15 000 lobbyistes arpentent sans complexes les rues de Bruxelles. Combien à Paris et à Lyon ? Ils n’ont en tout cas pas été mis à la porte par le nouveau gouvernement Hollande. Il se dit que la commission Jospin de moralisation de la vie politique n’abordera finalement pas ou peu les questions de lobbying et de conflits d’intérêts. Le dossier consacré aux lobbys par Lyon Capitale-le mensuel d’octobre devrait pourtant convaincre que les deux sont intrinsèquement liés et que, s’il y a urgence à “moraliser la vie politique”, c’est bien dans ce domaine. Car certains élus nagent aujourd’hui en pleine confusion. Exemple avec l’eurodéputée Françoise Grossetête et sa lutte contre la maladie d’Alzheimer, très “entourée” par les labos pharmaceutiques. Extraits.
Elle ne s’en cache pas et en est fière. Sa lutte contre la maladie d’Alzheimer, Françoise Grossetête, eurodéputée et conseillère régionale Rhône-Alpes (UMP), la mène sur tous les fronts, à Bruxelles et à Paris, depuis bientôt cinq ans, afin de soutenir la recherche. Et force est de constater que son travail paie.
Depuis le 10 juillet 2007, date à laquelle elle a été élue présidente de l’Alliance européenne contre la maladie d’Alzheimer, différents programmes se sont succédé au plan national et européen. Elle a notamment participé à la mise en œuvre du plan Alzheimer 2008-2012 lancé par Nicolas Sarkozy : une manne de 165 millions d’euros pour sa cause. Mais son plus gros succès reste d’avoir contribué à la reconnaissance de la maladie d’Alzheimer auprès de la Commission européenne, comme une priorité de santé publique. (…)
Alzheimer Europe : un groupe de lobbys financé par les firmes pharmaceutiques
Le hic, c’est que l’association Alzheimer Europe, maison mère de l’Alliance européenne contre la maladie d’Alzheimer dont Mme Grossetête est présidente, n’est autre qu’un groupe de pression, inscrit dans le registre européen des lobbys qui ont leurs entrées à Bruxelles. (…) “Aujourd’hui, beaucoup d’associations européennes de patients sont de véritables chevaux de Troie des firmes. Leurs méthodes sont classiques : elles produisent des rapports alarmants et tissent un réseau parlementaire fort”, explique Michèle Rivasi, députée européenne (EELV), spécialiste des questions de santé.
De son côté, Françoise Grossetête se défend d’être instrumentalisée par les industriels ou d’être dans une situation de conflit d’intérêts : “Je suis présidente de cette association, mon rôle est de secouer les ministres de la Santé, mais je le fais bénévolement. Oui, Alzheimer Europe est un groupe de pression, mais Greenpeace aussi ! Jamais on ne pourra démontrer que j’ai le moindre conflit d’intérêts.” Sur le financement de l’association par les laboratoires, Mme Grossetête élude la question.
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L’enquête de Lyon Capitale-le mensuel n°715 démonte tous les modes d’action des laboratoires dans le dossier maladie d’Alzheimer, chiffres à l’appui, le rôle du “pantouflage” autour de l’eurodéputée et le but de l’action des “big pharma”, dénoncé par le professeur Philippe Even.
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