Thomas Rudigoz
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Thomas Rudigoz : "c'est un gouvernement de coalition"

Thomas Rudigoz, conseiller métropolitain Renaissance et ancien député de Lyon, est l'invité de 6 minutes chrono.

Renaissance, dans ses différentes sensibilités, est finalement la composante la plus importante du gouvernement de Michel Barnier. "Pour moi, c'est un gouvernement de coalition. Souvent, on a beaucoup parlé de cette coalition française qui n'existe pas, alors que ça existe en Allemagne, ça a existé en Italie, ça a existé en Espagne et on était un peu une exception européenne à ne pas avoir la tradition, la culture de la coalition. Et là, je pense qu'avec une certaine contrainte, mais les gouvernements allemands quand ils sont en mode de coalition, c'est qu'il n'y en a aucun qui a une majorité absolue, eh bien il fallait trouver à un moment donné un accord entre différents courants politiques, différentes familles politiques. Et ça a été long, l'accouchement a été difficile, on va pas dire douloureux", se réjouit Thomas Rudigoz, conseiller métropolitain et victime collatérale de la dissolution de cet été.

Il regrette toutefois que le gouvernement ne compte pas plus de membres issus de la gauche : "Si on avait voulu qu'il soit représentatif, il aurait fallu qu'on ait une coalition à l'Allemande où ils vont très largement, effectivement ils prennent vraiment l'ensemble sauf aller jusqu'aux extrêmes, comme nous nous le ferons jamais non plus, mais il faut effectivement réunir l'ensemble des forces vives politiques du pays. Il aurait fallu que les socio-démocrates le fassent, malheureusement ils l'ont refusé avec des arguties assez incompréhensibles".

La retranscription intégrale de l'entretien avec Thomas Rudigoz

Bonjour à tous et bienvenue, vous regardez 6 minutes chrono, le rendez-vous quotidien de la rédaction de Lyon Capitale. Aujourd'hui nous sommes avec Thomas Rudigoz. Vous êtes conseiller métropolitain ensemble pour la République, l'ancien nom de Renaissance. On voulait revenir avec vous sur la composition du gouvernement Barnier. On n'est pas sur une cohabitation. Le terme restera à définir, ou il faudra que les historiens, les constitutionnalistes s'en emparent pour le définir. Vous, comment vous définirez ce gouvernement et son rapport avec la Macronie ?


Pour moi, c'est un gouvernement de coalition. Souvent, on a beaucoup parlé de cette coalition française qui n'existe pas, alors que ça existe en Allemagne, ça a existé en Italie, ça a existé en Espagne et on était un peu une exception européenne à ne pas avoir la tradition, la culture de la coalition. Et là, je pense qu'avec une certaine contrainte, mais les gouvernements allemands quand ils sont en mode de coalition, c'est qu'il n'y en a aucun qui a une majorité absolue, eh bien il fallait trouver à un moment donné un accord entre différents courants politiques, différentes familles politiques. Et ça a été long, l'accouchement a été difficile, on va pas dire douloureux, mais il fallait à un moment donné, pour l'intérêt de notre pays, pour l'intérêt des Françaises et des Français, c'est ce que j'entends beaucoup depuis quelques jours de la part des Lyonnais avec qui je discute, il fallait vraiment qu'on y arrive. Et donc, il fallait cette coalition et qui a été constituée, malheureusement qui est incomplète, il aurait fallu qu'elle soit plus large, je le reconnais, mais qui a été constituée avec ma famille politique et avec les Républicains.


Mais est-ce que vous considérez qu'il est représentatif du vote des Français aux élections législatives, ce gouvernement ?


Non, pas complètement. Si on avait voulu qu'il soit représentatif, il aurait fallu qu'on ait une coalition à l'Allemande où ils vont très largement, effectivement ils prennent vraiment l'ensemble sauf aller jusqu'aux extrêmes, comme nous nous le ferons jamais non plus, mais il faut effectivement réunir l'ensemble des forces vives politiques du pays. Il aurait fallu que les socio-démocrates le fassent, malheureusement ils l'ont refusé avec des arguties assez incompréhensibles, mais effectivement nous n'avons pas réussi à cela.


Et les autres partis ne voulaient pas travailler avec eux, puisqu'on avait entendu s'il y a des communistes il y aura censure, s'il y a des écologistes il y aura censure, si il y a certains socialistes il y aura peut-être censure...


Le risque de la censure, il existera tout le temps, on aura toujours cette épée de Damoclès qui viendra soit de LFI, soutenue malheureusement par les écolos et par les socialistes, et puis par le RN. Donc si on ne se focalise que sur la motion de censure, on n'avance pas. Donc oui, ce n'est pas une représentation totale, maintenant il fallait bien qu'on avance, on n'allait pas dire on reste bloqué comme cela, ça devenait incompréhensible et absolument pas une bonne chose pour notre pays.


