"Nos quartiers ont des talents" se déploie sur le Rhône, dans le but de rapprocher de jeunes qualifiés avec des entreprises. L'expérience parisienne est un succès.
Les statistiques sont cruelles : les jeunes diplomés issus de quartiers défavorisés ont cinq fois moins de chance que les autres de trouver un emploi. Il n'est pas ici question d'ados ayant très tôt fait l'école buissonnière, mais de jeunes parfaitement qualifiés qui se heurtent au mur de la discrimination ou, tout au moins, d'une forme d'inégalité, faute de réseau. Plusieurs associations font en sorte que les choses évoluent. C'est le cas de "Nos quartiers ont des talents" qui s'occupe des jeunes des quartiers défavorisés de moins de trente ans qui ont un niveau d'étude compris entre bac+4 et bac+8. Cette association a été créée en 2006, mais une expérimentation a été réalisée en 2005 avec le MEDEF 93 et son président Yazid Chir.
Pour l'égalité des chances, contre les passes-droits
Celui-ci a constaté que plusieurs grandes entreprises comme Danone délocalisaient dans les quartiers sensibles du 93, mais ne recrutaient pas des locaux. C'est pourquoi Yazid Chir a contacté le Pôle emploi, leur demandant de mobiliser 200 CV de jeunes de ces quartiers qu'il a mis en relation avec quatre entreprises du CAC 40. 60% de ce "panel" a été recruté en six mois, alors que la moyenne est d'environ un an.
Comme l'expérience a fonctionné, "Nos quartiers ont des talents" s'est étendue en dehors de l'Ile-de-France, en Midi-Pyrénées ainsi qu'en Rhône-Alpes où elle est dirigée par Sonia Bouzerda. "Nous sommes une passerelle entre ces jeunes diplômés et les entreprises, résume-t-elle. Nous militons pour l'égalité des chances, le mérite et non les passe-droits". C'est la première association qui s'est occupée de jeunes issus de quartiers défavorisés avec un haut niveau d'étude : beaucoup d'autres se consacrent déjà à aider les jeunes moins qualifiés voire sans qualification.
Déjà 100 parrains dans le Rhône
En région Parisienne, l'association est partenaire de 500 entreprises, dont Disneyland, Coca-Cola, Danone, la Société Générale ou L'Oréal. Ces groupes ont mobilisés 1500 parrains et marraines. Ils aident ces jeunes à gagner en confiance, à être familiers des codes de bienséance en entreprise, comme l'entretien d'embauche ou le CV. Une formation d'anglais de trois mois est souvent donnée. 4500 jeunes sont actuellement suivis et 2600 ont déjà trouvé un emploi. A Paris, environ 35% de ces jeunes se sont même passés du Pôle emploi. C'est le cas de Sarah, sortie de l'INSEEC Paris, qui est aujourd'hui chef de produits chez Orange. Dans le Rhône, 200 jeunes sont suivis et 100 parrains sont mobilisés.
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