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Transports périurbains : un grand "bordel" à venir

Ce vendredi, le Département va officialiser sa volonté de sortir du Sytral. Une démarche qui lance la constitution prochaine d'un syndicat départemental de transport, pour desservir les territoires proches du Grand Lyon. Les besoins sont importants. Problème : le pôle métropolitain planche aussi sur le sujet.

Comment empêcher ce déluge de voitures qui chaque jour pénètre dans l'agglomération lyonnaise ? Alors que l'hypothèse d'un péage urbain ne se précise pas plus maintenant qu'il y a cinq ou dix ans, la question revient sur le devant de la scène à l'occasion d'un débat institutionnel. Gérard Collomb a justifié la création du pôle métropolitain par la volonté de mieux réguler les flux de voyageurs venant de St-Etienne, de Vienne ou du Nord Isère, avec en ligne de mire un titre de transport unique valable aussi dans les TER.

Le syndicat métropolitain des transports, piloté par la Région, en sera son bras armé. Il pourrait inclure les Départements. Cette nouvelle impulsion traduit un constat : si le réseau de transport en commun est satisfaisant voire très satisfaisant dans l'agglomération lyonnaise, il se dégrade à mesure que l'on s'éloigne de Lyon. Hors la communauté urbaine, les lignes sont peu nombreuses et peu fréquentes. La bagnole est reine.

Il y aurait tout lieu de se réjouir de la prise en compte de cette difficulté. Sauf que la cohérence globale fait défaut. Le pôle métropolitain exclut les deux secteurs périurbains qui envoient les flux les plus importants de voyageurs sur le territoire du SCOT lyonnais (en jaune sur la carte, il comprend le Grand Lyon, l'Est Lyonnais et le Pays de l'Ozon). Ces deux secteurs sont l'Ouest Rhône (en vert clair, comprenant les secteurs de Vaugnerais et de l'Arbresle, 171 000 déplacements/jour) et la Plaine de l'Ain (en rose pâle, 104 500 déplacements/jour). Dans 89% et 87% des cas, ces trajets se font par voiture (1).

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Il y a un 2e écueil à cette construction métropolitaine : c'est que le conseil général du Rhône songe de son côté à créer son propre syndicat de transport, pour organiser un réseau de cars desservant les zones périurbaines. Une réflexion qui est concomitante à sa sortie du Sytral. D'ailleurs, ce vendredi, les conseillers généraux vont donner les pouvoirs à Michel Mercier pour mener les négociation avec Bernard Rivalta à ce sujet. Ils répondent là à une demande de la chambre régionale des comptes et du préfet, comme l'explique Michel Forissier, 1er vice-président, dans l'entretien qu'il nous a accordé (lire ci-dessous).

Rien n'indique pour l''heure que les deux réflexions convergeront. Pis, le Sytral et la communauté urbaine pourraient faire obstacle au syndicat départemental, par exemple en refusant le principe d'un titre unique de transport (l'usager pénétrant à Lyon paierait deux tickets) ou la possibilité pour les cars départementaux de marquer des arrêts sur le territoire du Grand Lyon.

"On ne claque pas la porte du Sytral"

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Lyon Capitale : Ça y est, vous allez ce vendredi voter la sortie du Sytral ?

Michel Forissier : On doit sortir du Sytral parce que la loi nous y oblige. La chambre régionales des comptes l'a rappelé, et une lettre du préfet l'a précisé. Pour que le Sytral continue d'exister, quatre communes de l'Ouest vont y entrer. Ce vendredi, nous allons l'accepter en votant une délibération. On ne claque pas la porte. Le fait que le Département sorte du Sytral ne veut pas dire que le Département ne continuera pas à apporter des financements au Sytral. Les habitants de l'agglomération sont aussi des contribuables du Département. Il financera des projet d'intérêt départemental. Il est par exemple évident que T3 qui circule sur les rails de Rhônexpress en fait partie.

Ce ne sera plus une participation annuelle fixe ?

Ça va dépendre des projets. Certaines années, il y a aura plus de besoins, d'autres moins.

Auriez-vous par exemple financé le prolongement de T2 à Eurexpo ?

Oui.

Et le prolongement de T3 jusqu'au Grand Stade ?

