quelques changements. Faire en sorte que l'élection de Miss France colle au maximum avec les jeunes femmes d'aujourd'hui, c'est ce que dit souhaiter Sylvie Tellier. « Notre volonté, tout en respectant les valeurs de Miss France, c'est-à-dire pas de vulgarité, des femmes polies et respectueuses, c'est de coller avec le 21ème siècle ». Une volonté à laquelle Geneviève de Fontenay ne croit pas. « Sylvie n’a pas eu le courage de manifester des positions qui étaient conformes à sa vision de Miss France lorsqu'elle a été élue. Elle avait la même image que moi mais elle a changé. Elle a fait un virage à 180 degrés et maintenant Endemol la tient par une laisse ! ». Pour la dame au chapeau, l'ambition de l'entreprise audiovisuelle est de transformer le concours de beauté en un show de télé-réalité.
Une idée que l'ancienne Miss Lyon réfute : « Depuis que je suis arrivée chez Miss France, j'entends dire ça. Maintenant que c'est Endemol, les Miss seront dans un loft, en string et se battront pendant trois semaines. Il faut arrêter ! Endemol n'a pas racheté la marque Miss France pour la faire voler en éclat ! ». Sylvie Tellier est aussi très agacée du lien que fait Geneviève de Fontenay entre l'organisation et Endemol. « On est dans une filiale de Endemol mais la direction artistique qui s'occupe de Miss France n'intervient pas dans la direction artistique de « La Ferme Célébrité », et inversement. Il y a une parfait indépendance entre ces sociétés. Et heureusement ! ».
Laurent Argelier ne croit pas non plus en ces paroles et estime que Sylvie Tellier, en tant que directrice de la société, n'est qu'une « formature Endemol ». Geneviève de Fontenay en rajoute : « Quand j’ai vendu la société, je l’ai vendue avec l’image et l'éthique de Miss France et ils ne l’ont pas respecté. Maintenant, il y aura la télé-réalité de Endemol, avec strings et paillettes, et de l’autre la France profonde avec ses valeurs », tempête-t-elle.
« Il n'y a qu'une Geneviève », dit-elle
L'annonce de la démission de Geneviève de Fontenay a laissé chez Tellier un sentiment de gâchis. « Geneviève est une femme que j'aime beaucoup. Oui, on n'est pas d'accord sur tout. Il y a eu des hauts et des bas. Mais on a toujours réussi à trouver un compromis qui faisait en sorte que ça fonctionne. Et la voir partir, je trouve que c'est du gâchis », lâche-t-elle très poliment. Un gâchis regrettable au vu de la popularité de Geneviève, qui peut facilement faire de l'ombre. Mais apparemment, Miss France 2002 assure ne pas vouloir de la place, et de l'image, de la « reine des Miss France », laisser vacante.
« Il n'y a qu'une Geneviève. Elle a une personnalité, un charisme que personne n'aura ». Au contraire, Sylvie Tellier nous a déclaré ne pas vouloir de la médiatisation. « Ce qui fait l'élection Miss France, ce sont les candidates. Pas les gens qui sont derrière », riposte-t-elle comme pour viser Geneviève qui accapare les médias. Réunies sur un même plateau au Grand Journal (Canal Plus), le 9 avril dernier, les deux cheftaines donnaient de la voix. Xavier de Fontenay, fils de Geneviève, y déclarait : "Ce n'est pas un couteau mais une hache de bucheron qu'elle lui plante dans le dos". Entre elles l'ambiance est électrique et la guerre déclarée.
Dilemme : iPhones ou déjeuner avec Geneviève ?
« Comité national Geneviève de Fontenay ». C'est le nom que portera le nouveau concours de beauté que la dame au chapeau veut créer dès la fin de cette année. Mais si elle assure que toutes les télévisions seront là pour voir couronner sa Miss et qu'elle « n’aura pas besoin d’aller les chercher », qui la suivra réellement ?
Endemol vient d'envoyer une lettre aux délégués régionaux pour leur dire qu'ils ont jusqu'au 10 mai pour choisir entre rester avec la société Miss France ou bien partir. Un choix difficile que certains comités auraient bien aimé ne pas avoir à faire. Rester avec Endemol et s'assurer cadeaux, voyages et show télévisé record pour leur Miss. Ou bien partir avec Geneviève, en gardant les valeurs profondes véhiculées par la dame au chapeau, sans pour autant être sûr que le projet se verra couronner de succès. Un ultimatum orchestré par la directrice de la société Miss France, Geneviève de Fontenay en est sûre. « Ils ont mis la pression, et en particulier Sylvie, sur les délégués régionaux pour qu’ils signent cette charte où ils ne feront les élections qu’avec Endemol », s'insurge-t-elle.
Pour l'heure, 14 comités sur 26 (en comptant l'Outre-mer) ont déjà choisi Endemol, dont celui de Rhône-Alpes. La directrice Andrée Michon a estimé qu'elle n'avait pas à se « plaindre de l'organisation ». Malgré les louanges fait à Geneviève de Fontenay lors de ses 30 ans à la tête du comité Rhône-Alpes, Andrée Michon a préféré les cadeaux high-tech (iPhones,..) plutôt que le déjeuner annuel des délégués régionaux de son amie Geneviève.
Ces annonces en cascade ont changé quelque peu la donne pour Geneviève de Fontenay. Même si elle assure que beaucoup de personnes sont prêtes à la suivre, notamment pour produire son concours de beauté, le nombre de comités qui lui tournent le dos au profit d'Endemol ne lui facilitera pas la tâche. Dans les guéguerres qui se jouent entre Endemol et Geneviève de Fontenay, l'ancienne Miss Lyon a pour l'instant gagné la partie. Sa légitimité et celle de la société Miss France restent sauves tant que les comités sont avec elle.
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