Détails de l'un des plus ambitieux projets lyonnais de ces prochaines années.
L'épure est quasi irréelle : entre la place Antonin Poncet et la piscine du Rhône, un objet flottant non identifié de cinq étages, coiffé par des arbres, monté sur pilotis et relié aux berges par deux hautes passerelles, émerge de l'eau. Une péniche de croisière est accostée à quelques brasses de l'imposante construction, une dizaine de mètres plus bas. Le croquis est celui d'un hôtel quatre-étoiles, ultramoderne, qui pourrait voir le jour d'ici quelques années.
"Il manque à Lyon une Tour Eiffel"
Son promoteur, Gérard Valiot, spécialiste en montages d'opérations d'investissements et de trade, l'a imaginé à l'occasion d'un séminaire de réflexion sur le tourisme d'affaires - organisé par la Société d'économie politique et d'économie sociale de Lyon*. Conclusions : Lyon manque cruellement d'un gros porteur hôtelier de très haut de gamme, comprenez un hôtel de luxe d'au moins 400 chambres. Le foncier faisant défaut en centre-ville, l'ingénieur l'a imaginé sur l'eau. "Du moment où on sait construire un pont, pourquoi pas un hôtel..." sourit, le plus sérieusement du monde, Gérard Valiot. Didier Poignant, un architecte parisien très couru dans le monde de l'hôtellerie de luxe, notamment pour avoir dessiné le Grand Hôtel Intercontinental à Paris, a planché sur le projet lyonnais : "La nouveauté est toujours un peu difficile mais techniquement, ça ne paraît pas du tout irréalisable (...). Il manque à Lyon une Tour Eiffel, mais ces dernières années, Lyon est un creuset au niveau architectural, c'est une ville qui "sort" en France. Cet hôtel sur l'eau serait dès lors un exceptionnel emblème international."
Autonome en énergie
D'autant que, d'un point de vue environnemental, le bâtiment ferait également figure de modèle. Au programme , une centrale hydroélectrique, des panneaux solaires pour l'eau chaude sanitaire et le chauffage, un toit-terrasse végétalisé pour fixer les polluants atmosphériques et récupérer une l'eau de pluie biologiquement filtrée, un système indépendant de traitement des déchets, etc.
Une boîte de nuit sous l'eau !
Outre les 400 chambres, l'hôtel comprendrait tout ce qu'on trouve dans un hôtel de cette catégorie : des enseignes "VIP", des salons pour les symposiums, des espaces de bien-être et de sport, plusieurs restaurants dirigés par de grands chefs lyonnais. Et clou du projet, une boîte de nuit immergée dans le Rhône. C'est en tous cas le pari de Jean-Michel Daclin (PS), adjoint au rayonnement international de la ville de Lyon, pour qui ce gros porteur hôtelier très haut de gamme entre dans la "réflexion globale du plan de mandat, à savoir le projet de réappropritation du fleuve, l'aspect développement durable et l'image de Lyon dans le monde". Encore faut-il une volonté politique forte et audacieuse. A l'image de celle qui a permis la sortie de terre de la Cité internationale, des berges et, prochainement de la tour Oxygène ou du Confluent. Et François Gaillard, patron de l'Office de tourisme, de défendre que "cet hôtel, c'est exactement ce pourquoi on aime Lyon en ce moment !" Un avis que ne semble pas partager l'adjoint à l'urbanisme (Verts), Gilles Buna, pour qui ce projet est "complètement utopique", préférant "laisser l'enthousiasme aux autres". Comme a dit un jour Voltaire, "rien ne se fait sans un peu d'enthousiasme".
* La SEPL est une association fondée en 1866 qui réfléchit sur des questions économiques et sociales touchant Lyon et sa région. La SEPL compte 250 membres, tous milieux confondus.
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