Pédopsychiatrie - Olivier Revol dirige le service de neuropsychiatrie de l’enfant à l’hôpital neurologique de Lyon. Ses méthodes soulèvent de nombreuses critiques.
À peine sorti en librairie, son nouveau livre fait déjà polémique. Avec J’ai un ado... mais je me soigne, le très médiatique pédopsychiatre lyonnais Olivier Revol signe ce qui a de fortes chances de devenir le hit médical de la rentrée. Pour preuve, son dernier opus Même pas grave ! L’échec scolaire, ça se soigne s’était écoulé à 15 000 exemplaires et avait été traduit en russe et en chinois (!). Une sacrée performance pour un ouvrage de vulgarisation scientifique.
Sauf que le praticien laisse comme une odeur de soufre derrière lui. Certains louent le “travail de dépoussiérage” du Dr Revol sur la question des enfants et des ados, quand d’autres crient à la “psychiatrie-spectacle”. La raison de ces divergences : la sur-médicamentalisation en vogue dans son service. “J’ai eu à suivre des enfants qui sont passés par son service, explique une psychanalyste réputée. Il a tout fallu reprendre à zéro, redonner confiance à l’enfant, reprendre la parole qui avait été complètement négligée”. Elle poursuit : “Quand je vois des enfants de 8 ou 9 ans traités à la Ritaline sous prétexte qu’ils ont la 'bougeotte', c’est violent et déplorable !". La Ritaline est un psychotrope prescrit dans les cas d’hyperactivité. En France, 5 000 enfants seraient traités sous Ritaline. 8 millions aux États-Unis.
“Il y a de la place pour les psychotropes”
La question de la prise en charge médicale et médicamenteuse des enfants n’est pas nouvelle en France. Elle est issue du courant des neurosciences, débarqué du pays de l’Oncle Sam, et qui panache psychologie médicale et moléculaire. Pas tout à fait inédite donc - une dizaine d’années tout au plus - mais simplement en plein essor et à l’audimat fulgurant. À la fac’, l’étude des neurosciences a d’ailleurs tendance à devenir majoritaire, et les étudiants semblent conquis par ce “mix-mac”. Les controverses se font donc de plus en plus vives.
Un psychologue clinicien est plus virulent : “il ne s’agit que de soins cosmétiques. Chez Revol, il n’y a aucun suivi des enfants qu’il reçoit. Dans le milieu, on parle de son service comme d’un “service de bilan” : il écoute et prescrit une ordonnance médicale en renvoyant chez un généraliste. Supposé en haut du panier, il fait n’importe quoi !”. Comme ses confrères et consœurs, ce spécialiste avance masqué, sous le sceau de l’anonymat. Car, disent-ils, le Dr Revol est issu d’une grande famille lyonnaise. Trop connu. Influent et incontournable. Qu’en dit l’intéressé ? “Il y a toute une école qui nous critique. Ils n’ont pas tort : si on se contentait de donner des médicaments, on continuerait de laisser le mal s’installer. Par contre, c’est une connerie gigantesque de laisser les enfants et les ados souffrir. Il y a de la place pour la parole et les psychotropes. Ça permet de leur dégager de la mémoire vive, de l’espace psychique. Ce n’est qu’une béquille, un outil”.
Surnommé “monnombril.com”
Édouard Zarifian, professeur de psychiatrie au CHU de Caen, est quant à lui beaucoup moins emballé : “la médecine clinique psychiatrique est totalement inféodée au modèle nord-américain. La psychopathologie a disparu, et nous débouchons sur une sorte de psychiatrie automatique, avec son catalogue de symptômes répertoriés, informatisables, correspondant chacun à une combinaison médicamenteuse”(*). Un psychiatre lyonnais s’alarme : “ses pratiques ne peuvent pas être dénoncées au Conseil de l’Ordre mais elles relèvent d’une certaine éthique”.
Et Olivier Revol, le pédopsychiatre aux 1 000 adolescents reçus par an (soit une centaine par mois) et aux 2 à 3 conférences mensuelles - et surnommé “monnombril.com”, - conclut sans fausse modestie : “ce n’est pas tout le temps facile d’être pionnier”.
(*) Le Nouvel Observateur. 5-11 septembre 1996.
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3 questions à Olivier Revol
Lyon Capitale: Où situez-vous la frontière entre l’adolescence normale et l’adolescence dite pathologique ?
Olivier Revol: Quand des parents inquiets viennent me voir parce que leur enfant est désœuvré, irritable et fatigué, je leur réponds que c’est le paquetage que l’ado emporte avec lui dans sa traversée vers l’âge adulte. Mais à partir du moment où il exporte sa morosité et son hostilité partout, hors du cadre familial, au sport, en vacances, avec ses copains, alors les clignotants sont au rouge. Je prends en compte trois indicateurs clés : la famille, la scolarité et la sociabilité. Dès lors que ces trois domaines sont touchés, il faut prendre en charge l’ado.
