Tiffany Joncour, déléguée départementale du RN et candidate aux législatives dans la 13e circonscription du Rhône, est l'invitée de 6 minutes chrono.
Dans le Rhône, le Rassemblement national n'avait pas réussi à faire élire un de ses candidats lors des élections législatives en 2022. Tiffany Joncour, déléguée départementale du RN, imagine un scrutin plus favorable les 30 juin et 7 juillet. "Avec les dernières Européennes, nous voyons que les Français ont plébiscité notre projet. Et c'est tout naturellement que là, nous avançons un nouveau projet pour la France, pour le redressement de notre pays. Et nous faisons confiance à nos électeurs et nous les appelons, bien sûr, à se mobiliser pour ce scrutin historique", assure-t-elle.
Tiffany Joncour explique aussi les raisons pour lesquels le Rassemblement national refusera Matignon en cas de victoire aux législatives anticipées : "nous savons très bien que si nous n'avons pas la majorité absolue, nous allons être bloqués, ça va être ingouvernable. C'est ce que nous avons vu lors de ces deux dernières années. Et nous, notre vision de la démocratie, ce n'est pas de gouverner à coup de 49-3. Ce n'est pas ça que nous voulons. Nous avons un projet, nous voulons pouvoir l'appliquer. Et ça serait mentir aux Français de dire « j'accepte un poste pour accepter un poste » et derrière, de ne pas pouvoir appliquer notre programme".
La retranscription intégrale de l'entretien avec Tiffany Joncour
Bonjour à tous et bienvenue, vous regardez 6 minutes chrono, le rendez-vous quotidien de la rédaction de Lyon Capitale et on continue de s'intéresser aux élections législatives Aujourd'hui nous accueillons Tiffany Joncour, bonjour. Vous êtes vous la représentante locale du Rassemblement National, vous êtes candidate dans la 13ème circonscription du Rhône. Il y a deux ans, en 2022, lors des précédentes élections législatives, vous étiez candidate dans la 7ème. Vous avez migré, si je puis dire, un peu plus à l'est pour cette élection législative. Pourquoi ce changement de territoire ? C'est simplement que les résultats électoraux sont plus favorables dans la 13ème que la 7ème et que vous vous dites j'ai plus de chance d'être élue ?
Alors entre temps, il y a eu les élections départementales où je m'étais présentée sur le canton de Genas. Du coup j'avais déjà commencé à m'impliquer, à m'intéresser à ce territoire et donc tout naturellement je suis restée sur ce territoire dans une vision à long terme d'implantation.
Parce que souvent on voit les candidats du Rassemblement National, par exemple Andréa Kotarac qui a longtemps été une figure du Rassemblement National ici, qui a été parachutée dans l'Ain...
Après vous savez on est des militants politiques, on va là où la CNI, la commission d'investiture, le parti nous envoient pour servir le Rassemblement National.
Cette circonscription là, elle vous paraît favorable pour le Rassemblement National ? plus généralement, lors des dernières élections législatives dans le Rhône, le Rassemblement National n'avait gagné aucune circonscription. Vous vous fixez quel objectif pour celle-ci ?
Alors si on regarde le dernier panorama que nous avons du département, nous voyons que nous arrivons en tête dans la quasi majorité des communes du département. C'est à dire que nous sommes en bonne position sur l'ensemble du territoire. Maintenant nos équipes sont à l'oeuvre sur toutes les circonscriptions. Nous voyons que dans la circonscription qui me concerne, la 13ème, nous arrivons à 34% aux élections européennes. Donc bien sûr que c'est un terrain favorable et que nous faisons tout pour avoir enfin des députés Rassemblement National dans le Rhône.
Il y a aussi celle du Beaujolais où vous avez réalisé des gros scores. Est-ce que là, vous vous dites, on va finalement être plus fort que la primo-sortance ? Bien sûr, évidemment. Finalement les Républicains ? Evidemment, on voit que… Qu'est-ce qui fait que ce qui n'a jamais marché par le passé marcherait cette fois-ci ? Eh bien c'est que les électeurs, nous vous avons fait confiance aux Européennes, qu'ils ont… Ce sera la même élection ? Les électeurs ne vont pas changer d'avis ?
