Patrick Carlioz, chirurgien pédiatrique, président de l'association générale de l'internat de Lyon
Patrick Carlioz, chirurgien pédiatrique, président de l’association générale de l’internat de Lyon

Un livre extrêmement rare "touché des mains de Michel-Ange" exceptionnellement exposé à Lyon

On en dénombre 25 exemplaires en France et environ 150 dans le monde. Son prix aux enchères varie de 40 000 à plus d'1,5 million d’euros selon l’édition, son état et son histoire.

A l'occasion du centenaire des anciens internes de médecine de Lyon, l'Association générale de l'internat de Lyon organise, jeudi 21 novembre, une soirée dans le Grand salon de l'Hôtel de Ville - Justin Godard, clin d'oeil au fondateur de la Ligue internationale contre le cancer, ancien ministre de la Santé (1932)et maire de Lyon (1944-1945).

Pour l'occasion Alain Fisher, président de l'Académie des sciences et "monsieur Covid-19", chargé de conseiller le gouvernement dans sa stratégie vaccinale,
donnera une conférence sur "Les thérapies innovantes, enjeux économiques et éthiques", suivie d'un échange avec le public.

Lire aussi :
- Le Nobel de médecine 2023 raconté par un chirurgien lyonnais
- Lyon, l’incroyable traité du "Dr Moustache"

A cette occasion sera présenté "le Vésale", du nom de l'anatomiste et médecin éponyme considéré par de nombreux historiens des sciences comme le plus grand anatomiste de la Renaissance voire le plus grand de l’histoire de la médecine. Un exemplaire de 1555, restauré grâce aux Hospices Civils de Lyon, a été découvert sur une table dans un coin d'un entrepôt, dans un sac en papier de boulanger. "Avant on n'avait pas le droit de disséquer : Gallien, Hippocrate faisaient de l'anatomie à partir de squelettes d'oiseaux, de cochons, de porcs, de cheval mais là c'est la première fois où le squelette est présenté en squelette animé. C'est un événement ce livre a été touché avec les mains de Michel-Ange, de Raphaël, de Léonard de Vinci." s'enthousiasme Patrick Carlioz, chirurgien pédiatrique et président de l'Association générale de l'internat de Lyon.

Le "Vésale" des HCL restauré
Grâce à l’investissement de documentalistes passionnés, l’ouvrage historique d’anatomie a été restauré 467 ans après sa création.

Article paru dans "Tonic ! " le magazine interne des HCL en septembre 2022

On le surnomme "Le Vésale", du nom de son auteur, André Vésale, médecin de Charles Quint et anatomiste reconnu de la Renaissance. Ouvrage fondateur concernant l’anatomie humaine, il est considéré par certains comme l’un
des plus beaux livres dans la spécialité.
On en dénombre 25 exemplaires en France et environ 150 dans le monde. Son prix aux enchères varie de 40 000 à plus d’1,5 million d’euros selon l’édition, son état et son histoire.
L’exemplaire des Hospices Civils de Lyon est une seconde édition, imprimée à Bâle en 1555 par l’éditeur Johannes Oporinus. Les planches d’anatomie, gravées
sur bois à Venise, sont attribuées à Calcar, élève du Titien. Elles montrent des écorchés, des squelettes saisis pour la première fois dans des postures du quotidien, ainsi que 24 petites lettrines entourées d’angelots en
pleine activité médicale. "Parmi ces planches, certaines étaient destinées à être découpées et collées sur les figures d’écorchés pour constituer un modèle en 3D", informe Frédéric Riondet, responsable de la Documentation centrale des HCL.
Sa reliure d’époque, en peau de chèvre mégissée blanche estampée à froid, avec ais de bois(1) biseautés, fermoirs en laiton et dos à cinq entre-nerfs (2), témoigne d’une facture de luxe particulièrement soignée. "À l’époque, l’acquéreur faisait relier le livre selon ses moyens. Au regard de la richesse du plat supérieur, ce dernier devait être une personne aisée", renseigne Caroline Mami, documentaliste, en stage aux HCL dans le cadre d’un master 2 Cultures de l’écrit et de l’image à l’École nationale supérieure des sciences de l’information et des bibliothèques (Enssib).
De même, la richesse de l’ouvrage se retrouve aussi dans la typographie en caractères humanistes enrichie de lettres grecques et hébraïques, dont l’imprimeur possédait les casses (3).
L’exemplaire avait été exposé, en 1926, aux côtés d’autres ouvrages de la Renaissance issus du fonds d’archives des HCL, par l’Association générale de l’internat des Hospices Civils de Lyon (Agil) à qui l’on doit sa conservation.

