Hugues Mouret, entomologiste lyonnais, directeur d'Arthropologia, ira prêter main forte aux scientifiques équatoriens à la fin octobre. Il va les aider à échantillonner une partie de la faune des invertébrés de leurs îles. Une mission d'intérêt international.
"Il y a de nombreux problèmes qui mettent en danger la biodiversité et l'environnement des Galapagos, en plus du défi social pour accéder au "Buen vivir" (bon vivre) pour les populations locales. Maintenant, plus que jamais, il est temps d'investir dans une recherche scientifique solide, de manière à toucher le corps décisionnel du gouvernement de l'Equateur et de lui fournir des informations fondées et des conseils techniques".
Swen Lorenz, directeur de la Charles Darwin Foundation s'inquiète pour son archipel. En juillet dernier, le directeur exécutif et le conservateur de la fondation ont tenté de convaincre la crème des jeunes scientifiques européens de venir leur prêter main forte, bénévolement.
Hugues Mouret, entomologiste (spécialiste des insectes, ndlr) lyonnais qui intervenait lors d'un colloque en Suisse fin juin a été approché. Il s'est laissé convaincre, engagé à venir prêter main forte aux scientifiques équatoriens afin de les aider à échantillonner une partie de la faune des invertébrés terrestres de ces îles.
Le directeur d'Arthropologia, association naturaliste basée à la Tour de Salvagny, s'envolera fin octobre. D'ici là, il espère trouver les premiers financements pour l'aider à mener à bien sa mission d'une durée de 4 mois. Pour l'heure, elle n'est financée que par son association, Arthropologia et ses deniers personnel.
Lyon, la Région et le député de circonscription contactés
Fin octobre, avant son départ, il rencontrera le maire de Lyon, Gérard Collomb, pour tenter de le convaincre de soutenir la mission. Le député de la circonscription, Patrice Verchère, fort de sa réserve parlementaire, a été contacté. Il n'a pas encore donné suite. Arthropologia qui mène à Lyon le programme européen, URBANBEES espère aussi obtenir le soutien du président de la région Rhône-Alpes, Jean-Jack Queyranne pour cette nouvelle mission scientifique d'intérêt mondial. La fondation Deloitte qui fait partie des partenaires privés approchés a montré de l'intérêt, sans engagement ferme pour l'instant.
A noter que les îles Galapagos représentent un patrimoine naturel exceptionnel, dans la mesure où, comme à Madagascar, il vit sur ces îles des espèces endémiques qui n'existent nulle part ailleurs : Iguanes marins et terrestres, Tortues géantes, Pinsons de Darwin, Manchots, Léopards de Mer, Frégates, Fous à pied bleus... Mais toutes ne sont pas répertoriées et à l'heure où les scientifiques se tournent vers les insectes, notamment en matière de nutrition pour sauver la planète, Hugues Mouret pourrait faire des découvertes très intéressantes sur place.
"Une seule espèce d'abeille"' inventoriée
Dans tous les cas, son travail ne manquera pas d'être utile à la Fondation Darwin en terme de banque de données. Actuellement, la liste des invertébrés inventoriés aux Galapagos n'est guère longue (la consulter en cliquant ici). "Par exemple, elle ne répertorie qu'une seule espèce d'abeille alors qu'en France nous en recensons près de mille, et plus de 300 rien que dans le Grand Lyon" précise Hugues Mouret.
Sur place, le jeune père de famille est très attendu, également du fait du matériel qu'il apportera avec lui et dont il a prévu de laisser une partie sur place : loupes, loupe à main, loupes binoculaire, etc. Le parfait nécessaire de l'entomologiste moderne qui fait défaut aux scientifiques locaux et dont les prix peuvent monter jusqu'à 1500 euros la loupe. Les photos que Hugues Mouret prendra sur place seront cédées également à titre gratuit à la Darwin Foundation.
Sur place, le temps presse car malgré son isolement insulaire, l'Archipel des Galapagos n'est pas à l'abri des pollutions du monde moderne. En janvier 2001, le cargo Jessica s'est échoué au large de l'archipel déversant 900 tonnes d'hydrocarbures, déviées heureusement par des courants favorables. Le tourisme lui aussi explose, plusieurs dizaines de milliers de personnes débarquent chaque année sur les îles mettant à mal la faune et la flore.
La réserve marine des Galapagos est la deuxième plus grande au monde (derrière la grande barrière de corail en Australie), elle s'étend sur plus de 130 000 Km2. Mais malgré cela les ravages de la sur-pêche industrielle continuent de dévaster ces biotopes si fragiles ...