Est-ce qu'elle peut être cohérente cette équipe gouvernementale, sachant qu'il y a quand même des profils très très différents, par exemple monsieur Retailleau, nouveau ministre de l'Intérieur, en 2022 lors du second tour de la présidentielle, avait voté blanc. Il n'avait pas voulu voter pour Emmanuel Macron face à Marine Le Pen, aujourd'hui il est le son ministre dans ce qui n'est pas une cohabitation. Vous aviez fustigé le cartel des partis de gauche qui n'était d'accord sur rien mais qui s'alliaient pour les législatives. Est-ce que là on n'est pas finalement dans une situation peut-être plus instable de partis qui ne partagent rien mais qui s'allient pour gouverner un pays ?


Je ne pense pas qu'ils ne partagent rien, je pense qu'on a vu quand même dans les derniers textes, très souvent, finalement le groupe LR, entre 2022 et 2024, votait un certain nombre de textes sur la défense, sur la justice, sur la sécurité. Donc on a pu avancer, souvent, le groupe avec qui on a le plus travaillé finalement de façon étroite pendant ces deux dernières années, c'était le groupe LR, même s'il y a eu des hauts et des bas, même s'il y a eu des formes de chantage politique qui a été fait à l'époque par Eric Ciotti. Maintenant c'est vrai que moi Bruno Retailleau ce n'est pas ma tasse de thé, c'est sûr que j'aurais souhaité que ce soit quelqu'un d'autre qui soit ministre de l'Intérieur, j'aurais certainement préféré que Gérald Darmanin reste ministre de l'Intérieur parce qu'il a un très bon bilan. On en est là. Après, il y a d'autres personnalités chez les LR avec qui j'ai aucun souci et que j'apprécie. Je pense à François-Noël Buffet, sénateur du Rhône, à qui on a confié la lourde tâche, la difficile mission de l'Outre-mer.


Ce qui est peut-être un cadeau empoisonné...


Ce qui est peut-être difficile, mais je pense que François-Noël Buffet a les compétences pour cela. Il connaît très bien les problématiques de l'Outre-mer. Donc, par exemple, moi, je n'ai aucun souci quand je vois François-Noël Buffet rentrer au gouvernement.


Est-ce qu'il y a pour vous des lignes rouges sur lesquelles le Parti présidentiel, si tant est qu'il soit encore le parti du président, ensemble pour la République, doit être ferme et aller jusqu'à la composante LR ? Non, là-dessus, on n'aura pas d'accord, faites machine arrière...


Moi, je ne suis plus membre de l'Assemblée nationale, donc je ne vais pas donner des consignes ou des leçons à mes collègues. Néanmoins, oui, moi, je pense qu'il y a des lignes rouges. Même si ce terme-là a été extrêmement utilisé ces derniers temps, donc il faudra peut-être arrêter un peu à chaque fois sur ces lignes rouges, il faut qu'ils avancent. Mais il y a certains sujets, en fonction de ce que voudra faire le gouvernement actuel et le Premier ministre Michel Barnier, que j'estime quelqu'un d'extrêmement respectable et modéré. Je me rappelle de lui, il y a quelques années en arrière, je l'ai connu quand il était président du département de la Savoie. Donc, je ne le qualifie pas, je ne le classe pas dans la partie droitiste. Mais si on allait sur quelque chose où on durcissait encore la loi immigration ou si on attaquait, par exemple, l'AME, oui, je pense que là, on ne pourrait pas suivre un tel alignement politique.


Ce gouvernement, il a ceci de particulier qu'il est finalement beaucoup plus représentatif des territoires, ce qu'on appelait autrefois la province. Il y a beaucoup de ministres, notamment issus de la région. C'est parce que Michel Barnier est un Premier ministre régional de l'État où est-ce qu'il y avait un besoin, finalement, d'être plus représentatif des territoires puisqu'il y a eu des gouvernements d'Emmanuel Macron où on avait quasiment jusqu'à 70% de membres du gouvernement qui venaient de la région Île-de-France ?


Oui, c'est un bon point qu'on peut accorder à Michel Barnier. Je vous disais il y a quelques secondes que je le connaissais et que je l'ai connu quand il était président du département de la Savoie. C'est un vrai régionaliste. C'est quelqu'un qui a la connaissance de nos territoires. Ça, on peut vraiment lui accorder. Et c'est une très bonne chose qu'il ait effectivement ouvert son gouvernement à des personnes qui viennent des quatre coins du territoire. Et je trouve que la région Auvergne-Rhône-Alpes a été très bien considérée ce qui n'avait peut-être pas été le cas par le passé avec, bon, j'aurais préféré que ça soit le cas par le passé mais on a eu, bien sûr, à l'époque, Olivier Véran, Gérard Collomb. Mais là, il y a, sur un seul gouvernement, je crois, huit ou sept ou huit dont le Premier ministre lui-même, Savoyard, qui sont issus de nos départements d'Auvergne-Rhône-Alpes.

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