La compétition Worldskills a débuté ce mercredi à Eurexpo, à côté de Lyon. (Photo by JEFF PACHOUD / AFP)

Truelles, burins et ciseaux : la compétition WorldSkills a démarré à Lyon

Truelle en main levée, les jeunes maçons concentrés observent du coin de l'œil l'horloge que le superviseur vient de poser au mur. Soudain un long coup de sifflet : la compétition WorldSkills a commencé.

Après les sportifs aux Jeux olympiques et paralympiques, place à quelque 1.400 artisans et ouvriers de moins de 23 ans lors de cette compétition internationale, organisée de mercredi à dimanche au parc des expositions de Lyon.

"C'est vous qui êtes à l'honneur aujourd'hui. C'est vous les stars, les grands champions. Donc, profitez de cet engouement!" Joël Abati, coach mental de l'équipe de France, prodigue ses derniers encouragements aux 63 participants de l'Hexagone. L'ancien international de handball observe la compétition de coiffure, tout juste lancée avec la première des sept épreuves programmées : une coupe au carré court, frange, style un peu seventies.

Des participants du monde entier

Chacun sa méthode. La candidate de Hong Kong Wing Cheik commence à l'arrière, le reste des cheveux remontés avec des pinces, tandis que sa voisine hongroise Gertrud Horvath, avec une approche plus holistique cheveux lâchés, a déjà dessiné la frange.

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Dans le public, les parents de Marie Langlais, candidate pour la France, sont venus de Bretagne la soutenir. La jeune fille a passé successivement un CAP, bac professionnel puis un brevet de maîtrise. Cette compétition, c'est "presque 10 ans d'apprentissage d'un coup", dit sa mère Nathalie.

Plus loin, un petit groupe d'élèves de CAP, venus exprès de Charnay-lès-Mâcon (Saône-et-Loire), observe d'un oeil expert la compétition de maçonnerie, scrutant les différentes techniques en fonction des pays. "C'est génial. Ce sont des choses valorisantes pour les élèves", se félicite leur enseignant Franck Lanoizelé.

Parfois, la méthode est plus uniformisée, comme pour la maintenance aéronautique, secteur très internationalisé, souligne Fredrik Cederlöw, qui représente la Suède. La catégorie ne manque pas d'attirer les regards avec son hélicoptère. Les jurés "s'assurent principalement que nous y montons de façon sécurisée, que nous regardons tout, que nous trouvons tous les défauts, et que l'on écrive bien les problèmes pour pouvoir les trouver ensuite et réparer", explique le compétiteur.

Gagner en expérience

Alors que les autres restent concentrés sur leur tâche, les plâtriers terminent leur mission du jour après cinq heures de travail intensives : les premières cloisons sont montées, avec les ouvertures. "Je suis jugé sur la propreté, les niveaux, les aplombs, l'éclairage", explique le Français Axel Laumond, très heureux de participer à une compétition qui met en lumière les métiers de la construction. Plus tard, ses enduits seront aussi évalués.

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"Il y a beaucoup de monde qui passe, les médias, des amis qui sont venus me voir. Du coup, il faut rester dans sa maquette, dans sa bulle. C'est assez différent du chantier", sourit le jeune homme de 22 ans, titulaire de deux CAP, un bac professionnel et une formation technique du patrimoine.

Dans le public, on retrouve aussi les champions des éditions précédentes. "Ces compétitions servent à faire connaître les métiers de l'artisanat qui sont méconnus. Nous, en taille de pierre, on a vraiment du mal à recruter", confie Adrien Nicolas, médaille d'argent dans sa catégorie aux EuroSkills de 2023.

Elles sont aussi bénéfiques pour les participants, selon cet "ambassadeur" qui observe les compétiteurs du jour fabriquer le bassin d'une fontaine. "La compétition m'a aidé à mûrir". "Deux ans de compétition, ça m'a fait économiser cinq années d'entreprise", en particulier dans la gestion du temps, explique-t-il.

"Ca permet de faire connaître des métiers sur lesquels les jeunes n'auraient pas porté d'intérêt", se félicite de son côté Joël Fourny, président de la Chambre des métiers et de l'artisanat (CMA France). "C'est nécessaire pour assurer le renouvellement de la main d'œuvre dans notre secteur", ajoute-t-il, précisant que 50% des artisans sont issus de l'apprentissage.

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