Un bus de passage à Lyon pour évoquer la fin de vie sans tabou

Le bus des jeunes de l’Association pour le droit de mourir dans la dignité (Admd) était de passage à Lyon, ce lundi après-midi, place Antonin Poncet. Objectif ? Aborder sans tabou la question de la fin de vie, alors que l’affaire Vincent Lambert est toujours d’actualité.

Avant de se diriger vers Saint-Etienne demain, le bus de l’Association pour le droit de mourir dans la dignité s’est arrêté place Antonin Poncet, ce lundi après-midi. Il s’agit de la 20e étape d’un tour de France qui passe pour la troisième fois à Lyon. L’occasion d’aborder des thèmes relatifs à la fin de vie avec de jeunes bénévoles membres de l’association. Car ce sujet reste au cœur de l’actualité : pas plus tard que mercredi dernier, l’affaire Vincent Lambert a connu un nouveau rebondissement. Le Conseil d’Etat a en effet jugé illégale la suspension de la procédure d’examen de l’interruption des traitements du patient, décidée en 2015 par le CHU de Reims.

Dans un communiqué, la plus haute juridiction administrative rappelle que ”le médecin en charge de M. Lambert en 2015 avait engagé une procédure d’examen d’un arrêt des traitements mais a ensuite décidé de la suspendre, sans donner de terme à cette suspension, au motif que les conditions de sérénité et de sécurité nécessaires à sa poursuite, tant pour le patient que pour l’équipe soignante, n’étaient pas réunies.” Or elle estime que ”le médecin ne pouvait en l’espèce se fonder sur un tel motif pour prendre la décision de suspendre la procédure pour une période indéterminée.” Le Conseil d’Etat a ainsi validé l’annulation de la décision du médecin que la cour administrative d’appel de Nancy a prononcée et qui était doublement contestée par la famille de Vincent Lambert.

L'affaire Lambert, une saga juridique qui maintient la question de la fin de vie au coeur de l'actualité

D’une part, des proches du patient étant contre l’arrêt des soins, dont ces parents, contestaient l’arrêt de la cour administrative de Nancy ”en ce qu’il annulait la suspension de la procédure et prononçait une injonction.” D’autre part, le neveu de Vincent Lambert, favorable à l’arrêt des soins, le contestait ”en ce qu’il refusait d’enjoindre de mettre en œuvre la décision prise le 11 janvier 2014 [par le premier médecin en charge du patient, qui souhaitait mettre un terme à l’alimentation et à l’hydratation artificielles de ce dernier, NDLR].” Or sur ce point, le Conseil d’Etat a affirmé que la décision de 2014 ”ne peut plus recevoir application dès lors que le médecin qui l’a prise n’est plus en charge du patient.” Avant de conclure qu’il ”en résulte que le médecin actuellement en charge de M. Vincent Lambert devra à nouveau se prononcer sur l’engagement d’une procédure d’examen de l’arrêt des traitements de l’intéressé.”

Un énième épisode juridique qui continue d’alimenter la médiatisation de cette affaire tragique. ”Beaucoup de gens nous parlent de Vincent Lambert, explique Christophe Michel, secrétaire général de l’Association pour le droit de mourir dans la dignité. Ce qui les choque surtout, c’est le fait que la volonté de la personne n’ait pas été respectée.” Et c’est bien pour éviter de telles controverses que depuis 2005, il est possible à qui le souhaite de rédiger des directives anticipées afin de préciser ses souhaits concernant sa fin de vie.

La tournée estivale des jeunes de l’Admd a donc notamment pour objectif d’apporter des informations à propos de ces directives, encore parfois peu connues du grand public. En effet, sur les quelques 2 000 membres de l’Admd dans le Rhône, seuls environ 25% auraient rédigé leurs directives, selon Hubert Sapin, délégué départemental. A travers les différentes initiatives organisées tout au long de l’année, l’idée est donc de réaliser ”un travail de dialogue, de dire aux personnes d’en parler à leurs proches”, poursuit-il.

”L'idée, c'est que chacun puisse avoir un panel de choix quant à la fin de sa vie”

Lors des étapes du bus, les jeunes bénévoles ont ainsi l’occasion de rencontrer des profils très variés. ”Je viens par exemple d’échanger avec une dame dont le mari a soudainement été atteint de la maladie de Creutzfeldt-Jakob, raconte Damien, jeune Lyonnais adhérent de l’Admd. Elle a demandé à son médecin de l’euthanasier dès lors qu’il n’était plus conscient, mais la seule chose légale était d’attendre la toute fin de vie pour qu’il ait droit à la sédation. Elle aurait préféré qu’il ait une mort consciente. Alors elle est venue s’informer, demander si elle pouvait aider pour des pétitions.”

A l’échelle nationale, l’Admd se bat effectivement pour légaliser l’euthanasie assistée : ”L’idée, c’est que chacun puisse avoir un panel de choix quant à la fin de sa vie”, explique Christophe Michel. Une revendication que l’association espère inscrire dans les prochaines lois de bioéthique qui devraient être révisées fin 2018. Pour cela, encore faudra-t-il convaincre suffisamment de parlementaires, à l’image de Jean-Louis Touraine, député LREM de la 3ecirconscription du Rhône, ”l’un des porteurs de l’association” d’après Christophe Michel.

En attendant une éventuelle évolution en France, certains se tournent vers d’autres pays où le suicide assisté est légal. ”Notre proximité avec la Suisse fait que nous avons des demandes concernant cette procédure, explique Hubert Sapin. Alors je donne des contacts d’associations suisses mais je ne peux pas aller au-delà, sinon ce serait illégal.” D’autant plus que cette pratique a un coût : environ 10 000 euros, selon le délégué du Rhône.

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