Tensions à l’Auditorium : La ville de Lyon renvoyée devant la justice administrative

Mardi 23 mars, Jun Märkl, le chef allemand de l’Orchestre National de Lyon (ONL), a déposé par le biais de ses avocats un recours devant le tribunal administratif de Lyon.

Depuis que Laurent Langlois a été nommé directeur général de l’Auditorium le 5 mai 2009, de vives tensions minent la vie de l’Orchestre National de Lyon. (lire ici le récit qu'en faisait Lyon Capitale dans son mensuel de novembre) La majeure partie des musiciens de l’orchestre reproche à M. Langlois son management brutal, mais surtout son ingérence dans les choix artistiques du maestro Jun Märkl alors que le contrat de ce dernier stipule qu’il a « l’entière autorité artistique sur la programmation de l’orchestre ». Langlois, un administratif débarqué de Rouen, intervient délibérément sur les choix artistiques ou discute des artistes invités de l’ONL.

La situation est tellement conflictuelle entre les deux hommes qu’elle a atteint un véritable point de non-retour. Dans cette affaire, la ville de Lyon a exercé une médiation tiède qui laissait penser qu’elle minaudait, qu’elle ne choisissait pas vraiment son camp, mais surtout qu’elle ne mettait pas tout en œuvre pour trancher ce conflit. En réalité, la ville a choisi son camp et c’est celui de Langlois. Elle l’a démontré début mars.

Droit de veto

La mairie vient d’engager une nouvelle directrice de la communication à l’Auditorium. Nelly Bonnet a en effet signé un contrat de travail le 10 mars dernier. Jun Märkl n’a jamais été informé de cette embauche alors même qu’il dispose d’un droit de veto pour ce type de recrutement. Son contrat de travail signé en 2005 par la main de Gérard Collomb indique en effet à l’article 2 qu’il « sera consulté pour l’engagement de tout membre de l’Auditorium-Orchestre National de Lyon en contact professionnel direct avec lui – il disposera également d’un droit de veto sur la nomination d’un éventuel directeur de la communication de l’orchestre ».

Une directrice de la communication vient d'être recrutée mais Jun Märkl n'a même pas eu l'occasion de faire jouer ce droit de veto qui lui donne le droit de refuser n'importe quelle candidature même si elle a été choisie par le maire de Lyon en personne. Jun Märkl a donc décidé de déposer une requête devant le tribunal administratif de Lyon demandant l’annulation du contrat de Nelly Bonnet.

Humiliations

Rédigée par l’ancien bâtonnier Philippe Genin, la requête dénonce une « manœuvre infamante supplémentaire de Monsieur Langlois ». En l’espèce, cette « manœuvre » est une petite humiliation vécue par M. Märkl. Le 1er mars, Laurent Langlois conviait tous les personnels de l’Auditorium à un « café-croissants » pour présenter les nouveaux collaborateurs de l’institution, dont Nelly Bonnet. M. Märkl n’y a pas été convié. Un épisode qui s’ajoute aux nombreuses autres petites humiliations vécues par le chef allemand comme ce changement de plaquette qui présentait initialement l’image d’un Jun Märkl au pupitre et qui a été réimprimé avec en lieu et place de Märkl… Guignol. (lire l’épisode rapporté par nos confrères de Libélyon).

Petites libertés

Mais il n’a pas suffit que la ville de Lyon s’assoit seulement sur le contrat de Jun Märkl, elle se serait même assise purement et simplement sur le droit. Car le contrat de Nelly Bonnet pourrait être illégal. Mme Bonnet étant simplement contractuel, des fonctionnaires titulaires auraient très bien pu occuper ce poste. Or, il semble qu’aucun appel à candidature dans la fonction publique territoriale n’ait été lancé par la ville de Lyon. Ces petites libertés avec le droit prouvent à ceux qui en doutaient encore qu’entre Märkl et Langlois, la ville de Lyon a choisi Langlois. Quitte à prendre le risque idiot de se faire retoquer par la justice administrative pour une banale histoire de contrat de travail.

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