Malgré une réglementation nationale drastique, la région Auvergne-Rhône-Alpes, grande consommatrice de pesticides, est touchée par les produits phytosanitaires de contrebande, interdits ou contrefaits. Au mieux, la substance active est inefficace. Au pire, elle induit des risques non évalués sur l’environnement et la santé publique. Dans le milieu agricole, le sujet est tabou.
Rien, ou presque, n’a filtré. Pourtant, l’information est fiable. Ces derniers mois, plusieurs lots de pesticides interdits ou contrefaits ont été saisis à Villefranche-sur-Saône. Il pourrait s’agir de produits de contrefaçon dont la composition en substances actives ne correspondait pas à l’étiquetage. Par exemple, la substance active fongicide annoncée sur l’étiquetage de certains produits aurait été remplacée par un insecticide au profil toxicologique différent. Parallèlement, un agriculteur de la région nous a raconté l’histoire d’un champ d’orge “complètement brûlé” après la pulvérisation “dans les règles” d’un désherbant censé cibler les graminées. Produit contrefait ? L’incident n’a pas été ébruité, aucune investigation n’a été menée. Directeur adjoint de la Brigade nationale d’enquêtes vétérinaires et phytosanitaires (BNEVP), un groupe discret inconnu du grand public, Jean-Blaise Davaine effectue des contrôles inopinés chez les formulateurs, les distributeurs et dans les coopératives. “Tous les ans, nous ouvrons entre 50 et 70 nouvelles affaires. En 2018, la brigade a ainsi ouvert 13 nouvelles affaires dans le domaine phytosanitaire, dont les trois quarts concernent la thématique phytopharmaceutique. Sur les 13 affaires, il n’est pas étonnant de retrouver, impliqués à un niveau ou à un autre, des acteurs professionnels localisés dans la région Auvergne-Rhône-Alpes.”Les “armes”
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