Depuis trois ans et l'arrivée du robot Perseverance sur la planète Mars, une équipe de chercheurs lyonnais travaille sur ce projet piloté par la NASA avec l'Agence Spatiale Française et le CNRS. Avec pour objectif la découverte de la vie sur Mars.
Le 18 février dernier, c'est un anniversaire un peu particulier qui a été célébré par Erwin Dehouck et Cathy Quantin-Nataf. Ces deux chercheurs lyonnais, membres du laboratoire de géologie de Lyon, ont fêté le troisième anniversaire du rover Perseverance sur la planète Mars. Depuis trois ans, ce petit robot de 3 mètres de long et de 2,7 mètres de large sillonne la planète rouge avec pour objectif, la découverte d'une trace de vie sur Mars.
"On a du mal à imaginer que ça fait déjà trois ans que Perseverance est sur place" débute Cathy Quantin-Nataf. "En trois ans on a fait énormément de choses et les avancées scientifiques sont déjà remarquables". Si grâce aux sept instruments scientifiques embarqués par le rover la présence d'eau sur Mars n'est plus à démontrer, aucune trace de vie n'a pour l'heure été découverte. "On ne perd pas espoir" explique tout de même la scientifique, également professeure à l'université Lyon 1. "Les roches collectées par Perseverance pourraient nous permettre de répondre à cette question que tout le monde se pose", poursuit-elle. "Mais, même dans les laboratoires terrestres on aurait du mal à résoudre ce mystère, alors sur place, c'est compliqué".
Etudier Mars ou comment remonter le temps
En attendant de répondre à cette question, la planète rouge, quasiment deux fois plus petite que la Terre, permet de remonter le temps. "Sur Terre, la tectonique des plaques fait qu'on a plus aucune trace de comment était notre planète à son commencement, il y a plusieurs milliards d'années", complète Cathy Quantin-Nataf. "Sur Mars, il n'y a pas de tectonique des plaques. On a donc des roches qui datent de plusieurs milliards d'années et qui n'ont quasiment pas bougé. Cette mission, c'est une fenêtre sur nos origines". Des roches qui pourraient ainsi permettre de comprendre comment la vie a pu se développer sur Terre.
Depuis le 18 février 2021, le robot piloté par la NASA, 5e rover à toucher le sol martien depuis 1997, a déjà parcouru près de 25 kilomètres à la surface de Mars. 26 échantillons de roches martiennes ont ainsi été récoltés. Ces échantillons, stockés pour certains à l'intérieur du robot, déposés pour d'autres sur la surface de Mars, pourraient être ramenés sur Terre par un autre robot, qui d'ici quelques années viendra les récupérer. "Ces échantillons sont hyper précieux, car ils sont très diversifiés", avoue Cathy Quantin-Nataf. "Certains pourraient avoir stocké des traces de vies", espère-t-elle.
"SuperCam c'est la fierté de notre équipe française"
Ces échantillons ont été sélectionnés en grande partie grâce à l'instrument SuperCam. Présenté comme les yeux du rover, l'instrument dont la France est responsable, a déjà envoyé sur Terre plus de 6 000 données ces trois dernières années. "Aujourd'hui SuperCam ne montre aucun signe de fatigue", rassure la Lyonnaise, qui espère bien que l'outil poursuive pour de nombreuses années son travail à plus de 225 millions de kilomètres de la Terre. "SuperCam c'est la fierté de notre équipe française, car c'est de loin l'instrument le plus utilisé sur le rover depuis son arrivée sur Mars", se félicite Cathy Quantin-Nataf. L'instrument, qui possède cinq techniques d'analyse des roches dont un laser et un appareil photo haute résolution, envoie chaque jour sur Terre des données, récupérées par l'équipe de scientifiques à Lyon.
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"Concrètement, ce qui nous prend le plus de temps chaque jour, c'est la partie opérationnelle, c'est-à-dire choisir et décider ce qu'on va demander au robot de faire le lendemain", détaille Cathy Quantin-Nataf. "Mais en plus de ce rôle-là, qu'on exécute en collaboration avec toute l'équipe en charge du bon fonctionnement du robot, basée en grande partie en Californie, il faut aussi analyser les données qu'on reçoit".
Des conditions favorables à l'émergence de la vie sur Mars
Si après plus de trois ans de découverte, la Lyonnaise admet "connaître l'instrument sur le bout des doigts", elle espère en découvrir encore plus sur la planète rouge. "Pour l'instant ce qu'on peut dire c'est qu'on a confirmé notre hypothèse de base qui était de dire qu'il y avait eu de l'eau sur le site d'atterrissage, le cratère Jezero. On l'espérait, c'est pour ça qu'on avait choisi ce site, mais désormais on en a la certitude. Il y avait beaucoup d'eau et des conditions favorables à l'émergence de la vie. Mais il faut qu'on arrive à savoir combien de temps ces conditions ont été présentes sur la planète. Car pour que la vie prenne forme, il faut des conditions assez pérennes."
"Découvrir une trace de vie sur Mars aurait une très grande implication sur la connaissance de nos origines", estime la scientifique lyonnaise. "Malgré des années d'études, on a jamais bien compris pourquoi la Terre était unique. C'est une question très complexe, limite philosophique. En trouvant de la vie sur Mars, une planète assez rapprochée de la Terre à l'échelle de l'univers, on pourrait en conclure que la vie est finalement quelque chose d'assez courant", conclut-elle.
Un "nouvel espoir"
Dans les six prochains mois, Perseverance devrait quitter le cratère Jezero, lieu de son exploration depuis son arrivée sur la planète rouge. "Le but, c'est d'aller analyser les roches plus anciennes qui sont sur le côté du cratère d'impact. Fin 2024 on devrait débuter l'exploration de ces remparts." Des roches encore plus vieilles que celles étudiées jusqu'à présent, et "un nouvel espoir" pour enfin tenter de percer le mystère de la vie extra-terrestre.