Mercredi 19 janvier, le sénateur Jacques Berthou (PS) avait donné rendez-vous à Miribel aux usagers de la ligne Lyon-Ambérieu pour leur donner la parole. Salle comble pour dire le ras-le-bol général. A écouter : la réaction de Jacques Berthou, sénateur socialiste, qui a décidé de donner un coup de pouce aux usagers des TER.
"Il faut arrêter avec les éléments conjoncturels comme la météo. On n'est ni au Pôle Nord, ni en Sibérie," s'indigne un voyageur SNCF. Ras-le-bol ! C'est le mot d'ordre des usagers qui prennent des TER tous les jours et vivent dans l'angoisse des retards et des suppressions de trains. En un mois, depuis le 12 décembre, 320 trains sont partis en retard. En réaction, 300 usagers de la ligne se sont réunis à Miribel mercredi dernier.
Jacques Berthou, sénateur socialiste, s'est également réjoui de la présence de nombreux élus de l'Ain et du Rhône, à la réunion publique qu'il avait convoqué, aux côtés de l'association de défense des usagers de la ligne Lyon-Ambérieu (ADULA). En revanche, tout le monde a noté l'absence des représentants de la SNCF. Certains ont évoqué "le mépris de Mme Beaud" pour les usagers.
Lyon-Ambérieu: la situation a empirée
2010 a été une année noire pour l'ADULA, présidée par Jean-Pierre Frencel. Ce dernier a traité en 2010 plus de 1000 mails et 500 appels téléphoniques. "On ne demande pas grand chose, juste des trains à l'heure ", s'indigne une mère de famille, qui fait tous les jours Lyon-Meximieux. Outre les problèmes de qualité du service, avec les nouveaux horaires de décembre, trois trains ont été supprimés, ce qui joue cette fois sur la quantité. Un usager s'interroge : "on nous parle de rodage depuis 2006, mais les problèmes sont les mêmes, voire ils ont empirés." D'autant que la gare de Perrache est aussi moins desservie, ce qui oblige les usagers à prendre un double abonnement (SNCF et TCL). Des frais supplémentaires pour 500 voyageurs. "Avec le développement de Confluence, c'est incompréhensible qu'on supprime les trains qui vont à Perrache," lance un usager.
Même écho des élus. Rachel Mazuire (PS), président du Conseil général de l'Ain, a insisté : "de subir de plus grandes difficultés horaires que par la route, c'est tout simplement inadmissible". Charles de La Verpillière (UMP), député de l'Ain, a de son côté défendu des "des choix de vie". "Ces travailleurs ou ces étudiants qui pensaient faire l'aller-retour dans la journée sans encombres se heurtent à des retards inacceptables." Tous deux n'ont pas voulu rejeter toute la responsabilité sur la SNCF et ont évoqué une pluralité de responsables : la SNCF bien sûr, mais aussi RFF, l'Etat et la Région qui reste l'autorité organisatrice des transports.
"Ce que les gens de cette ligne vivent, ce sont des choses dramatiques. "
La région Rhône-Alpes, représentée pour la réunion, a adressé un courrier à la SNCF, lui demandant des propositions concrètes d'améliorations. "Le contrat d'objectif est loin d'être rempli. On a 57% de trains à l'heure, au lieu de 92%. La désignation tardive des comités de ligne n'a pas aidé à réagir vite mais la région s'active," a répondu Catherine Pidoux (PRG), conseillère régionale, aux usagers en colère. "Ce que les gens de cette ligne vivent, ce ne sont pas des anecdotes, ce sont des choses dramatiques. " La conseillère régionale faisait sans doute écho aux deux procès intentés contre la SNCF, par deux usagers de la ligne Lyon-Ambérieu: l'une ayant perdu son travail à cause de retards répétés et l'autre ayant manqué le concours d'entrée à l'Institut Régional de l'Administration.
"C'est un service sinistré, on n'a plus aucune certitude. Et des gens qui avaient pris l'habitude de prendre le train, risquent de revenir à la voiture, ce qui est un non-sens ", souligne le sénateur socialiste Jacques Berthou, également maire de Miribel, qui s'est fait l'écho des usagers et prend la question très à cœur (cf. Interview). "Tout cela, c'est lamentable. On a tout misé sur les TGV et voilà le résultat. La coupe est pleine ", enrage Jean Chabert, vice-président d'une association d'usagers rhônalpine. Parce que ce sont aussi les lignes Lyon-Dijon, Lyon-Grenoble qui dysfonctionnent... La SNCF doit faire face à un nombre de plaintes écrasant.
Les 300 personnes présentes ont toutes signées la pétition qui exige le rétablissement des trains supprimés et des améliorations sur la ponctualité. Ce qui fait déjà plus de 1100 signatures. Des signatures qui seront portées par sept parlementaires dont le sénateur Jacques Berthou aux ministres Mariani et Kosciusco-Morizet. Les 14 associations d'usagers en Rhône-Alpes prévoient aussi des actions prochainement. "On va probablement faire une grève de présentation des titres de transport," explique Jean-Pierre Frencel. Cela se pratique déjà sur la ligne Paris-Tours. La SNCF, qui vient de lancer un plan de renforcement de la qualité sur 12 lignes nationales "malades", dont Lyon-Ambérieu, a promis de répondre à toutes les questions, lundi prochain.
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Le problème de fond, c'est que les horaires qui sont conçus tiennent sur le papier, mais pas sur les rails : ce sont des promesses de gascon. Or la SNCF s'engage contractuellement avec la Région à assurer le service qu'elle propose en réponse au cahier des charges de la Région. Si elle le propose, c'est que ça passe. Or ça ne passe pas...