Entretien – Directeur discret mais connu pour son efficacité de Keolis, Pascal Jacquesson a tiré la sonnette d’alarme cet automne, face à un réseau qui devenait toujours plus saturé, et proposé une solution rapide. Keolis a tout à y gagner : plus de voyageurs, c’est aussi plus de recettes. En 2018, l’entreprise a réalisé un bénéfice record : 7,7 millions d’euros (redistribués à 40 % aux salariés).
Lyon Capitale : Y a-t-il un basculement vers les transports en commun ? Pascal Jacquesson : Je ne pense pas à un basculement massif de l’état d’esprit, mais à un ensemble d’éléments qui permet le basculement. Quand vous avez une augmentation du prix des carburants, il y a un impact : les gens calculent le coût de leur voiture avec ces hausses brutales. À Lyon, il y a eu une augmentation du forfait post-stationnement, une politique dissuasive contre les voitures avec des aménagements comme Garibaldi, Lafayette – on admet qu’on va réduire la place dédiée aux véhicules, on crée des trottoirs plus larges. Il y a une évolution de la réflexion citoyenne, avec des habitants des centres des métropoles qui vont naturellement vers les transports en commun. Enfin, l’activité économique a redémarré. Comprenez-vous l’impression qu’ont les voyageurs que le réseau est sous tension ? On a une évolution de fréquentation très significative de 4 à 5 %, ça change tout. Très clairement, on est sous tension de charge, c’est un constat qu’on fait, sur tous les modes, à part le T5. Les lignes de bus qui sont sous tension, ce n’est pas deux ou trois. Parfois des gens doivent laisser passer un métro en heure de pointe, parfois deux (ça m’arrive aussi) ; la moindre irrégularité se traduit par un impact sur le voyageur, c’est vrai, il se demande ce qu’il se passe. 5 %, c’est 90 000 voyages de plus par jour, cette sensibilité vient de ça. Plus ça devient bon, plus les gens deviennent exigeants, et c’est normal. En termes de qualité de service, on ne peut pas faire marche arrière, c’est une bonne chose. C’est un défi d’amélioration. Quelles réactions avez-vous eues face à ce réseau sous tension ?
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