Le 1er août 2008, à 19h00, Hugues d'Aubarède foulait le sommet enneigé du K2, le deuxième sommet le plus haut du monde, aux confins du Cachemire et de la Chine.
En devenant le 11e français à atteindre les 8 611 mètres de cette pyramide monstrueuse, que d'aucuns surnomment " la montagne des montagnes ", cet assureur lyonnais de 61 ans entre dans l'histoire de l'himalayisme.
Mais le K2 aura eu raison de lui, lui l'homme si expérimenté, si raisonné, si respectueux, si prudent. Lors de la descente, en pleine nuit par - 40 degrés, à 400 m au-dessous du sommet, dans le bootleneck - un goulot d'étranglement de quatre cent mètres de long, tout en glace, à 60 degrés - un énorme sérac a basculé. Bilan, 11 personnes emportées par l'avalanche, ou tombées, paniquées, dans la zone dite de la mort, là où l'air pèse trois fois moins qu'au niveau de la mer, un espace de non vie, "personnification géologique de l'angoisse ".
Hugues d'Aubarède ne s'en sortira pas, restant pour l'éternité sur sa montagne, celle qu'il avait tant convoitée. " On ne vainc pas une montagne et la montagne ne tue pas. Certains alpinistes gravissent des montagnes, d'autres y meurent. Le K2 sera toujours là dans vingt ou mille ans, invaincu " écrit le journaliste Charlie Buffet*. En cinquante ans, la montagne tueuse aura eu raison de 77 vies pour 299 ascensions réussies (5 fois plus que sur l'Everest avec ses 210 morts pour environ 4 000 ascensions).
Hugues d'Aubarède était un alpiniste chevronné avec, à son actif, quatre 8 000, un 7 000, deux 6 000, trois 5 000 et dix Mont-Blanc. Il était père de deux filles et deux fois grand-père. Malgré l'immense douleur, elles peuvent être fières de leur père.
* La Folie du K2 (Editions Guerin).
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