Le 10 décembre 2007, le corps d'un dealer de 22 ans, surnommé "Ron's ou le "serpent", était découvert à Mornant dans le Rhône. Ce lundi 30 mai la Cour d'Assises du Rhône a commencé a juger l'accusé, surnommé "Rouquin", toxicomane de 29 ans, issu de la communauté des gens du voyage.
C'est sur le ton de la défiance et de l'incompréhension que "Rouquin" répond au Président de la Cour d'Assises du Rhône ce lundi matin. Il est accusé d'avoir, le 9 décembre 2007, assassiné son dealer, "Ron's". "Je ne comprends pas ce que cela a à voir avec mon affaire", répond-il lorsque le Président lui demande s'il y a des femmes qui comptent pour lui. Maryline, sa concubine depuis 7 ans, est alors appelée à la barre. Enceinte de 4 mois, le Président s'interroge sur le compte de la jeune femme : comment l'accusé va-t-il assumer son rôle de père derrière les barreaux ? A t-il conscience de ses responsabilités vis-à-vis de ce "bébé parloir". "Je ne pense qu'à ça : ne pas voir cet enfant grandir. Mais j'ai confiance en mon avocate", répond-il.
Tous deux sont issus de la communauté des gens du voyage, ils vivaient ensemble dans un "chalet" à Irigny avant les faits. Deux ans de vie commune émaillés par quelques séparations. La faute à la drogue explique la future maman. Le "Rouquin" baisse les yeux. "Ce n'est pas quelqu'un de nerveux", ajoute la future mère qui est venue accompagnée. Elle échangera plusieurs regards et murmures d'encouragements pendant l'audience. Du côté des parties civiles, les bancs sont clairsemés et la tension est palpable.
Un expert psychiatre est appelé à la barre. Il émet des doutes sur la capacité à témoigner de "Choco", le principal témoin. Celui-ci aurait raconté avoir vu l'accusé le soir des faits en possession de la drogue et de l'argent de la victime. Ami de l'accusé, lui aussi toxicomane et vraisemblablement angoissé par l'audience, il dit ne se souvenir de rien. "Et encore moins de l'affaire", ajoute l'expert qui estime que "Choco" fait de la "sur-simulation". Le Président tranche : il sera entendu ce mardi et tenu à disposition dans une pièce voisine tout au long du procès.
"Immaturité psychique"
Vient ensuite l'expertise psychologique de l'accusé. Né d'un père, ex détenu, et d'une mère gitane, tôt déscolarisé, "Rouquin", tombe rapidement dans la drogue : Haschich, héroïne et cocaïne. Ses journées sont occupées par la recherche de sa dose quotidienne. Après plusieurs cures de désintoxication sans résultats, l'expert psychiatre note que l'accusé a considérablement diminué sa dose de traitements de substitution (Subutex et Méthadone) ; ce qui tendrait à prouver qu'il a vaincu sa dépendance. Et alors que l'expert aborde les effets de l'héroïne, "Rouquin" hoche la tête et garde la bouche ouverte, dans un mélange d'approbation et de stress.
Son cas ne relèverait pas de la pathologie psychiatrique mais plutôt de l' "immaturité psychique" affirme le médecin qui collabore avec la cour. Une "fragilité de sa personnalité" qui explique sans doute sa difficulté à se contenir lorsque son avocate explique que l'accusation tient en grande partie sur le témoignage d'un homme dont la santé mentale est mise en doute ("Choco"). L'avocate a ensuite du mal à faire taire son client qui s'accapare la parole et s'emporte. C'est la confusion qui domine cette fois, lorsque le Président demande à "Rouquin" des précisions sur les témoignages contradictoires rapportés au juge d'instruction.
Rouquin nie son implication dans l'assassinat de l'homme qui était son ami mais aussi son dealer. Il aurait pourtant été aperçu le soir du crime, en possession de la drogue et de l'argent de la victime alors qu'il venait de conclure un deal avec la victime. Son pull a été retrouvé sur la scène du crime et son véhicule détruit quelques jours après les faits.