Décryptage.
La position de Gérard Collomb était devenue intenable. Après la révélation par Lyon Capitalelien, du recrutement de son fils aîné au poste de responsable sécurité du Sytral, la polémique n'a pas tardé à faire le tour d'Internet. Sur le site de Lyon Capitale, comme sur les sites qui ont repris l'information comme Rue 89 ou LibéLyon, les commentaires ne laissaient pas de doute sur la manière dont la "vox populi" percevait ce recrutement. Certains prennent la défense de Collomb, mais ceux qui le critiquent ne font pas "dans la dentelle". Cela vire même au grand déballage : "NEPOTISME & COOPTATION" (Rue89) - 'Collomb se veut porteur de "nouvelles pratiques". Ça promet." (lyoncapitale.fr) - "On retiendra des années Collombs que l'on recrute presque exclusivement des connaissances et pas des compétences." (LibéLyon)
A deux jours des européennes, cette polémique tombait vraiment mal pour Gérard Collomb. D'autant que ses positions critiques à l'égard de son parti ces dernières semaines ne lui ont pas attiré que des sympathies. Certains se réjouissaient probablement déjà de pouvoir enfin "tacler" celui qui leur donne des leçons depuis sa réélection à la mairie de Lyon et que l'on commence déjà à présenter comme un "présidentiable".
Gérard Collomb jure n'être pas intervenu pour le recrutement de son fils, et assure même qu'il lui a déconseillé d'accepter le poste offert par le président du Sytral, Bernard Rivalta. En a-t-il rediscuté avec son fils hier soir, en voyant l'ampleur prise par la polémique ? "La décision de la démission appartient à Thomas Collomb" répond l'attachée de presse du maire.
Dans son communiqué, l'intéressé dit vivre "cet épisode de ma vie professionnelle avec un profond sentiment d'injustice, mais j'ai pris cette décision pour ne pas donner prise aux calomnies qui pourraient rebondir". Il ajoute s'interroger sur son "avenir professionnel" : "Devrais-je donc quitter Lyon pour trouver un emploi tant que mon père en est le maire ?"
Vote à bulletin secret
Pourtant, jeudi, le comité syndical (l'assemblée) du Sytral s'était rangé derrière le père Collomb et l'employeur Rivalta, en votant massivement pour Thomas Collomb, au cours d'un scrutin à bulletin secret décidé par le maire de Lyon. "Pour que personne ne puisse dire qu'il a bénéficié d'un piston", expliquait-il.
A gauche comme à droite, les élus du Sytral ont pris la défense de l'embauche de Thomas Collomb. A droite, Robert Thévenot, élu de Caluire ne se disait "pas choqué" que l'on fasse appel à des liens familiaux ou amicaux pour travailler. "Ce qui pourrait être choquant, c'est qu'il ne soit pas compétent et qu'il perçoive un salaire exorbitant".
A gauche, Christian Coulon, maire du 8e arrondissement, se disait "insupporté par l'air du soupçon permanent".
Trois élus ont toutefois montré leurs désapprobations. Richard Llung (PS) et Béatrice Vessiller (Les Verts), élus à Villeurbanne n'ont pas pris part au vote. L'adjointe écologiste s'est ouvertement interrogée sur la transformation du poste de conseiller sécurité et l'augmentation de salaire. Quant au maire du 2e arrondissement, Denis Broliquier (droite, millioniste), il a posé des questions sur la procédure de recrutement : combien y avait-il de candidat pour le poste de conseiller sécurité ? qui a postulé ? sur quels motifs n'ont-elles pas été retenu ? "Sur une candidature comme celle-là, on se doit d'être hypertransparent".
Toutes ces questions posées n'ont pas trouvé de réponses. Et d'autres questions se sont rajoutées, notamment sur le calendrier de ce recrutement.
"La meilleure chose pour la démocratie"
Le 7 mai, le comité syndical autorise le président du Sytral à procéder au recrutement d'un agent 'suite au départ du chargé de mission sécurité' Jacques Bajard. Ce recrutement est prévu 'pour une période de 3 mois, renouvelable une fois, répondant à un besoin exceptionnel'. Une semaine après, arrive Thomas Collomb au Sytral. Et encore trois semaines plus tard, le 4 juin, une délibération est de nouveau votée pour transformer 'le poste de chargé de mission sécurité au sein du Sytral'. De quoi se demander pourquoi ce premier poste 'sécurité' est rapidement tombé aux oubliettes.
'La démission de Thomas Collomb est la meilleure chose pour la démocratie, pour le Sytral et pour Gérard Collomb, en conclut Béatrice Vessiller. Car les soupçons n'ont pas été dissipés par les débats de jeudi. Nous n'avons eu aucune réponse aux questions posées et aucune référence n'a été faite à la délibération du 7 mai'.
L'autre membre du Sytral qui n'avait pas pris part au vote, Richard Llung, adjoint socialiste à la mairie de Villeurbanne prend acte de cette démission. 'C'est un problème éthique. Gérard Collomb est administrateur du Sytral. Donc inévitablement Thomas Collomb doit aller chercher un emploi ailleurs. C'est nécessaire d'avoir cette éthique-là dans la vie politique. Cela n'a rien à voir avec ses compétences et je reconnais que ça peut poser des problèmes quand on a un père maire de Lyon. Il n'est pas banni de l'agglomération. Il y a d'autres collectivités où il pourra postuler', conclut ce proche de Ségolène Royal, qui était en charge des déplacements de la candidate durant la présidentielle.
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