Joël Troussier vit à Villeurbanne. À l'âge de 26 ans, il est condamné dans la Marne à la réclusion criminelle à perpétuité pour le meurtre d'un militaire. En prison, il parviendra à commuter sa peine à 20 ans, avant de sortir en 1999. Cette semaine, il livre son témoignage à la rédaction de France télévision.
Peut-on espérer une autre vie après une condamnation à perpétuité ? À priori, non. C'est pourtant ce qu'il est arrivé à Joël Troussier, qui livre son histoire sur le site de France Tv Info. L'homme vit aujourd'hui à Villeurbanne avec sa femme, rencontrée alors qu'il était en détention, et sa fille, née quelques années après sa libération.
Tout commence en 1980 dans un bar de Reims, où une remarque d'un jeune militaire à l'encontre d'un ami handicapé se transforme en duel à l'arme blanche. L'arme est posée entre les deux hommes, le premier qui la ramasse tue l'autre. Joël Troussier prendra l'arme en premier et tuera de sang froid le jeune militaire. Quatre ans plus tard, la peine tombe : réclusion criminelle à perpétuité. Pendant toutes ces années en prison, Joël Troussier raconte avoir été bouleversé par la lecture, notamment celle de "l'Etranger" d'Albert Camus.
Il passera en prison deux licences en psychologie et en sociologie, et un master de philosophie. À force de se cultiver, l'homme est respecté par les plus jeunes, il se plonge également dans le droit et saisi l'opportunité de commuter sa peine en 20 ans de prison. Plus tard, afin d'appuyer ses demandes de libération successives, il obtiendra de la part de la mairie de Villeurbanne un emploi comme éducateur une fois sortie de prison, en 1999.
"L'homme peut changer" affirme désormais ce père de famille qui souhaite aujourd'hui "se rendre utile". C'est notamment pour cela que depuis un an, Joël Troussier anime des ateliers dans un maison d'arrêt de l'Hérault, même si "retrouver l'odeur et la moiteur des prisons a été difficile. Je suis content que l'on ait fait appel à moi. Ce n'est pas une revanche, juste la preuve que l'homme peut changer."