Thomas Gassilloud, député Renaissance de la circonscription des monts du Lyonnais, préside depuis le mois de juin dernier la commission défense de l’Assemblée nationale. Pour Lyon Capitale, il balaie l’état de l’armée française “en réparation”, les menaces géopolitiques et la guerre en Ukraine.
Lyon Capitale : Lors de ses vœux aux armées, Emmanuel Macron a annoncé un relèvement inédit du budget du ministère de la Défense pour le porter à 411 milliards d’euros. D’une crise à l’autre, est-on passé d’un “quoi qu’il en coûte” sanitaire à un “quoi qu’il en coûte” militaire ?
Thomas Gassilloud : Ce n’est pas un “quoi qu’il en coûte” militaire dans la mesure où, comme l’a dit le président de la République aux armées, ce n’est ni du luxe ni de l’aise. C’est une adaptation de l’effort de défense à la hauteur des menaces qui pèsent sur notre pays.
“Ces efforts seront dans les années qui viennent à proportion des dangers, c’est-à-dire considérables”, assurait Emmanuel Macron. Quelles sont ces menaces ?
Nous sommes toujours dans un contexte de risque terroriste même si nous en parlons moins. En parallèle, il y a le retour de la guerre en Europe ou plutôt aux frontières de l’Union européenne qui menace nos intérêts et l’ordre international. Cette tentative par un État de redéfinir des frontières admises de tous par la force. Nous sommes face à un risque d’érosion du droit international qui pourrait multiplier les conflits.
Les points de tensions mondiales se jouent actuellement loin du territoire national. En quoi les intérêts français pourraient-ils être menacés ?
Les dangers pour la France concernent nos intérêts à l’étranger ou la remise en cause de notre souveraineté. Il faut garder en tête que nous avons le deuxième espace maritime du monde et que nous devons protéger notre zone commerciale exclusive notamment contre le pillage de nos ressources halieutiques. Il n’y a pas un seul territoire d’outre-mer où notre souveraineté ne peut pas être contestée. Dans la zone indopacifique, nous faisons face à une volonté d’expansion chinoise qui annexe certaines îles. Dans ce secteur, les épisodes de tension s’accélèrent. En quatre ans, les Chinois ont construit l’équivalent de la marine française. Aucune partie du monde n’est à l’abri de la volonté de ses voisins de redéfinir ses frontières. En Méditerranée, la Turquie a voulu le faire avec la Grèce. Les Chinois ont affiché leurs ambitions stratégiques sur Taiwan. Ce qui se passe en Ukraine peut arriver là-bas et nous serions impactés vu nos liens commerciaux avec ce pays.
“Aucune partie du monde n’est à l’abri de la volonté de ses voisins de redéfinir ses frontières”
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