Alors que les mauvaises nouvelles économiques et politiques se succèdent à un rythme d’enfer, que Jérôme Cahuzac a été contraint à la démission et que le chef de l’État devrait s’exprimer demain soir sur France 2 pour tenter de remonter dans les sondages et dans l’estime des Français, le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA), désormais présidé par un proche de François Hollande, reste impertubable et donne toujours avec autant de succès dans le même comique de situation. En ces temps troublés, il faut le reconnaître, ça fait du bien. Ainsi, par la voix de son conseiller Emmanuel Gabla, le Conseil s’est dit "satisfait de la qualité" des six nouvelles chaînes de la TNT, lancées en décembre et étendues depuis hier à l'ouest de la France.
"Je suis satisfait de la qualité des chaînes", a déclaré le pince-sans-rire M. Gabla, qui préside le groupe de "travail" sur la télévision numérique au CSA, lors d'une conférence de presse organisée par "Toute la TNT", le dispositif d'information mis en place par les chaînes (après tout, on n’est jamais mieux servi que par soi-même). "Nous avons veillé à ce que ce soit des chaînes thématiques, des chaînes haute définition, à ce que ce soit des chaînes qui fournissent de l'inédit. On a mis dans les conventions avec ces chaînes des dispositions spécifiques. (...) Et pourtant, malgré ces obligations assez fortes, que j'ai prévues avec des montées en charge bien sûr, on constate à l'écran que tout ce qui a été demandé dans les conventions y est, à une ou deux exceptions près", a-t-il ajouté, estimant que "globalement les obligations sont remplies", comme Georges Marchais avait pu dire en 1979 : "Le bilan des pays socialistes est globalement positif."
En attendant le téléachat
On se demande à quel "inédit" fait allusion M. Gabla, quand lesdites chaînes ne rediffusent pour l’essentiel que le pire du pire des programmes low cost déjà vus et revus il y a des semaines, des mois et surtout des années. On pourrait se demander aussi quelle est la fameuse "exception" que l’on ne voit pas à l’écran et qui figure pourtant dans les conventions, sauf que là on a la réponse : le téléachat
Par ailleurs, Emmanuel Gabla s’est déclaré tout autant satisfait des audiences réalisées par les 6 chaînes, soit, pour l’ensemble… 1,8% de part d'audience ! "Alors que l'initialisation ne concerne que 40% du territoire maintenant, cela prouve que ça plaît aux Français, en tout cas que ça répondait à une attente", a ajouté M. Gabla, le plus difficile étant sans doute de conserver son sérieux quand on fait ce genre d’annonces, le décalage ajoutant au comique de situation. "Mais attention, a-t-il conclu, toujours sans pouffer, ce n'est pas parce que le début se passe bien que ce sera forcément comme ça par la suite. Pour l'instant on est plutôt contents de ce qui s'est fait" mais "on sera vigilants pour que les obligations mentionnées dans les conventions soient respectées".
Ouf, on respire. Le CSA sera encore plus heureux. Parce qu’une fois qu’elles diffuseront du téléachat, cette fois -bon sang mais c’est bien sûr-, les 6 chaînes vont inéluctablement décoller et atteindre l’audience cumulée, faramineuse, stratosphérique, de 2%, soit un score de 0,33% de part d’audience par chaîne ! Emmanuel Gabla y survivra-t-il ? En attendant de pouvoir s’acheter une tourniquette pour faire la vinaigrette, on peut toujours se demander, comme dans Le Père Noël est une ordure, ce que peuvent bien être ces chaînes, et pourquoi nul ne les regarde. Une piste ? Tel le kloug aux marrons, qui selon Thérèse, est "mou à l'extérieur" mais qui "à l'intérieur est comme de la pierre", il semblerait que toute analogie avec la bûche de Noël s'arrête ici… Car chaud, le kloug exhale une drôle d’odeur, ce que confirme d'ailleurs le pharmacien lorsqu'il s'exclame : "Mais qu'est-ce que c'est que cette matière ? Mais c'est, c’est..." C’est l’héritage de Boyon, lequel en quittant ses fonctions de président du CSA, avait ouvert la voie en déclarant : "La télévision française est la meilleure du monde." (ici). Parole d’expert.