Eh bien nous déclinons notre programme. Nous avons commencé à le décliner avec les dernières présidentielles avec Marine Le Pen. D'année en année, nous présentons notre projet aux Français. Nous avons vu que les députés qui ont été élus, donc les 88 députés que nous avons eus, ont fait un excellent travail. Ils ont prouvé leur sérieux, ils ont apporté des propositions. Avec les dernières Européennes, nous voyons que les Français ont plébiscité notre projet. Et c'est tout naturellement que là, nous avançons un nouveau projet pour la France, pour le redressement de notre pays. Et nous faisons confiance à nos électeurs et nous les appelons, bien sûr, à se mobiliser pour ce scrutin historique.
Jordan Bardella a annoncé que s'il n'avait pas la majorité absolue ce dimanche… Enfin, le dimanche 7 juillet, il refuserait le poste de Premier ministre. Pourquoi ne pas vouloir prendre le pouvoir, si vous pouvez ?
Parce que là, ceci n'est pas un jeu. En fait, nous, nous voulons changer, comme je vous l'ai dit, entamer le redressement de la France.
Pourquoi refuser d'assumer des responsabilités ?
Mais parce qu'en fait, nous savons très bien que si nous n'avons pas la majorité absolue, nous allons être bloqués, ça va être ingouvernable. C'est ce que nous avons vu lors de ces deux dernières années. Et nous, notre vision de la démocratie, ce n'est pas de gouverner à coup de 49-3. Ce n'est pas ça que nous voulons. Nous avons un projet, nous voulons pouvoir l'appliquer. Et ça serait mentir aux Français de dire « j'accepte un poste pour accepter un poste » et derrière, de ne pas pouvoir appliquer notre programme.
Vous parlez dans votre campagne d'être, finalement, vous appelez à une union nationale. Vous pourriez aussi le faire à l'Assemblée, vous pourriez trouver des compromis. Avec qui vous pourriez gouverner ? Avec qui vous avez envie de gouverner ?
Nous avons déjà vu, mais en fait, nous ne sommes pas pour…
Vous pourriez gouverner peut-être avec des Renaissance ? Les républicains qui ont refusé l'alliance ?
Evidemment. C'est d'ailleurs l'objet de cette grande union nationale que nous faisons pour ces élections législatives. Nous saluons le courage d'Éric Ciotti et de toutes les candidatures LR qui sont soutenues par le Rassemblement national. Et aujourd'hui, nous nous appelons un grand rassemblement des patriotes d'où qu'ils viennent et qui veulent avec nous porter un projet fort pour la France.
Mais vous ne pourriez pas le faire à l'Assemblée nationale ?
Bien sûr que si, bien sûr.
Pourquoi refuser le pouvoir, alors ?
On ne va pas prévaloir de ce qui va se passer dans quelques jours. Nous attendons de voir les résultats, voir qui sera élu et qui sera en mesure de gouverner avec nous.
Pendant très longtemps, le Rassemblement national portait une ligne ni gauche ni droite, dénonçait l'UMPS, les accords entre appareils. Vous venez de conclure un accord avec un des appareils, avec l'appareil de droite, les Républicains, enfin Éric Ciotti, puisqu'il est plutôt isolé sur cette ligne-là. Est-ce que là, finalement, il n'y a pas une forme déjà de renoncement ? De dire finalement, on a dit qu'on était ni gauche ni droite, mais on est un parti de droite. On voit aussi les premiers renoncements qu'il y a eu sur le programme économique. C'est plutôt contre les classes populaires. Et on sent plutôt une volonté de rassurer les milieux économiques. Est-ce que là-dessus, il y a eu aussi une clarification chez vous sur qui vous êtes ?
Alors, pour parler d'alliance, je vous ai dit, nous avons fait une alliance avec Éric Ciotti, qui a accepté cette alliance pour les législatives. Et comme je vous l'ai dit, nous verrons après les élections et nous ferons un appel à tous les patriotes sincères, d'où qu'ils viennent. Non, non, non, nous ne sommes à partie ni de droite ni de gauche, nous sommes un parti patriote, nous sommes un rassemblement. Nous avons vu que nous avons déjà eu des personnalités venues de la gauche qui nous ont rejoints. Et ensuite, sur le programme économique, il n'y a aucun renoncement. Il y a juste un ordre de priorité. Nous avons trois axes prioritaires sur lesquels nous allons atteler dès cet été. Pouvoir d'achat, sécurité, immigration. À l'automne, nous allons entamer la période des réformes. Pourquoi cela ? Parce que nous avons un calendrier parlementaire à respecter, qu'il va déjà falloir voter le budget pour pouvoir entamer toutes ces réformes. Mais aucune renonciation, aucun recul de notre part.