À l’automne 2021, Caroline Giroudon, documentaliste, propose la restauration
de cette pièce emblématique de la médecine du XVIe siècle. Et c’est en janvier 2022 que les célèbres planches gravées ont progressivement retrouvé une seconde jeunesse grâce au travail minutieux d’Aurélia Streri, restauratrice à Lyon.
Aujourd’hui, Frédéric Riondet souhaite rééditer l’exposition de 1926 en 2026. Ce projet nécessite d’organiser le rapatriement des ouvrages historiques à la Documentation centrale, leur restauration et leur conservation préventive dans les conditions adéquates. "La bonne gestion de cette collection
patrimoniale permettra de rendre disponibles ces ouvrages de manière exhaustive aux scientifiques de toutes disciplines. C’est non seulement essentiel pour faire avancer nos connaissances mais c’est aussi le moyen de remplir notre obligation morale de conserver et valoriser les dons qui ont été faits
au cours des siècles."


(1) En imprimerie, planche de bois servant de support. Ici utilisée
en couverture du livre (plats supérieur et inférieur).
(2) Espace compris entre les nervures du dos d'un livre.
(3) Casier en bois divisé en cassetins contenant l’ensemble des
polices de caractères composées d’un mélange de plomb,
d’antimoine et d’étain. D’après Caroline Mami, cette composition
inventée par Gutenberg joue pour beaucoup dans la réussite de
l’imprimerie (avec la composition de l’encre et la presse).


La retranscription intégrale de l'entretien avec Patrick Carlioz

Bonjour à tous et bienvenue dans ce nouveau rendez-vous de 6 minutes chrono. Nous accueillons aujourd'hui le docteur Patrick Carlioz. Bonjour.

Bonjour.

Docteur Patrick Carlioz, vous êtes chirurgien pédiatrique, membre de l'Académie nationale de chirurgie. Si on vous invite aujourd'hui c'est en tant que président de l'association des anciens internes de Lyon de médecine de Lyon. L'association organise, jeudi 21 novembre, une grande soirée pour son centenaire et vous recevez, dans les salons de l'hôtel de Ville, Alain Fischer, le président de l'Académie des sciences et "monsieur Covid-19" qui va faire une conférence alors très intéressante sur les thérapies innovantes. Petit teaser à cette conférence, les thérapies innovantes finalement c'est quoi ?

Très bonne question Guillaume. Alors les thérapies innovantes c'est l'innovation et l'innovation, actuellement, elle est dominée tout le monde l'a vu avec le Covid bien qu'on a dit que c'était une nouvelle recherche mais qui date en fait contre 2005, voire même avant 1986, par l'ARN messager. Et à partir de l'ARN messager, on peut faire des thérapeutiques innovantes et surtout ciblées, c'est-à dire qu'on cible les tumeurs, on prend un petit bout de la tumeur, la tumeur fabriquant des protéines spécifiques à elle-même, on fabrique avec l'ARN messager - qui va répliquer un message et qui va donner un message - odes anticorps qui vont aller spécifiquement contre cette tumeur. Ça marche très très bien actuellement pour le sein, pour le pancréas, ça commence pour le poumon, ça marche exceptionnellement bien pour les mélanomes, les tumeurs de la peau.

Il y a deux ans, je crois que c'était en 2022, le gouvernemen avait lancé une stratégie d'accélération sur les biothérapies et la bioprotection des thérapies innovantes. Aujourd'hui vous diriez on situe comment la France sur ces thérapies innovantes ?

