Entre problèmes de listes électorales et doutes sur l'impartialité de certains présidents de bureau de vote, l'organisation des opérations de vote à Lyon et dans les bureaux de vote à l'étranger inquiète les candidats comme une ONG qui observe le déroulement de l'élection législative.
Depuis vendredi et jusqu'à dimanche 18 heures, les Tunisiens et les ressortissants qui vivent à l'étranger sont appelés à voter pour élire leurs députés. Trois ans la chute de Ben Ali et des premières élections, le scrutin provoque quelques tensions en Tunisie comme en France. À Lyon, les opérations électorales se déroulent dans un climat de suspicion. Et des candidats font remonter leurs craintes sur la réussite du scrutin comme de sa sincérité. "Des gens se sont inscrits par exemple sur un bureau de vote à Vienne mais nous avons découvert mercredi que celui n'existait pas et que les gens devraient aller voter à Bourgoin-Jallieu. En Suisse, la liste des inscrits de Genève a été intervertie avec celle de Lausanne. On a l'impression que tout est fait pour que peu de gens viennent voter. J'ai une cousine qui s'était inscrite au bureau de vote de Lyon et à qui il a été répondu qu'elle devait voter en Tunisie", raconte une candidate à l'élection législative.
10% du corps électoral
Les Tunisiens de l'étranger représentent 10% du corps électoral et pourraient s'avérer dans un scrutin serré entre les islamistes d’Ennahda et les modernistes de Nida Tounes. L'ATIDE (association tunisienne pour l'intégrité et la démocratie des élections) a publié sur son site internet un communiqué évoquant "un début inquiétant" des opérations électorales. "L’ATIDE ne cesse de recevoir des réclamations relatives au refus d’accès au vote de citoyens tunisiens alors qu’ils sont inscrits volontairement depuis 2011", s'inquiète l'ONG qui dénonce "une importante défaillance au niveau du registre des électeurs est à l’origine de ce problème qui ne cesse de s’amplifier d’heure en heure, et ce dans la quasi-totalité des bureaux de vote à l’étranger".
Des doutes sur la sincérité des présidents de bureau de vote
Au-delà du problème des listes électorales, un représentant du parti centriste Alliance Démocratique nous livre ses doutes quant à la sincérité du scrutin : "à Vénissieux, le bureau de vote est tenu par un proche d'Ennahda alors que l'organe chargé d'organiser l'élection l'interdit normalement. Surtout ce sont les présidents de bureau de vote qui vont être chargés d'acheminer les urnes vers le consulat pour un deuxième comptage. Que feront-ils tout seuls dans leur voiture ? Nous demandons que le transport des bulletins soit effectué par une société de transport externe". Un pic de tension pourrait être atteint dimanche à 18 heures après la clôture des bureaux de vote. Les représentants de l'Alliance Démocratique n'excluent pas la possibilité de venir accompagner d'un huissier pour superviser le dépouillement.