C'est déjà financé. Une discussion est à mener entre les exécutifs. Nous allons par exemple apporter une attention aux pôles multimodaux où convergent transports ferroviaires, bus et voitures. Nous voulons améliorer la desserte de l'aéroport car tout le monde ne vient pas de la Part-Dieu. Ou prolonger la ligne de l'Est lyonnais T3 vers Pont de Chéruy.

Qu'en est-il de la répartition des actifs et des dettes du Sytral ?

C'est un débat qu'il faudra solutionner. Normalement celui qui garde les actifs hérite aussi des dettes.

Cette discussion a-t-elle déjà commencé ?

Pas tout à fait. Nous avons posé un acte un principe : la sortie du Sytral. Et la création d'un syndicat départemental de transport, avec la communauté de Villefranche, celle de l'Est lyonnais et tous ceux qui ne sont pas dans le Sytral. Il disposera d'une ressource : le versement transport des entreprises, compris entre 0,5 et 1% de la masse salariale, selon la densité du territoire. On pourrait s'associer avec la Région pour faire un syndicat mixte.

Quand sera-t-il créé ?

Avant le milieu de l'année prochaine. La volonté du Département est que les personnes les plus éloignées de l'agglomération ait une qualité de service minimum. Le Département va défendre l'intérêt de l'usager qui est en dehors de l'agglomération lyonnaise.

Les habitants de communes extérieures au Sytral mais desservies par des bus TCL, comme Genas, Grézieu ou Vaugneray, vont-ils garder les mêmes lignes ?

Il y aura forcément des adaptations, sur les arrêts, les horaires ou les fréquences. Mais la volonté du Département n'est pas d'aller à une rupture avec le Sytral ni même une concurrence.

Peut-on imaginer que ces lignes ne puissent plus avoir des arrêts à l'intérieur de la communauté urbaine ?

L'intérêt des usagers, c'est d'accéder à des pôles multimodaux puis de prendre des transports rapides. Pour avoir des arrêts, il faut trouver un accord avec le propriétaire des voiries, c'est-à-dire le Grand Lyon.

Y aura-t-il un titre unique de transport valable sur tous les réseaux ?

On doit y arriver. Quel est l'intérêt du Sytral à compliquer les choses ? Bernard Rivalta est un excellent technicien des transports. Même s'il est un peu bougon, il agira dans l'intérêt des administrés. Pour les usagers, peu importe l'autorité organisatrice des transports (AOT). Seul le service compte.

Ferez-vous partie du syndicat métropolitain de transport, piloté par la Région et qui va être créé à la rentrée ?

Je ne connais pas ce syndicat. Si les Départements n'en sont pas membres, ça ne marchera pas. Le pôle métropolitain n'a déjà pas de continuité territoriale.

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Article complété le 26 juin, à 16h :

Vendredi dernier, le conseil général devait officialiser sa sortie du Sytral. La délibération a été retirée en dernière minute. Le plus grand flou entoure les intentions du président Mercier. Jeudi dernier, Michel Forissier, son 1er vice-président, nous confiait son intention de créer un syndicat départemental associant éventuellement la Région. Quid du syndicat métropolitain, piloté par la Région, qui découlerait du pôle métropolitain ? "Je ne connais pas ce syndicat. Si les Départements n'en sont pas membres, ça ne marchera pas. Le pôle métropolitain n'a déjà pas de continuité territoriale", répondait Michel Forissier (lire ici).

"C'est une erreur. Le Département songe bien à intégrer le syndicat métropolitain, mais Michel Mercier ne veut pas prononcer ce mot. Il préfère parler de syndicat régional", nous a confié Béatrice Vessiller, conseillère générale, ce lundi. Le rapport présenté aux élus du Département et finalement non voté, permet d'y voir un peu plus clair sur les intentions de l'exécutif du conseil général. "Si le Département a d'abord envisagé sa participation à un syndicat mixte à l'échelle départementale, il semble pertinent de participer au syndicat mixte à mettre en place à l'échelle métropolitaine, plutôt que de s'incrire dans une approche strictement départementale", est-il écrit. "Ce syndicat n'est toutefois concevable que si la Région et les autres dépatryements concernés (Loire, Isère et Ain) y participent", ajoute le rapport. Michel Forrissier n'a-t-il pas eu connaissance des évolutions d'analyse de son président ? Ou lui-même n'a-t-il pas arrêté son opinion ? Toujours est-il que Michel Mercier a retiré ce dossier. Le Département tranchera finalement le 20 juillet. Affaire à suivre donc.

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(1) Enquête ménages-déplacements, 2007.

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