Pas mal, d'autant plus que tout ce qui est ARN et ARN messager est une histoire française qui a commencé en 1929. Le premier vaccin contre la grippe chez les souris, c'est un Français, la découverte de l'ARN messager, c'est le professeur François Gros, c'est un Français la découverte de l'ARN…

Et on est encore dans la bataille... ?

Ah oui on est bien ! Le chercheur français Emmanuel Charpentier qui a fait le ciseau CRISPR qui permet actuellement de faire justement cette thérapie génique, c'est à dire de prendre des morceaux d'ARN très précis pour construire un anticorps très précis, qui ont telle maladie ou contrainte. Les antibiotiques actuellement, tout le monde connaît l'antibio résistance, à force de l'antibiotique on a des staphylocoques dorés qui inondent des hôpitaux qui inondent toute la pathologie cutanée voire plus avec des septicémis des endocardites infecteieuses, et grâce à l'ARN messager et à ces thérapies innovantes on a des antibiotiques maintenant qui vont tuer ces staphylocoques qui sont normalement résistants.

Vous l'avez dit il y a un enjeu sanitaire social important il y a des enjeux économiques parce que c'est des thérapies innovantes.

C'est parce que c'est nouveau et c'est pas encore à grande échelle tout ce qui est nouveau et qui n'est pas à grande échelle coûte cher c'est la recherche encore qu'en France on ne fait pas beaucoup de recherche c'est le problème de la recherche en France.

L'argent c'est toujours le nerf de la guerre.

Pour cibler rapidement, la recherche mondiale toute confondue c'est 450 milliards aux USA, 300 milliards en Chine et c'est 30 milliards en Europe et 7 milliards en France.

Enjeux économiques il y a aussi des enjeux éthiques ça sera aussi dans la conférence de docteur Fischer les enjeux éthiques c'est quoi les enjeux éthiques ?

Par exemple, un des derniers médicaments contre une maladie génétique très rare, il y a une centaine de cas en France, c'est 2,5 millions d'euros l'injection pour une maladie, pour une pathologie qui touche à peu près entre 50 et 100 enfants. Donc là l'enjeu éthique c'est de dire pourquoi lui ? Parce que c'est de la recherche.

Mais c'est vrai que le mot éthique et le mot thérapie génique fait toujours peur.

Parce qu'on s'adresse aux gènes mais vous savez que pour vivre on utilise que 7% de son patrimoine génétique.

Je reviens un peu sur cette conférence donc on l'a dit on l'a vu à cette conférence du docteur Fischer et puis alors il y a quelque chose d'impressionnant c'est que vous allez présenter un des plus beaux livres du monde.

C'est le Vésale, parce qu'il a été écrit par André Vésale en 1535. Nous, à Lyon, on a la deuxième édition de 1544 mais qui est très très belle. Il y a 300 exemplaires dans le monde et il y en a à peu près 25 à 50 en Europe.

Il appartient à qui ?

Aux HCL, avec gestion de la bibliothèque de l'internat. Ce livre a été retrouvé dans les greniers de l'hôtel de laVville par les internes qui à ce moment-là ont demandé en 1828. C'est le premier livre d'anatomie. Avant on n'avait pas le droit de disséquer : Gallien, Hippocrate et faisaient de l'anatomie à partir des squelettes d'oiseaux, de cochons, de porcs, de cheval mais là c'est la première fois où le squelette est présenté en squelette animé. C'est un événement ce livre Il a été touché avec les mains de Michel-Ange, de Raphaël, on se rend pas compte quoi. Léonard de Vinci aussi.

Je le rappelle : soirée de prestige et conférence du président de l'Académie des sciences, jeudi 21 novembre dans les salons de l'Hôtel de Ville. A très bientôt merci.

Laisser un commentaire

réseaux sociaux
X Facebook youtube Linkedin Instagram Tiktok
d'heure en heure
d'heure en heure
Faire défiler vers le haut