Sytral, Ville de Lyon, département, eurométropole... C’est qui le patron des bus ?

Michel Mercier, Gérard Collomb et François Hollande nous ont bien fait rêver avec l'“eurométropole”. L’espace de quelques semaines, on a vraiment cru en leur volonté de simplifier le millefeuille de la démocratie locale...

Imaginons un citoyen du 5e arrondissement qui aimerait que le bus en bas de chez lui circule un peu plus tard le soir, pour rester manger chez sa vieille tante avant de rentrer. À qui doit-il adresser sa requête ? Doit-il se rendre à sa mairie de quartier et prendre rendez-vous avec Bertrand Jabouley, adjoint “Gestion urbaine de proximité, propreté, voirie, déplacements” ? Lui, il le connaît, il était sur la liste de Gérard Collomb pour laquelle il a voté aux dernières municipales.
 Ou doit-il descendre à la mairie centrale et choisir entre Jean-Louis Touraine, 1er adjoint à la ville de Lyon, en charge entre autres de l’“optimisation des déplacements”, Thérèse Rabatel, 13e adjointe aux “temps de la ville”, Gérard Claisse, 14e adjoint en charge de la relation avec les usagers, ou encore Gilles Vesco, 20e adjoint aux “nouvelles mobilités” ?

Chaque commune du Grand Lyon, chaque arrondissement a pareillement un ou plusieurs adjoints en charge des transports. Cela fait une centaine d’élus, naturellement indemnisés pour cette fonction essentielle, mais qui n’ont en réalité aucun pouvoir... Car la politique des transports se décide à un niveau supérieur. Tout le monde vous le dira. Certes, mais lequel ?

Avant que la réforme Mercier-Collomb ne fasse effet, notre citoyen peut encore aller voir le sympathique Georges Barriol, vice-président du conseil général aux “transports de l’agglomération lyonnaise”. Sauf s’il souhaite rendre visite à sa vieille tante du Beaujolais, dans ce cas il vaudra mieux aller taper aussi à la porte de Denis Longin, le vice-président aux “transports hors agglomération”. C’est plus prudent. Grâce à la réforme Mercier-Collomb, le département sortira du jeu. Ne croyez pas que le millefeuille en sera simplifié : à la place, seront créées 9 conférences des maires, qui ont vocation à devenir des minicollectivités entre la commune et le Grand Lyon. Ne doutons pas que les 9 présidents se doteront alors chacun d’au moins un vice-président en charge de la politique cruciale des transports... Quoi qu’il en soit, ce ne sera toujours pas à ce niveau que cela se jouera.

Non, le mieux sans doute, et le plus évident, c’est de se rendre au siège du Grand Lyon. Pour voir qui ? Michèle Vullien, 11e vice-présidente aux “transports collectifs”, ou l’un de ses 40 collègues vice-présidents aux domaines de compétence parfois bien difficiles à délimiter ? Non, ce n’est toujours pas là que ça se joue... c’est au Sytral ! Une assemblée d’élus, qui ont été élus par des élus, eux-mêmes élus par d’autres élus, dont il fallait retenir le nom sur les listes du maire élu aux dernières municipales... En allant voir Bernard Rivalta, président du Sytral (ou l’un de ses 16 membres), notre citoyen a-t-il enfin trouvé la bonne porte ? Ce serait apparemment trop simple...

Car, à juste titre sans doute, beaucoup de voix se sont élevées pour dire qu’il fallait simplifier un minimum l’organisation régionale des transports : pour aller de la banlieue de Saint-Étienne à celle de Lyon, il faut parfois prendre 5 réseaux (Rhône, TCL, TER, STAS, Loire), avec 5 tarifs, pour un seul trajet dans ce qui est censé être une métropole... Notre brave citoyen pourrait donc gagner à rencontrer Éliane Giraud, vice-présidente du conseil régional aux transports.

La seule chose qui l’embête, c’est que, de tous les élus que nous avons cités, il ne sait rien : aucun n’a jamais figuré sur un bulletin de vote qu’il a eu à choisir... Devant qui sont-ils responsables ? Mystère... Michel Mercier et Gérard Collomb nous ont promis une simplification. On voit pour l’instant qu’ils vont créer 9 nouvelles institutions, qui s’ajouteront au millefeuille. Peut-on espérer mieux de François Hollande et de sa promesse d’un acte III de la décentralisation ? Apparemment, même Jean-Jack Queyranne en doute fortement. Et pour cause : au lieu de renforcer le leadership régional en matière de transports, il est sérieusement envisagé de s’appuyer sur un “syndicat régional des transports”, qui regrouperait différentes collectivités. Une nouvelle instance. Il en manquait, sans doute !

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À lire dans Lyon Capitale-le mensuel de mars :

Le Super Grand Lyon ou l’usine à gaz de Gérard Collomb : organisation, économies promises… l’analyse détaillée du projet de “métropole”, avec la carte des 9 “conférences des maires”.

Lyon Capitale n°720 est en vente en kiosques jusqu’au 28 mars, et dans notre boutique en ligne.

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