Lundi 26 décembre, le corps d’un homme de 38 ans avait été repêché dans le Rhône. D’origine iranienne, la victime avait posté une vidéo sur les réseaux sociaux annonçant son suicide pour dénoncer la répression en Iran.
"Quand vous regarderez cette vidéo, je ne serai plus vivant, je serai mort à ce moment-là". Ces mots, ce sont prononcés dans une vidéo partagée sur les réseaux sociaux par un homme retrouvé noyé dans le Rhône lundi 26 décembre au niveau du pont Gallieni. Âgé de 38 ans, il s’appelait Mohammad M. et était originaire d’Iran.
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Un geste réfléchi
Étudiant, il s’était installé en 2019 à Lyon où il vivait avec sa femme. Dans une vidéo tournée avant son passage à l’acte, la victime livre ces quelques informations avant d’expliquer les raisons de son suicide.
"J’ai choisi cette voix sans aucun stress, je ne suis pas triste. J’ai décidé de faire ça pour montrer à tout le monde que nous, Iraniens, nous avons besoin d’aide", Mohammad M.
Assis au bord du fleuve, dans cette vidéo de quelques minutes partagées en Français et en Iranien il confie "je suis content parce que j’ai choisi cette voix sans aucun stress, je ne suis pas triste. J’ai décidé de faire ça pour montrer à tout le monde que nous, Iraniens, nous avons besoin d’aide. Donc s’il vous plaît, donnez votre attention à notre pays, l’Iran. Ils ont besoin d’aide et ils sont seuls. La police et le gouvernement sont extrêmement violents contre les gens".
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Par ces quelques mots, il fait référence aux protestations de la population iranienne violemment réprimées par le régime iranien après la mort à l’hôpital d’une jeune femme kurde le 16 septembre, trois jours après son interpellation violente par la police des meneurs à Téhéran. "On a perdu beaucoup de filles et fils très jeunes, adolescent, même des enfants. On doit faire quelque chose. J’ai donc décidé de me suicider dans le fleuve Rhône. C’est comme un challenge pour montrer que nous, Iraniens, sommes très très fatigués de cette situation", explique Mohammad M.
Les pompiers déployés lundi soir sur les coups de 18h30 pour le sauver n’ont pas réussi à le réanimer après l’avoir tiré des eaux du Rhône. D'après nos confrères du Progrès, des passants auraient tenté de le dissuader de sauter du pont avant son passage à l'acte, en vain.
Un rassemblement à 17 heures
"On l’a reçu plusieurs fois à la maison c’était quelqu’un de charmant et très cultivé. Il n'était pas du tout d'accord avec le régime dans son pays, mais jamais on aurait imaginé qu’il fasse une chose pareille pour faire avancer la cause", confie à Lyon Capitale Isabelle, la mère d'un jeune avec qui il étudiait en 3e année de licence d'histoire. "Il laisse une épouse toute seule qui a bien du mal à faire face. Je ne comprend pas ils étaient très amoureux", nous a expliqué émue cette dame peu avant d'aller rendre visiter à la jeune femme actuellement hospitalisée.
"Il n'était pas du tout d'accord avec le régime dans son pays, mais jamais on aurait imaginé qu’il fasse une chose pareille pour faire avancer la cause", Isabelle, une connaissance de Mohammad
À 17 heures, ce mardi 27 décembre, un rassemblement à la mémoire de Mohammad sera organisé par des membres de la communauté iranienne lyonnaise. Ils devraient se réunir au niveau du pont Gallieni. "On voudrait que le décès de Mohammad ne soit pas inutile, même si c’était la pire des solutions, précise Isabelle. Dans les médias, l’Iran est passé un peu aux oubliettes depuis quelque temps, on en parle plus et la bas il y a vraiment des gens qui souffrent et qui meurent".
Iran, Afghanistan, Pakistan, le triptyque de la répression.