PHOTOS - Mercredi dernier, les soldats de Lyon défilaient sur le cours Franklin Roosevelt (6e), alors que l’on venait d’apprendre la mort de 5 autres militaires en Afghanistan. Les trombes d’eau n’ont pas empêché les gens de venir applaudir, et la bonne humeur de régner dans les rangs des soldats. Une minute de silence a été observée à la mémoire d’un Lyonnais tombé au champ d’honneur.
Il n’y avait pas foule pour venir admirer les forces lyonnaises de l’armée française, la faute à un temps de cochon qui ne s’est estompé que vers la fin de la parade. Chez les quelques 700 militaires présents, l’ambiance était pourtant bonne. Ca discute, ça rie du mauvais temps, ça se jette des regards goguenards en constatant qu’à force de faire le pied de grue, ils sont déjà trempés jusqu’aux os. Certains tremblent de froid mais tous restent droits, impassibles, ils luttent.
La première chose qui frappe en observant ces visages sourire sous la pluie, c’est qu’ils sont jeunes. Ceux dont on apprend chaque jour dans les médias qu’ils meurent dans des "accrochages avec les insurgés" ou "des attentats à la bombe" ont des gueules d’anges, des visages d’adolescents ou de jeunes adultes. Elle est loin l’image caricaturale du vétéran de guerre. Aujourd’hui, on pourrait presque se dire que les soldats meurent trop jeunes pour devenir un jour des "vétérans"".
Hommage
Avant la remise des honneurs et le début du défilé, une minute de silence est demandée en l’honneur des 5 victimes d’un attentat-suicide le jour même en Afghanistan. Parmi eux, il y avait le caporal-chef Sébastien Vermeille, un Lyonnais de 31 rattaché au service Image du SIRPA Terre (le service d’information et de relations publiques de l’armée de terre). Les visages sont graves, on n’entend plus que la pluie. Même les passants s’arrêtent de parler. Le silence ne suffit pas. Le lendemain, alors que le défilé reprendra sur des Champs-Elysées gorgés de soleil, un nouveau soldat français tombera sous les tirs des insurgés.
Ces six victimes ainsi que le soldat tué par erreur la même semaine (tir fratricide) ont été rapatriées en France et un hommage national leur a été adressé lundi 18 juillet aux Invalides. Durant celui-ci, le chef de l’Etat, qui a tenu un discours dérivant sur "l’ennemi fanatique, [...] l’obscurantisme et le terrorisme", -ce qui n’a pas manqué de faire réagir une partie de la presse d’opinion-, a ajouté que le gouvernement prendrait un nouvel engagement à partir de ce jour, celui de renforcer la sécurité des troupes françaises présentes en Afghanistan. "Il y a un nouveau contexte et, face à ce nouveau contexte, il faut de nouvelles mesures de sécurité".
Au jour d’aujourd’hui, près de 4000 soldats Français stationnent toujours en Afghanistan sous le commandement de l'Otan. Depuis dix ans qu’a commencé la guerre, 70 d'entre eux y ont déjà trouvé la mort. Nicolas Sarkozy a annoncé qu’il retirerait 1000 hommes d’ici fin 2012, et la totalité du contingent d’ici fin 2014.