Et pour cause, la société annonce un bénéfice en hausse de 467%! 960 000 euros contre seulement 171 000 euros un an plus tôt. De quoi faire rêver en effet des actionnaires qui n'avaient plus beaucoup de perspectives de gagner de l'argent avec le titre. Mais, malheureusement (pour eux), les actionnaires sont trop peu attentifs. Ils se sont contentés du communiqué de presse sans regarder dans le détail le rapport annuel de la société, un épais et peu digeste document de 120 pages.
Lorsqu'on observe attentivement les chiffres et les différentes lignes comptables, on s'aperçoit en réalité que ce bénéfice extraordinaire est dû à un artifice comptable caché dans les comptes d'Artprice.
Car les actionnaires devraient se poser cette question simple: comment expliquer cette hausse du bénéfice alors que le chiffre d'affaires a, lui, peu augmenté: 5,725 millions en 2008 contre 5,262 millions en 2007 (+9%). Les comptes démontrent un écart important dans la ligne comptable " dotations aux amortissements et provisions ". Il s'agit du montant évaluant la dépréciation ou la perte de valeur (machine, construction, etc.) dûe à l'usure ou à des événements particuliers. Entre 2007 et 2008, on constate un écart de près 700 000 euros en raison de " reprise " de provision, autrement dit la société a estimé qu'elle avait beaucoup trop provisionné cette ligne comptable l'année précédente.
Par ailleurs, Artprice comptabilise près de 300 000 euros de facturations réalisées par des transactions avec Groupe Serveur, le holding de tête d'Artprice. En clair le bénéfice de 960 000 euros est dû pour une grande part à cette reprise de provision et reclassement d'actif pour près de 700 000 euros, et d'autre part sur des bénéfices de près de 300 000 euros réalisés par des transactions avec Groupe Serveur.
Vu le détail des chiffres, il semble que la bourse s'emballe pour pas grand chose car le bénéfice n'est pas lié à la performance d'Artprice. D'autant que la 'pépite', comme on l'a surnomme, doit près de 1,5 million d'euros à sa maison mère, Groupe Serveur. La somme est liée à des abandons de créances de Groupe Serveur à sa filial, somme qu'il va bien falloir rembourser un jour.
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