La fiscalisation des allocations familiales ? L'une ne s'y dit "personnellement pas favorable", l'autre annonce qu'il faut "faire attention". La ministre des Affaires sociales et le maire de Lyon sont sur la même longueur d'onde. Quant aux Français eux-mêmes, ils ont évolué sur cette question... mais pas autant que les sympathisants UMP.
Les allocations familiales, versées sans condition à tout foyer à partir de deux enfants, seront-elles bientôt taxées ? Le gouvernement explore trois pistes pour ramener la sécurité sociale à l'équilibre 2016. Parmi celles-ci, l'intégration des allocs dans le calcul de l'impôt. Si tout le monde s'accorde sur la nécessité d'une réforme – la ministre Marisol Touraine y compris – les moyens pour y parvenir divisent.
"Je ne suis pour ma part pas favorable à une fiscalisation des allocations parce qu'au fond, cela aboutirait à ce que des ménages modestes qui ne paient pas aujourd'hui d'impôt soient touchés, a-t-elle indiqué lundi sur i-Télé. D'autres perspectives peuvent être envisagées."
Plafonner les allocs : le "oui, mais attention" de Gérard Collomb
Gérard Collomb, invité dans l'émission "Tous politiques" dimanche sur France-Inter, va dans le même sens : "On a une démographie qui fait qu'on ne va pas connaître, sur les questions de retraite, les problèmes que connaîtront les Allemands dans dix ou quinze ans. Donc, il faut faire attention, lorsqu'on touche à des problématiques comme les allocations familiales, à ce qu'on ne casse pas ce qui fait qu'aujourd'hui, la France va plutôt de l'avant."
Plafonner les allocations ? "Je dis oui, mais attention où vous mettez le curseur, prolonge le maire de Lyon. Si, effectivement, un certain nombre de couches moyennes se trouvent aujourd'hui touchées par la réforme des allocations familiales, attention aux conséquences. Quand on prend des décisions, il faut toujours se demander : en positif, ça donne ça, mais est-ce qu'il n'y a pas quelque part un effet induit ?"
Et les Français, ils en pensent quoi, des allocations familiales ?
Selon un sondage Ifop (mi-mars) pour le "Journal du Dimanche", 66 % des Français seraient favorables à une réduction voire une suppression pure et simple des allocations familiales pour les revenus les plus élevés, deux fois plus que les opposants (1 % sont sans opinion). Les sympathisants du Parti socialiste sont 76 % à soutenir ce projet, contre 71 % pour ceux de l'UMP, 66 % pour le Front de gauche et 56 % pour le FN.
L'opinion des Français a légèrement évolué depuis que le gouvernement Hollande a dévoilé ses projets. Selon un sondage mené fin février par le même Ifop (cette fois pour "Le Figaro"), ils étaient alors 71 % à se montrer favorables au plafonnement des allocs (soit suppression au-delà d'un certain revenu, soit réduction). Côté socialiste, la mesure remportait 79 % des suffrages (donc un peu plus qu'à la mi-mars). Du côté des sympathisants UMP, on a été largement conquis par l'idée ces dernières semaines, puisqu'ils n'étaient que 59 % à consentir à ce système fin février.
La fiscalisation, quant à elle, était rejetée par 55 % des sondés fin février.