Selon les premières estimations, le montant des dégâts s'élèverait à plus de deux cent mille euros. Reportage sur place.
Ce mardi soir, environ deux cent personnes s'amassent devant la cité scolaire de Louis Pasteur, à Grigny. On pourrait croire que c'est une ambiance de rentrée des classes. Mais lorsque l'on s'approche de la petite foule, l'air ambiant est chargé d'électricité. " C'est la première fois qu'un acte de délinquance prend une telle ampleur à Grigny ", s'indigne le maire de la commune, René Balme. La plupart des personnes présentes sont des Grignois qui sont venus voir l'ampleur des dégâts dans l'école Louis Pasteur, tout simplement saccagée.
Les mines des gens sont sombres et inquiètes. Les bras sont croisés pour certains dans l'attente de réponses, chacun a du mal à croire que leur école primaire ait pu être victime d'un tel vandalisme. René Balme prend le micro et prévient : " je ne sais pas quels mots employer pour décrire l'état des locaux après le passage dévastateur d'une bande d'à peu près huit jeunes ", avant de poursuivre : " ce n'est plus de la petite délinquance, là ils se sont attaqués à une institution de la république, l'école. C'est tout bonnement stupide, de la bêtise à l'état pur ". Après cette brève introduction, il ouvre les portes de l'établissement scolaire. Le rideau tombe révélant les premiers dégâts. Katia, dont le fils est scolarisé à l'école, n'en revient pas. Ses premiers mots vont au maire : " c'est pire que ce que j'imaginais, effroyable ". Sur le sol se baladent, au hasard des coups de sang des auteurs, on trouve les débris des vitres qu'ils ont littéralement fracassées. En tout, soixante dix sept carreaux ont été brisés. Un dommage sans précédant pour la ville. A partir du bureau du directeur de l'école, un ras de marée semble s'être abattu sur l'établissement, remis à neuf il y de ça quatre ans. En pénétrant un peu plus loin, dans la cour intérieure, une poudre verte recouvre le sol : tous les extincteurs ont été vidés. Sur les murs trônent, en guise d'apothéose d'une œuvre ratée, des tags insultant les forces de l'ordre, la société...
Au final rien ne semble avoir été épargné. Le clou du spectacle émerge dans les sous-sols de l'école, là où une salle dédiée aux arts plastiques et à la musique avait été construite il y a moins d'un an : des flaques d'urine jonchent le sol, les néons et le plafond pendouillent. " Un paysage de guerre " commente une habitante de Grigny. " Cela ressemble à l'apocalypse ", avance fébrilement un autre.
Grosse facture
Alertée par des voisins, qui ont vu s'échapper de l'école la fumée verdoyante des extincteurs, dans le courant de l'après-midi, la police a interpellé " trois adolescents de quatorze à seize ans ", assure le maire. " Mais au vu des dégâts il semblerait qu'ils aient été une petite dizaine. Ce qui est certain, c'est que les sept écrans et ordinateurs dérobés ont tous été retrouvés. On a même remis la main sur le carnet de chèque de l'école, qu'ils avaient piqués, dans une poubelle près du Garon, une rivière à deux pas de l'école ", continue-t-il. Pour cet acte de vandalisme, la mairie a porté plainte et assure avoir demandé des sanctions exemplaires par l'intermédiaire de son avocat. En attendant le jugement, c'est toute l'enceinte de l'école qu'il faut remettre à neuf avant la rentrée. " Nous espérons pouvoir rouvrir les portes de l'école pour la rentrée des classes de septembre. Si tout va bien nous devrons y arriver, mais nous allons quand même demander en guise de précaution son report de un à deux jours ", commente Laurent Servonnet, le directeur de l'école, quelque peu dépité. Concernant les dégâts, la facture dépasserait les deux cents mille euros. Grigny est une commune d'un peu plus de dix mille habitants, à forte mixité sociale, avec un quartier dit difficile, le Vallon. Mais jusqu'à présent, à part des actes de délinquance contre les abris bus, jamais un tel déchainement de violence n'avait été perpétré contre des locaux publics. Pour le maire le saccage de l'école s'apparente à une douche froide : " La mairie a pas mal œuvré pour développer les quartiers difficiles de Grigny. Des travaux ont été réalisés, des activités diverses et variées sont proposées à tous les gamins de la commune pendant l'été. Non vraiment, ce que ces jeunes ont fait est inexcusable ", estime le maire.
Florian Fayolle
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