Demain, il se pourrait que l'on appose cette mention sur tous ces objets dont on a du mal à se séparer. La première et seule étude officielle réalisée en France sur la téléphonie mobile conclut en effet : "Bien que ces résultats ne soient pas statistiquement significatifs, il y a une tendance générale à un risque accru de gliomes (tumeurs cancéreuses, ndlr) chez les gros utilisateurs : usagers de longue date (et) gros consommateurs". Effectuée sur un échantillon de 300 Lyonnais et Parisiens atteints de tumeurs cancéreuses, cette étude Interphone France vient d'être publiée* sous l'égide du Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) de l'OMS (basé à Lyon). Et elle gêne aux entournures. Nombreux sont en effet les scientifiques, hommes politiques, et bien sûr industriels de la téléphonie mobile qui s'appuient sur un avis de cette même organisation internationale de la santé de 2000 (confirmé en 2004), lequel affirme qu'"aucune des études entreprises récemment ne permet de conclure que l'exposition à des champs de radiofréquence émis par les téléphones mobiles ou leurs stations de base a une incidence néfaste quelconque pour la santé". En octobre 2007, ce jugement semble à réviser. D'autant plus que diverses analyses et études sont sorties ces dernières semaines confirmant les résultats d'Interphone France. Citons les deux principales. L'analyse menée par le professeur suédois Hardell conclut qu'au-delà de 10 ans d'utilisation d'un téléphone portable, le risque d'avoir une tumeur cancéreuse du côté où l'on a l'habitude de porter l'appareil est multiplié par deux. Quant aux scientifiques américains du BioInitiative Working Report, ils montrent qu'utiliser le téléphone mobile augmentent les risques non seulement de cancers mais aussi de problèmes neurologiques et de perte de résistance aux agressions génotoxiques.
L'OMS minimise
Martine Hours, coordinatrice du projet Interphone pour la France, tente de minimiser la portée de sa propre étude : "Nos résultats ne sont pas significatifs car on a manqué de sujets. (...) Ce n'est pas sur une étude qu'on peut dire si le portable nuit à la santé. Cela ne peut se faire qu'au regard des autres études. Il faut attendre de regrouper les 13 études Interphone au niveau de l'OMS, pour avoir une idée plus claire". Michèle Rivasi, la présidente du Criirem** accuse Martine Hours de "frilosité" en raison de sa fonction de présidente du Conseil scientifique de la Fondation Radiofréquence dont font partie les industriels du secteur de la téléphonie. "On a maintenant un faisceau de preuves qui montrent qu'il y a des risques importants. (...) Madame Hours me fait penser aux scientifiques qui faisaient partie de la Commission amiante. Financés par les industriels, ils disaient : "on n'a pas tous les éléments de preuve, il faut encore attendre". En ayant cette attitude, vous augmentez le nombre de cancers alors que maintenant, il faut agir !" Opposées sur la question de savoir si les risques sont avérés ou pas, Martine Hours et Michèle Rivasi se rejoignent tout de même sur un point : la manière d'utiliser son portable. Qu'il s'agisse de mesures de "précaution" pour la première ou de "prévention" pour la seconde, elles conseillent de limiter au maximum les appels (lire encadré). Mais pour les associations*** qui se battent pour réduire la pollution életromagnétique, leur combat ne se limite pas à de simples recommandations d'utilisation. Toujours au cœur de leurs propositions : "porter à 0,6 volt par mètre le seuil d'exposition du public aux ondes générées par la téléphonie mobile". Le Grenelle de l'environnement leur a donné un début de satisfaction en abordant brièvement cette question dans le document finale. Des perspectives d'évolution sont ouvertes puisqu'il est promis un chapitre "électromagnétisme" dans la future loi programme issue du Grenelle et, surtout, de "déterminer la valeur limite d'émission en matière de téléphonie".
*L'étude a été publiée dans la Revue d'Epidémiologie et de Santé publique, en septembre 2007.
**Criirem : Centre de recherche et d'information indépendantes sur les rayonnements électromagnétiques.
***Criirem, Robin des Toits, Priiartem et Ecologie sans frontière
Du bon usage du portable
Pour la première fois, la présidente du Conseil scientifique de la Fondation Radio Fréquence (dont font partie par les industriels de la téléphonie), Martine Hours, se prononce dans Lyon Capitale en faveur de l'application du principe de précaution. Elle rejoint ainsi les recommandations du Criirem de Michèle Rivasi et d'autres associations sur la manière d'utiliser son portable.
Il est conseillé :
- d'utiliser les kits oreillettes
- de ne pas téléphoner là où il y a des difficultés pour capter
- de ne pas coller son portable à l'oreille quand il recherche le numéro appelé.
- pour les enfants, mieux vaut qu'ils ne l'utilisent pas.
Les commentaires sont fermés