Quelle prise en charge préconisez-vous ?
D’abord s’en référer au médecin de famille qui peut donner des conseils de guidance. S’ils ne suffisent pas, je vois l’ado en consultation. Je mets en place des contrats : par exemple, être plus cool avec son entourage, faire des efforts sur le plan scolaire. Si, malgré ça, les choses n’évoluent pas, qu’il y a une souffrance psychique, alors il ne faut pas hésiter à lui donner un traitement qui apaise, comme les anti-dépresseurs. Et quand rien ne marche, reste la mise à distance et l’hospitalisation. Ce que j’appelle un séjour de rupture, une prescription spéciale ados pour qu’ils retrouvent leurs repères. Une semaine dans mon service.
Et après l’hospitalisation ?
Après, on ne suit pas l’ado mais on met en place une prise en charge psychothérapeutique en ville auprès d’un psychologue ou d’un pédopsychiatre.
A force de refuser l'apport des neurosciences et de réfuter tout ce qui vient du Diable, à savoir l'Amérique, la France a au moins deux décennies de retard. Mère d'enfant atteint d'un trouble de déficit attentionnel majeur (qui est une conséquence peu connue de l'hyperactivité), j'ai vu 12 pseudo 'spécialistes de l'enfance' (et, soit dit en passant, j'ai payé mon écot sous forme d'une psychothérapie, pour mon fils, auprès d'un psychologue clinicien, psychothérapie couteuse et totalement inutile pendant 18 mois...) avant de tomber, enfin, sur un pédopyschiatre 'revolien', si je puis dire. Mon fils est sous ritaline depuis l'âge de 9 ans. Il n'est pas devenu un zombie, il est devenu excellent élève alors qu'il était en début d'échec scolaire et même de phobie scolaire. Il n'est pas devenu 'abruti' par le médicament, il s'est mieux intégré à sa classe. Les autres enfants ont cessé de se moquer de lui, les enseignants ont cessé de le punir pour sa 'paresse' et de le priver de récré parce qu'il ne finissait pas son travail. Il grandit normalement et est en bonne santé physique et morale. Arrêtez de diaboliser les médicaments. Il est préférable d'avoir un enfant sous médicament qu'un enfant qui a une estime de lui tellement basse qu'il vous dit, à 8 ans : 'à quoi ça sert de vivre, maman, si c'est pour être aussi bête ?' Alors merci à Revol de dépoussiérer la psychopathologie de l'enfant. On aurait sans doute moins d'ados en souffrance, violents et drogués si on acceptait ENFIN de tenir compte des symptômes et de les traiter. Cela n'empêche pas la psychothérapie, cela n'empêche pas le dialogue avec l'enfant ni avec les parents. Au contraire. Je trouve que votre article, à charge contre Revol, est particulièrement caricatural, y compris dans son intitulé, il suffit d'utiliser le mot Prozac pour que ça fasse peur aux gens. Remettez au centre du débat la profonde SOUFFRANCE de l'enfant, de ses parents, de sa famille et de ses enseignants. Donner un médicament à un diabétique qui en a besoin ne fait pas débat. Mon coeur de mère a saigné tant de fois devant le désarroi de mon fils qui se sentait différent, incompris, malheureux. Acceptez qu'il existe des pathologies, que le cerveau est compliqué, qu'il peut y avoir des dysfonctionnements 'invisibles' qui représentent pourtant un terrible handicap dans notre société, si normalisatrice. Je sais que ce que j'écris n'est pas politiquement correct. Je m'en fiche totalement. La vie quotidienne avec un enfant comme le mien est terriblement difficile. Il a un handicap invisible. Faites votre boulot de journalistes correctement, allez à la rencontre de ces parents dont les enfants sont hyperactifs, dyspraxiques, dyslexiques, atteints du syndrome d'Asperger, etc. Vous aurez peut-être un autre regard sur l'approche de Revol.
