D'un montant de 10 000 euros, cette bourse récompense pour la deuxième année consécutive " l'excellence et le talent de femmes scientifiques reconnues " (selon la formule du communiqué de presse). Cette somme doit permettre à cette chercheuse de 29 ans de développer et de faire connaître ses recherches en matière de béton écologique.
Depuis trois ans, en effet, Laetitia Fontaine travaille à améliorer le " béton terre " traditionnellement utilisé notamment dans certains pays d'Afrique et dans nos campagnes (le principe du pisé). Jusqu'à nos jours, le " béton terre ", fait avec ce liant qu'est généralement l'argile, nécessite beaucoup de temps pour sa mise en œuvre. Du coup, il ne peut rivaliser en terme de rentabilité avec le ciment artificiel, dit " Portland ".
" Avec le béton Portland, explique Laetitia Fontaine, on ajoute des polymères pour disperser les grains de ciment, ce qui permet d'avoir des matériaux beaucoup plus fluides lors de la mise en œuvre. On peut ainsi couler des dalles et augmenter la productivité. Ces innovations technologiques majeures n'existent pas dans les techniques de construction en terre. D'où les problèmes de fissurations et de séchage. Les recherches actuelles, basées sur l'ajout de molécules organiques, devraient aboutir aux mêmes mécanismes de dispersion qui permettent de couler la terre à l'état liquide sans avoir de fissuration au séchage ".
Béton-terre
Elle précise ses pistes de recherche : " On utiliserait les mêmes mécanismes physico-chimiques que le béton artificiel mais avec des molécules naturelles. Dans tous les pays du monde où on construit en terre, on a des recettes pour " stabiliser " le matériau et ainsi améliorer ses propriétés ou sa mise en œuvre. L'idée est d'essayer d'y voir clair parmi toutes ces recettes traditionnelles pour savoir quelles sont les molécules les plus efficaces et pouvoir les utiliser les extraits de plantes ou de produits ".
La chercheuse n'en dira pas plus. Mais elle se montre plutôt optimiste quant à ses chances d'aboutir.
A terme, on pourrait donc construire des immeubles d'une dizaine d'étage en terre, à la vitesse des immeubles de béton classiques et avec la même solidité. Une petite révolution dans le monde du bâtiment. Pour l'habitant final, cela représente un bénéfice certain : la terre, matériau naturel, a une meilleure inertie thermique et régule mieux l'humidité que le béton artificiel.
Les premiers essais sur chantier doivent commencer dans les prochaines semaines.