Un étudiant clermontois en rétention à Lyon

Depuis le 17 mars, un étudiant sans-papiers est détenu au Centre de Rétention Administrative de Lyon Saint-Exupéry. Arrêté à Clermont-Ferrand le 16 mars, Ziyed Tlili est également militant au sein de Réseau Université Sans Frontières (RUSF 63). Il est menacé d'expulsion pour “manque de sérieux dans ses études”.

Ziyed Tlili était sans doute loin de s'imaginer que la non validation de modules d’enseignement l'obligerait à quitter la France. Arrivé en 2002 à l'âge de 25 ans, Ziyed est tunisien et aujourd'hui étudiant en 3ème année d'informatique à l'Université Blaise Pascal de Clermont-Ferrand.

En 2008, on lui refuse une première fois le renouvellement de ses papiers et de sa carte d'étudiant à cause de son échec aux examens. Il est alors placé en rétention puis libéré par le juge des libertés avant de voir sa situation régularisée à l'aide du soutien de RUSF 63. En 2009, il réussit une partie de ses examens mais voit de nouveau sa demande de renouvellement de titre de séjour refusée sur le même motif qu'en 2008. “C’est une situation habituelle, commente Marion D’Hour du Réseau Université Sans Frontières (RUSF). La préfecture refuse au nom d’un manque de sérieux dans les études”. Entre-temps, Ziyed entre dans l'association RUSF pour apporter son soutien aux étudiants sans-papiers. Le 16 mars, à la veille d'une rencontre culturelle où il devait évoquer sa situation d'étudiant sans-papiers, trois policiers en civil l'interpellent dans le centre ville de Montferrand. Il est ensuite envoyé au centre de rétention administrative de Lyon Saint-Exupéry où il séjourne encore à l'heure actuelle.

« Je perds mon temps ici »

Contacté par Lyon Capitale, Ziyed ne mâche pas ses mots : «il y a un vrai décalage entre une décision politique et la réalité sur le terrain. On ne prend pas en compte la dignité humaine.» A propos des arguments de la préfecture, il affirme que son implication dans l'association RUSF n'est pas neutre : «La vie d'étudiant est difficile et la préfecture refuse de prendre en compte les progrès que j'ai essayé de faire. Je ne comprends pas cet acharnement.». Il se dit également inquiet pour ses études et son année universitaire qu'il risque de rater à cause de sa rétention : « je perds mon temps ici et l'État perd également de l'argent. Pour rien. Dans tous les cas, cela n'arrêtera jamais mon envie d'étudier.»

L'association RUSF dans laquelle milite Ziyed s'est mobilisée suite à son arrestation. Samedi 20 mars, 200 manifestants se sont rassemblés devant la préfecture du Puy de Dôme. Deux jours plus tôt, une délégation d'enseignants de l'université avait été reçue par la préfecture, en vain. Le Conseil d'administration de l'université Blaise Pascal a également adopté une motion demandant au préfet du Puy-de-Dôme «de régulariser un étudiant inscrit régulièrement en licence d'informatique afin qu'il puisse sereinement poursuivre ses études à Clermont-Ferrand ». Enfin, des élus du Département, de la Région, de la Ville de Clermont-Ferrand ont également appelé à la régularisation de l'étudiant. Une manifestation est aussi prévue samedi 3 avril à 14h devant le Consulat Général de Tunisie à Lyon. Ziyed a, lui, saisi la Cour administrative d’appel de Lyon pour contester la décision d’expulsion. Pour l'heure, la date d'audience n'est pas encore fixée.

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