Après la révolution, vient le temps des élections en Ukraine. Jeudi, un gouvernement d’union nationale et un Premier ministre temporaire vont être nommés, avant des élections présidentielles anticipées, prévues pour le 25 mai. Passage en revue des candidats possibles avec Ihor Kohut, directeur de l’Ecole des études politiques de Kiev.
De notre envoyé spécial à Kiev (Ukraine).
Le boxeur Vitali Klitschko, l'un des favoris pour la présidentielle.
Ce mardi 25 février, la Rada, le Parlement ukrainien, a reporté à jeudi la formation d'un gouvernement d'union nationale. Pour Ihor Kohut, directeur de l'Ecole des études politiques de Kiev, plusieurs candidats se dégagent pour le poste de Premier ministre provisoire : "Nous parlons de Petro Porochenko ou d'Arseniy Iatseniouk. Porochenko n'est pas affilié à un parti politique, mais il représente une grande entreprise. Iatseniouk est un des leaders de l'opposition."
Surnommé le "roi du chocolat", l'oligarque Petro Porochenko est le plus grand producteur de confiseries en Ukraine. Il a été entre 2009 et 2010 ministre des Affaires étrangères. Arseniy Iatseniouk a été l'un des trois chefs de file de l'opposition à Viktor Ianoukovitch, pendant trois mois. Député de 39 ans, ancien ministre de l'Economie, M. Iatseniouk est un proche de Ioulia Timochenko, qui a déclaré ne pas vouloir briguer le poste de Premier ministre. "Mais le Premier ministre pourrait être aussi un technocrate. Des entrepreneurs ukrainiens ont proposé une liste de candidats", explique Ihor Kohut.
Klitschko en favori, Timochenko en embuscade, Maïdan en outsider
Pour les présidentielles du 25 mai, trois candidats se dégagent selon Igor Kohut : "Il y a Vitali Klitschko, "le boxeur", qui est déjà candidat, et Serhiy Tihipko, qui pourrait être le candidat pour le Parti des régions [le parti de Ianoukovitch, NdlR]. Il est arrivé troisième à la dernière élection présidentielle derrière Ianoukovitch et Timochenko. Pendant la crise, il était l'un de ceux qui parlaient de compromis avec Maïdan. Il y a aussi Mykhailo Dobkin, le gouverneur de la région de Kharviv [à l'est de l'Ukraine]. Il revient juste de Russie, où il a reçu des instructions."
Ancien champion du monde de boxe, Vitali Klitschko, colosse de 2,02 m, a été pendant trois mois la figure la plus médiatique de l'opposition. Leader du parti Oudar (Alliance démocratique ukrainienne pour la réforme), pro-européen, réputé "incorruptible", il sera un poids lourd pour la prochaine présidentielle. Mais il pourrait payer son inexpérience politique et son accord de sortie de crise avec Viktor Ianoukovitch.
Quid de l'"égérie de la Révolution orange", la revenante Ioulia Timochenko ? "Elle a été très enthousiaste quand elle a été relâchée, avec son discours. Mais elle comprend maintenant que ce ne sera pas facile d'être candidate. Elle est une politicienne très forte et charismatique. Mais elle a accepté une invitation de la chancelière Merkel pour se soigner, et ça pourrait prendre plusieurs mois. Je pense que c'est plus sage pour la société qu'elle ne participe pas aux élections", analyse Ihor Kohut.
Pour le directeur de l'Ecole des études politiques de Kiev, la surprise peut venir d'ailleurs : "Un nouveau visage de la société civile pourrait émerger. Il n'y a actuellement pas de figure dans Maïdan, mais ça pourrait vite changer."