Le 16 novembre, les Gilets jaunes ont organisé un acte 53 en forme de revival. De Givors au péage du périphérique en passant par Bellecour, ils ont réanimé les lieux symboliques d’un mouvement qui a durablement marqué le mandat d’Emmanuel Macron. Trois figures locales de la fronde des ronds-points reviennent sur une année qui les a aussi marqués et se projettent au 5 décembre pour redonner du souffle à un mouvement guetté par la marginalisation. Questions/réponses.
LEUR ANNÉE EN JAUNE Fabrice, gilet jaune sur le rond-point de Givors © Antoine Merlet Fabrice, gilet jaune sur le rond-point de Givors : “Depuis le 17 novembre 2018, nous n’avons jamais quitté le rond-point de Givors, à l’entrée du centre commercial. Nous sommes là tous les mercredis et samedis. À une époque, les policiers avaient enlevé nos pancartes, mais on est revenus.” Pascale, gilet jaune à la barrière de péage de Teo : “Jusqu’à mi-janvier, j’étais au péage de Teo. J’y venais tous les soirs après mon travail. Puis la préfecture a donné l’ordre de nous évacuer. Après, j’ai participé à des manifestations, à différentes actions. Quelquefois, nous sommes revenus sur le péage, mais ça n’a pas duré.” Amelino dit Le Che, gilet jaune sur le rond-point de Feyzin : “J’ai fait 52 manifestations. Le 1er décembre 2018, j’ai cru qu’on n’était pas loin de faire gagner le mouvement. Mais il fallait appuyer plus fort. Le 16 mars aussi, qui était une réplique – j’étais à Paris. Ces jours-là, les forces de l’ordre étaient débordées ou laissaient faire, même s’ils ont gazé toute la sainte journée.” POURQUOI ILS SONT ENCORE GILETS JAUNES Fabrice : “Les gens sont toujours aussi motivés parce qu’un an après nous n’avons toujours rien. Des primes “Macron”, même si je préférerais qu’on les appelle des primes Gilets jaunes, ont été lâchées, mais la plupart des gens ne l’ont pas eue. Certains ont pensé qu’en descendant dans la rue deux ou trois week-ends on changerait les choses, mais Emmanuel Macron ne lâche pas. Nous ne nous battons pas pour le prix de l’essence, même si c’était la goutte d’eau qui a fait déborder le vase il y a un an. Nous nous battons pour l’état général de la France. Même les gens qui travaillent ont de plus en plus de mal à boucler les fins de mois.” Amelino dit Le Che, gilet jaune sur le rond-point de Feyzin © Antoine Merlet Le Che : “Les pompiers, les policiers, le personnel hospitalier ou les étudiants sont en colère. Le chômage repart à la hausse. Au bout d’un an, rien n’a changé dans le pays. La marmite est en train de bouillir. Le 5 décembre, j’y serai. Je ne peux plus reculer. Je n’ai plus rien à perdre.” Pascale : “Il reste toujours des gens qui ne peuvent pas se chauffer ou qui ont faim. Comment pourrions-nous accepter de dire que l’on a perdu ? Je me bats aussi en tant qu’infirmière. Pas pour plus de salaires, mais aussi pour les usagers. Comment feront les gens qui n’ont pas d’argent quand il n’y aura plus de services publics ? Les Gilets jaunes portent ça et, pour cette raison, nous ne devons pas nous arrêter.” CE QUE LE MOUVEMENT LEUR A APPRIS Pascale, gilet jaune à la barrière de péage de Teo © Antoine Merlet
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