Un daguerréotype d’un pont disparu de Lyon datant de 1840-1841. (@Richard Félix)

Tout savoir sur la plus vieille photographie de Lyon (vidéo)

Nicolas Galaud est directeur de la Bibliothèque municipale de Lyon. Il était sur le plateau de l'émission "6 Minutes Chrono" pour présenter la plus ancienne photo de Lyon connue, vendue aux enchères et achetée par la Ville de Lyon pour 16 000 euros.

Le directeur de la Bibliothèque municipale de Lyon donne des précisions sur la primauté de la photo de Lyon : "C'est difficile d'affirmer de manière catégorique que ce soit la première photo. Ce qui est certain, c'est que c'est l'une des premières photos connues qui représente la ville de Lyon."

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Le spécialiste poursuit en expliquant ce qu'est un daguerréotype : "C'est l'ancêtre de la photographie, mis au point par Niépce et par Daguerre. C'est une technique qui permet, à partir de plaques de cuivre qui sont recouvertes d'une couche de sel d'argent mises dans une chambre, de fixer une image qui est développée. C'est une image en positif, ça ne permet pas de faire des tirages. Par définition, ce sont des objets rares et uniques. Et donc le daguerréotype a été mis au point vers 1835-1840. Le dépôt du brevet date de 1839. On peut donc affirmer que ce daguerréotype a été pris au début des années 1840, puisqu'il représente le pont du Change de Lyon, qui est le plus ancien pont lyonnais, qui date du XIe siècle, qui a été remanié un petit peu par la suite. Il est dans l'état qui précède sa reconstruction en 1842-1843. Donc ce cliché a été vraiment pris au tout début des années 1840."

Le daguerréotype montre au premier plan le vieux pont du Change, initialement appelé le pont de Pierre, consacré en 1070 par l'archevêque de Lyon, Mgr Humbert. L'ouvrage fût l'un des premiers à franchir la Saône, constitué de sept arches dont l'Arche Merveilleuse, surmontée de maisons. Il reliait ce qui est aujourd'hui le quai Romain Rolland à l'église Saint-Nizier. Le pont a été détruit en 1842, seuls quelques gradins subsistent encore.

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Nicolas Galaud précise aussi : "Son auteur, c'est M. Richard, qui était un ingénieur et un opticien. Il y a évidemment des liens très forts entre la photographie, l'optique et la chimie. C'est une convergence de plusieurs technologies. Et donc on connaît son auteur. On ne connaît pas l'histoire de la photographie depuis sa prise de vue. Elle a été conservée en main privée jusqu'à sa vente aux enchères récentes, donc au début du mois de novembre. "

Plus de détails dans la vidéo sur l'histoire de Lyon et sur les collections de photographies à la disponibilité des Lyonnais...


La retranscription complète de l'émission avec Nicolas Galaud :

Bonjour à tous, bienvenue dans votre émission 6 minutes chrono, le rendez-vous quotidien de la rédaction de Lyon Capitale. Aujourd'hui, on va parler de la plus ancienne photo de Lyon connue, datée environ de 1840. Elle a été vendue aux enchères et acquise par la ville de Lyon au début novembre, pour un montant de 16 000 euros environ. Pour en parler, nous recevons Nicolas Galaud, qui est directeur de la Bibliothèque municipale de Lyon. Bonjour Nicolas Galaud. Merci d'être venu sur notre plateau. On va rentrer dans le vif du sujet. Est-ce que c'est vraiment la première photo de Lyon ? 

C'est difficile d'affirmer de manière catégorique que ce soit la première photo. Ce qui est certain, c'est que c'est l'une des premières photos connues qui représente la ville de Lyon. Alors c'est un daguerréotype, l'ancêtre de la photographie, mis au point par Niépce et par Daguerre. C'est une technique qui permet, à partir de plaques de cuivre qui sont recouvertes d'une couche de sel d'argent, de les mettre dans une chambre et de fixer une image qui ensuite est développée. C'est une image en positif, ça ne permet pas de faire des tirages après à partir de ce daguerréotype. Par définition, ce sont des objets rares et uniques. Et donc le daguerréotype a été mis au point vers 1835-1840. Le dépôt du brevet date de 1839. On peut donc affirmer que ce daguerréotype a été pris au début des années 1840, puisqu'il représente le pont du Change de Lyon, qui est le plus ancien pont lyonnais, qui date du XIe siècle, qui a été remanié un petit peu par la suite. Et c'est dans un état qui précède sa reconstruction en 1842-1843. Donc ce cliché a été vraiment pris au tout début des années 1840. 

C'est une question que j'avais, quelle est l'histoire un peu de cette photo ? Comment est-ce qu'elle nous est parvenue ? D'abord, est-ce qu'on connaît son auteur ? 

