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Sytral : ne leur parlez plus d'OL Land !

Bernard Rivalta présentait jeudi 9 décembre le budget primitif 2011 du Sytral, syndicat mixte des transports en commun lyonnais. Mais il fut surtout question de la gestion de l’épisode neigeux et du prolongement de T2. A l’objectif Eurexpo, le président du Sytral a trouvé un autre but au tram : le rond-point Cassin de Chassieu. Un enjeu d’importance, semble-t-il. Gérard Collomb a allumé les Verts.

Avec le montant sans cesse rabâché de ses indemnités indûment perçues, Bernard Rivalta pourrait être fâché avec les chiffres. Il n’en est rien. Il présentait le budget primitif de 2011. Un exercice dans lequel il excelle : les comptes du Sytral sont bons, et il peut en expliquer chaque ligne. Ainsi il a souligné la progression des ventes de titres qui ont atteint 174 millions d’euros, soit 10% de plus que cette année. C’est la preuve d’une fréquentation accrue des TCL, et un encouragement à poursuivre les investissements (près de 500 millions en 2011). Pour le reste, l’endettement s’élève à 1 263 millions d’euros. Et le ratio de désendettement passe de 8,6 à 9,3 années.

L’emprunt, en hausse de près de 63 millions d’euros, atteint 166 millions d’euros. Il expliquera par la suite que le Sytral a consulté plus de "trente banques" et constitue "l'une des meilleures signatures de France". "Et nous n'avons pas eu d'emprunt pourri", précise-t-il.

L’habituel ping-pong Vessiller-Rivalta

Fort de cette présentation, le président du Sytral attendait avec gourmandise les questions, s'attendait à moult félicitations. Le cérémonial est bien huilé : c'est Béatrice Vessiller qui prend la parole et le président se cabre dans son fauteuil. L'élue écologistes se "réjouit de la bonne santé financière du Sytral". Elle relève notamment la tenue du versement transport, acquitté par les entreprises, qui va progresser malgré la morosité, de 245 à 250 millions d’euros en 2011. Et encore estime-t-elle, le président est "un peu trop timide" dans son évaluation. "Je suis d'accord avec la plupart des investissements", reconnaît Vessiller. "Sauf ceux que vous ne votez pas", grince Rivalta. Elle opine, rappelle son opposition à la desserte du Grand Stade et s'interroge sur l'avancée des couloirs de bus - le Sytral en avait promis 80 km supplémentaires lors de ce mandat. Elle ne recevra aucune réponse sur ce point.

Thevenot plein de réserves

Robert Thévenot (UMP) prend la parole, jouant comme d'ordinaire l'opposant de pacotille. "Je voterai le budget avec une réserve qui concerne l'investissement du projet de desserte de l'hypothétique Grand Stade, avec toutefois une réserve pour T2 qui dessert Eurexpo". Il fallait bien une réserve à sa réserve : une trop grosse réserve pouvant fâcher. Il profite de son intervention pour regretter que lors de l'épisode de neige, il n'y avait que "trois malheureux tracteurs de type Fenwick pour déneiger le parking de Pollutec". Rivalta précise, pour protéger Collomb qui est sur sa gauche, que le déneigement d'Eurexpo n'est pas une compétence communautaire. Et pour désamorcer d'éventuelles critiques sur la réaction tardive des services le 30 novembre dernier, il explique qu'à Paris un produit "préventif" avait été appliqué sur la chaussée avant les chutes de neige, mais comme la pluie est d'abord tombée, tout est parti dans les égouts et l'opération n'a servi à rien. Quand il neige, "à part demander là-haut au cardinal, il n'y a pas grand chose à faire", a-t-il plaisanté. Il a expliqué que la première fois, il a été décidé que les voies de bus soient dégagées en priorité. Les usagers peuvent en témoigner, eux qui n’ont rien vu passer devant les abribus.

Collomb contre "l’écologie verbeuse"

"Après ce qui s'est passé à Paris, c'est un succès considérable la façon dont nous avons déneigée", s’est gargarisé Collomb. Pour le maire de Lyon, les opérations ont permis que la situation soit "nickel" le lendemain, alors que la capitale est paralysée. Puis le maire s'est payé Vessiller, tout à la fois représentante et bouc-émissaire de la cause écolo. Le président de l’agglomération conçoit ainsi ses interventions au Sytral : alors que Rivalta répond à l’ordre du jour, lui s’offre une tribune qu’il utilise comme bon lui semble. Confiant avoir eu au téléphone le directeur de Reed, organisateur de Pollutec, ce dernier l'aurait menacé de quitter Lyon si la desserte n'était pas améliorée. Pour s'opposer au prolongement de T2, "il faut être butée", a tonné Collomb, se tournant vers l'écologiste. Tout rouge, il se met à crier. Comme une colère surjouée, un auto-emballement.

Ce 30 novembre, "il n'y avait que le métro et le tram" en état de marche, dit-il, oubliant un peu vite que T2 a été justement perturbé toute la journée. Il pointe de ses deux index l'élue villeurbannaise, à l’instar d’un taureau à longues cornes qui chargerait son torero. "Vous emmenez l'agglomération lyonnaise dans le mur (...) aujourd'hui, il y a deux écologies. L'écologie verbale, verbeuse" et la sienne. Et quand il vante ses actions, il prend tout d'un coup une voix caverneuse, jouant la solennité, au risque d’être inaudible. "Cette ville développe une priorité écologique mais c'est nous qui la portons", conclut-il.

Fayot, Thévenot rappelle qu'il "n'a jamais voté contre T2" mais qu'il "s'est seulement abstenu" - c'était souvenez-vous la réserve à sa réserve. Vessiller observe quant à elle que la desserte d'Eurexpo aurait pu être obtenue par une ligne A8 de transports en commun – un axe reliant Vaulx-en-Velin à Vénissieux. "Ne cherchez pas des arguments qui ne tiennent pas debout", a éludé Rivalta. Denis Broliquier, authentique opposant, "apprécie la gestion financière, le montant d'investissement et le desserte de T2". Mais il "récuse les choix fondamentaux", estimant qu'une "autre politique de transports en commun est possible", sans donner plus de contenu à son observation.

Prolonger T2 pour la place Cassin

Rivalta reprend son plaidoyer pro-T2, se défendant de servir OL Land. Cachez ce grand stade que je ne saurais voir : il n'est plus question que d'Eurexpo, selon la nouvelle communication adoptée tant par le Sytral que le Grand Lyon. Mais le président du Sytral a trouvé un autre objectif à ce chantier : une place à Chassieu qui serait traversée par le tram. Mais alors qu’il en fait l’exposé, impossible pour lui de retrouver son nom. Il l'a sur le bout de la langue... C’est un collaborateur qui le lui souffle : Cassin. Le fameux rond-point Cassin, un enjeu d'agglomération celui-là ! Lequel deviendrait un pôle communal intermodal. "Si on ne veut pas de ce projet, c'est qu'on ne veut pas de la desserte d'Eurexpo et de Chassieu. Mais il faut le dire jusqu'au bout", a prévenu Rivata, courroucé. Personne n'a osé assumer se désintéresser de la place Cassin alors le président a poursuivi : "si en arrière-pensée, ça peut desservir un grand équipement économique (comprendre l’OL Land, NDRL), j'en serais heureux". Et Collomb avec lui.

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