Refuser l'apport des neurosciences n'est pas une position en soi, mais garder un esprit critique sur l'utilisation de celles-ci par l'industrie me semble un minimum, j'ai lu récemment l'article que je vous adresse en lien, bonne lecture à vous 'enfant-dabord'... http://www.collectifpsychiatrie.fr/?p=536
Merci pour le lien, l'article est très intéressant mais ne me convainc pas. Il affirme par exemple que les enfants ayant pris de la ritaline sont davantage sujets à la toxicomanie. J'ai lu le contraire :'Enfin, la crainte d'induction d'une toxicomanie n'est pas justifiée. La méta-analyse de Wilens portant sur 6 études de suivi, incluant 674 hyperactifs traités et 360 non traités, montre que le groupe traité comporte moins de toxicomanes et d'alcooliques que le groupe non traité, ce qui suggère que le traitement des enfants hyperactifs a un effet protecteur à long terme contre le risque d'abus de substances et d'alcool.' Fin de citation. Bon, on peut toujours se battre à coups d'études, évidemment… je ne suis pas médecin, je me méfie des labos pharmaceutiques, je suis la première à me récrier contre l'abus de prescriptions. Je voulais simplement dire par mon post que des gens comme Revol, que l'on peut ne pas aimer en tant que personne ou qu'on peut trouver trop nombriliste ou trop charismatique pour être honnête ou autre foutaise, eh bie, ils travaillent à améliorer le sort d'enfnats d'enfants qui, autrement, sont foutus, car notre société n'admet pas la différence. Je serais très heureuse que mon fils puisse se passer de ritaline. Pour ce faire, il aurait fallu qu'il puisse intégrer un petit groupe de 4 ou 5 enfants au maximum, au QI normal mais ayant comme lui de graves problèmes de concentration (mais pas de problème de comportement !!), avec un enseignant spécialement formé, apte à découper toutes les consignes, à tronçonner le travail en minitâches, pourvu d'une patience d'ange, etc, etc. Comment voulez-vous que ce soit possible !? Mon fils a un QI parfaitement normal, son déficit attentionnel n'est pas apparenté à un handicap, il n'a pas droit à une auxiliaire de vie scolaire… tant que la société sera ce qu'elle est, je maintiens que, pour ce genre de cas, le médicament est la seule solution possible. Cela n'empêche pas les parents d'évoluer, bien au contraire. Maintenant, je sais que ce n'est pas la peine de dire à mon fils : 'Mets ton pyjama et brosse-toi les dents', car il ne peut tout simplement pas retenir deux consignes dans la même phrase. C'est comme ça, c'est un fait, les psys peuvent toujours penser qu'il 'ne veut pas entendre', pour moi, ça, c'est du bullshit. Aucun enfant n'a envie de se faire enguirlander à longueur de journée. Pour moi, le déficit en dopamine ou je ne sais quoi (je ne suis pas médecin), c'est une réalité à laquelle mon fils est confronté tous les jours. Le médicament répare, je le vois comme une petite main qui permet aux neurotransmetteurs de faire correctement leur boulot. Après, je suis d'accord, il ne faut être dogmatique ni dans un sens, ni dans l'autre. Mais quand on a ramé comme j'ai pu ramer, en tant que mère, avant de voir enfin le début du bout du tunnel, on est très agacé par le discours des psychanalystes, parce qu'au bout du compte, une fois encore, il y a des tonnes de souffrance pour l'enfant et pour tout son entourage. Et les psys, ne l'oublions pas, y trouvent aussi leur compte financièrement. 45 euros la séance une fois par semaine pendant 18 mois, aucune amélioration ! Un mois de ritaline et des progrès spectaculaires dans tous les domaines, scolaire comme extrascolaire. Ca, c'est ma réalité.
Le séjour de rupture et l'administration d'antidépresseur, voila la pseudo révolution de ce médecin...Il y a 40 ans, une neurologue qui porte le même nom, que ce médecin, appliquait déjà les mêmes traitements...Je comprend et partage, l'angoisse des parents qui on un enfant différent dans son comportement. Outre un contexte ou évènement familial, pouvant générer des troubles chez l'enfant, il peut y avoir des causes extérieure.Causes découlant, des produits chimiques contenues dans la nourriture, emballages et environnement. Produits chimiques, qui restent indéfiniment dans les organismes et dégradent la santé de leurs hôtes.Depuis des années, des médecins tirent la sonnette d'alarme.Pour illustrer ce propos, je vous invite a voir l'excellent film de Jean Paul Jaud, ' Nos enfants nous accuseront'.Comme dans beaucoup de domaines, qui touche à l'humain, l'identification de la cause, est la clef.Clef pour amorcer une entrée, vers un mieux.L'amour des parents et la remise en question de leurs priorités, constituent à mon sens, les serrures.
Je rejoins complètement les propos de 'enfant-dabord' et j'accorde mon soutien le plus sincère au DR Revol. Je suis le père d'un enfant(14 ans) atteint par le syndrome SGT (Gilles de la Tourette) et suivi depuis plusieurs années maintenant dans le service du dr Revol. Notre fils a été pris en charge, écouté, apaisé, alors qu'il se trouvait dans une grande détresse psychologique avec tous les symptômes gestuels incontrôlables dû a sa maladie..Suivi auparavant par des psychiatres et autres psychos...qui ne se génaient pas pour administrer des doses importantes d'antidépresseurs (qui ne sont pas le monopole du DR Revol...)sans se soucier de la détresse de notre fils ni de la notre... CE qui n'était absolument pas le cas du service du dr Revol et j'en profite pour les remercier tous chaleureusement, car notre fils se porte mieux, nous diminuons régulièrement les doses prescrites en lien étroit avec le dr Revol. Bien entendu que nous aimerions que notre fils se passe de tel traitement, mais si ce soit disant 'spécialiste qui avance masqué, sous le sceau de l’anonymat' tel un zorro... nous indique un traitement efficace à base de bambou ou de thé vert, nous sommes preneur...ainsi que tout les patients atteints de maladies orphelines...