Révélations. Beaucoup savaient depuis des années que l’un des maîtres-nageurs de la piscine de La Mulatière avait ses “planques” pour regarder sans être vu les petits garçons se changer. Il n’a pourtant jamais été empêché d’exercer et continue à donner des cours particuliers. Article paru dans le magazine Lyon Capitale daté de juin 2016.
Il a ses petites manies. Toujours les mêmes. Depuis des années, un maître-nageur de la piscine de La Mulatière a pris pour habitude de regarder, à travers les joints d’une porte, les jeunes garçons se changer dans les vestiaires. Un voyeurisme qui a fait l’objet de nombreux rapports, sept au total, par Philippe Melon, le directeur général des services de la mairie de La Mulatière, sans que cela change vraiment grand-chose puisqu’il a pu continuer son manège. En toute tranquillité. Jusqu’à la publication en mars dernier, sur une page Facebook, d’une photo du mis en cause avec ce message : “Seuls ceux de La Mulatière le connaissent il passe toujours entre les mailles de la justice”. Elle a déclenché de nombreux messages, postés par des jeunes de la commune. Mais eux font plutôt état d’attouchements perpétrés par exemple lors de la mise en place de baudriers en cours d’escalade. Extraits : “Il en a fait des attouchements lui”, “Moi j’ai esquivé et toi ? il aimait les jeunes du bocage”, “Tu te souviens de ce sadique”, “Prof de sport en primaire et maître-nageur attouchements sur enfants affaires étouffées par la mairie du coup travaille toujours à La Mulatière”. À notre connaissance, aucune plainte n’a en revanche jamais été déposée.
La mairie de La Mulatière, mise au courant, dit avoir mené diverses investigations. “Il s’agit de rumeurs orales, déclare Guy Barret (Les Républicains et apparentés), le maire de la commune. Il y a deux personnes qui prétendaient des choses et elles sont venues m’en parler, mais elles ne voulaient pas témoigner par écrit. Je leur ai dit que, s’ils savaient quelque chose, eh bien il fallait le dire.” Néanmoins, surtout après la publication sur Facebook, la mairie décide d’agir et d’alerter la justice. “J’ai d’abord fait une enquête interne auprès des parents d’élèves, de la directrice de l’école, il n’y a aucune remontée, personne n’était au courant de rien.” Selon nos sources, ce n’est pas le cas. La police a recueilli, mi-mai, des témoignages précis et poursuit son enquête.
D’après le maire, c’est l’évocation d’“attouchements” qui l’a fait réagir, car jusqu’à présent il n’avait eu écho que de voyeurisme : “Donc, on n’était pas du tout sur le même registre. Je suis donc allé faire un procès-verbal de renseignement au commissariat, qui a déclenché une enquête préliminaire. Les deux personnes qui étaient venues me voir ont été convoquées, mais elles n’ont pas voulu témoigner. Elles n’avaient rien à dire.” L’enquête est donc restée au même stade, le maître-nageur n’a jamais été inquiété et a pu poursuivre ses agissements, c’est-à-dire observer les enfants nus dans les vestiaires. Une situation devenue pesante à La Mulatière. “On ne peut pas dire que je n’ai rien fait, il n’y a pas d’omerta, se défend Guy Barret. Ce sont des gens qui disent des choses mais, quand on leur dit de témoigner de manière officielle, il n’y a plus personne.”
Interrogé à deux reprises, Thierry Perez, chef de bassin à la piscine de La Mulatière, a refusé de répondre à nos questions : “Je n’ai rien à dire, je n’ai travaillé qu’un mois avec lui.” Sauf que lors de notre venue à la piscine, fin avril, le maître-nageur voyeur était bel et bien là avec Thierry Perez à donner des cours à de jeunes enfants. Le maire, qui dit se placer dans le cadre de la loi, révèle tout de même avoir pris une mesure en janvier dernier : “On l’a mis en binôme. Ce n’était pas une défiance vis-à-vis de lui, mais comme ça on évitait de nouvelles rumeurs. Et si elles perduraient, elles n’étaient plus fondées puisqu’il n’était jamais seul avec les enfants.” Fin mai, nous avons pu constater qu’il continuait à donner des cours particuliers à des enfants de 6-7 ans.
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Depuis nos révélations en juin dernier, les élus de l'opposition ont réagi sur notre site Internet. Quant aux parents qui ont été nombreux à nous faire parvenir des messages d'indignation, ils n'ont jamais eu d'explications de la part de la mairie. Affaire à suivre...