Alors oui, on connaît son auteur. Son auteur, c'est M. Richard, qui était un ingénieur et un opticien. Il y a évidemment des liens très forts entre la photographie, l'optique et la chimie. C'est une convergence de plusieurs technologies. Et donc on connaît son auteur. On ne connaît pas l'histoire de la photographie depuis sa prise de vue. Elle a été conservée en main privée jusqu'à sa vente aux enchères récentes, donc au début du mois. 

Et alors, vous nous avez parlé du pont du Change. Que peut-on voir sur cette photo ? Est-ce que vous, qui avez un œil peut-être plus aiguisé que le nôtre, vous voyez aussi des choses que le commun des mortels ne perçoit pas ? 

Alors, ce n'est pas une vue absolument inédite de Lyon, puisqu'on a d'autres vues à peu près de la même époque, peut-être un peu postérieures ou avec des angles un peu différents. Et puis on connaissait le pont du Change par d'autres types de documents, des dessins, des gravures bien antérieures. Donc ça ne révèle aucun secret véritable. Mais l'intérêt de cette vue, c'est d'abord qu'elle est relativement nette, ça permet de voir pas mal de détails, notamment de Fourvière jusqu'à la Croix-Rousse. Et donc elle est intéressante, le document lui-même est de petits formats, c'est le format 10-15, les daguerréotypes, c'est des petits formats, mais numérisés et agrandis, ça permet de révéler pas mal de choses. C'est un témoignage important de l'état du pont du Change, presque à la fin finalement de cet ancien pont, puisqu'il a été un peu endommagé par les crus de la Saône de 1840 et reconstruit à partir de 1843. Donc cette version-là, cette image finalement, quelques années après, elle n'existe plus. 

Le pont n'existe plus aujourd'hui, on voit même plus de traces sur les quais avec tous les parkings et maintenant les aménagements ?

On peut deviner l'emplacement de l'ancien pont. Le pont du Change était dans l'axe de la place d'Albon. En face de Saint-Nizier, la place d'Albon s'appelait la place du Change avant, d'où c'était un lieu de transaction commerciale, d'où le nom du pont, le pont du Change. Il s'est appelé d'abord Pont de Pierre, puis il a pris d'autres noms. Il a été détruit définitivement en 1974, remplacé par le pont Maréchal-Juin, un peu en aval, dans l'axe de la rue Grenette. On aperçoit quelques traces sur les quais Saint-Antoine, encore de début de pile, mais c'est très ténu. 

Alors comment les lyonnais pourront la découvrir en deux mots, parce que l'émission avance ? 

Alors c'est un document évidemment qui est rare, précieux, fragile, mais ces photographies sont numérisées par nos soins. La bibliothèque a une bibliothèque numérique qui s'appelle Numelyo, bibliothèque numérique de Lyon, où on a pratiquement 250 000 documents numérisés, des livres, des manuscrits, des gravures et des photographies. Et on a un très important fond photographique à la bibliothèque de Lyon, plus de 100 000 documents, donc des origines de la photographie, des daguerréotypes, jusqu'à la période contemporaine. 

Jusqu'à nos jours ? 

Oui. Absolument, puisque ces collections continuent à s'enrichir de plusieurs façons. D'abord, n'importe quel photographe lyonnais, amateur, peut contribuer et finalement partager ses clichés en les mettant en ligne sur notre base qui s'appelle Photographes en ronale. 

Et encore aujourd'hui, voilà, c'est un appel… 

Tout à fait, sur forme numérique, de fichiers numériques, c'est intégré à nos collections, ça documente finalement l'histoire récente de la ville et de la région. 

Vous avez une exposition en ce moment, on en parlait avant l'émission ? 

Absolument, et donc on a aussi des photographies d'artistes qu'on achète, donc d'auteurs connus, de photographes contemporains, et on reçoit aussi des donations de photographes importants qu'on intègre à nos collections. Une donation de Jacqueline Salmon l'an dernier, très importante, et on vient cette année de recueillir les archives du photographe Jean-Baptiste Carhaix, photographe lyonnais, d'une certaine notoriété, qui est décédé au printemps dernier et qui nous a donné une part significative de ses œuvres, et on pourra découvrir une sélection de documents en hommage à Jean-Baptiste Carhaix à la Bibliothèque de la Part Dieu à partir de la semaine prochaine. Très bien. C'est un rendez-vous à ne pas manquer. Vous pouvez retrouver toute l'histoire de Lyon en images grâce au fond de la Bibliothèque municipale. 

Merci Nicolas Gallaud d'être venu sur notre plateau. Quant à vous, je vous remercie d'avoir suivi cette émission. Vous pouvez retrouver plus de détails sur cette image daguerréotype sur le site lyoncapitale.fr. À très bientôt.  

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